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Michel Drucker - De la lumière à l'oubli

Whooz : Michel Drucker
ON : De la lumière à l'oubli (Ed. Robert Laffont)

Les sentiers escarpés de la gloire

Michel Drucker est une des figures emblématiques du paysage audiovisuel français depuis cinquante ans. C’est le moindre que l’on puisse dire.

Le Furet du Nord de Lille a accueilli ce dernier* pour une conversation entre ami autour de « De la lumière à l'oubli » son dernier livre. « De la lumière à l’oubli » est le troisième ouvrage nostalgique écrit par Michel Drucker après « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ? » (2007) et « Rappelle-moi » (2010). Tous trois édités chez Robert Laffont.

Lors de ce rendez-vous avec ses admirateurs nordistes, Michel Drucker évoquera sa femme, l’actrice Dany Saval (« De la lumière à l’oubli » lui est d’ailleurs dédié), sa famille, et notamment son père Abraham Drucker médecin de campagne dans le département du Calvados interné au camp de Drancy. Il évoquera également ses amis (Jean-Paul Belmondo en tête) et les prochains invités de « Vivement Dimanche », et notamment le rendez-vous qu’il fixe a ses spectateurs avec Georges Clooney.

Quid « De la lumière à l’oubli » ? L’ouvrage est dédié « à tous ceux qui ont cru que ça durerait toujours ». La première personnalité évoquée par Michel Drucker est celle de Léon Zitrone, son « mentor » qu’il a vu évincé à la suite des événements de mai 68. Zitrone est revenu par la suite « en subalterne » … Michel Drucker écrira, en conclusion de son premier chapitre : « En 1965, un géant de l’ORTF a posé le regard sur moi et m’a pris pour assistant. Son talent et sa bienveillance ont changé ma vie. Il m’a transmis beaucoup, malgré lui parfois […] cet empereur de la télévision m’a fait toucher du doigt le miroir aux alouettes et, dans son sillage, j’ai compris le danger d’y croire ».

Michel Drucker lève ainsi le voile sur les sentiers escarpés de la gloire, lui qui connaît si bien ceux qui la côtoient et, parfois, s'y brûlent les ailes. Des idoles des sixties à la tournée « Âge tendre et têtes de bois », de Jacques Martin à Pascal Sevran, de Belmondo à Renaud, de Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal et tant d'autres. Avec « De la lumière à l’oubli » Michel Drucker entraîne ses lecteurs dans les coulisses, là où les feux des projecteurs ne brillent plus tout à fait de la même façon, là où certaines stars ne sont pas conformes à l’image qu’elles veulent renvoyer auprès de leur public.

Est-ce l’âge qui lui donne cette liberté de ton ? « De la lumière à l’oubli » voit le « gendre idéal » épingler Dick Rivers, Pierre Benichou, Gilbert Bécaud, Yves Montand ou le commandant Cousteau. Qui a dit que Michel Drucker était un éternel « gentil » ? (avec la connotation péjorative que cela induit !) – « J’ai voulu dire que dans monstres sacrés, il y a monstres » justifie t’il. Il faut le croire.

« Très vite, j’ai été et je n’ai pas été une star » (Michel Drucker n’oublie pas qu’il a lui aussi été évincé en 1968, il est revenu à la télévision après une année de traversée du désert). « Nous, les animateurs télé, ne sommes que le Canada Dry de la gloire. Nous en avons les signes extérieurs » écrit Michel Drucker avec lucidité.

Retraite. Elle viendra par le bon vouloir des spectateurs. Dans son métier Michel Drucker n’aime que la durée, voilà l’un des secrets de ce travailleur acharné qui veut vivre pleinement son troisième acte. « Le troisième acte » étant une expression utilisée par Jane Fonda pour désigner ce qu’elle vivait à l’âge de 74 ans …

Scoop. Le prochain ouvrage de Michel Drucker s’appellera « Dans le regard des autres » (une suite logique de « De la lumière à l'oubli » ?)

* le 22 février 2014