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Le temps des aveux, un film de Régis Wargnier

Whooz : Le temps des aveux, un film de Régis Wargnier
ON : Au Cinéma le 17 décembre 2014

L’ethnologue et le bourreau

L’ombre d’ « Indochine » - avant-propos. Avec « Le temps des aveux », Régis Wargnier, son réalisateur, revient en Asie du Sud-Est 22 ans après y avoir tourné « Indochine » (oscarisé du meilleur film étranger en 1993). « Le temps des aveux » n’est pas le pendant d’ « Indochine ». Régis Wargnier figurait « Indochine » des années 30 aux années 70, « Le temps des aveux » à lui pour base le Cambodge de 1971, année de la guerre civile prélude à la prise du pouvoir des Khmers rouges et à la terreur qu’ils firent régner de 1975 à 1979. « Indochine » se caractérisait par son romanesque et ses envolées lyriques, « Le temps des aveux », même s’il utilise les ressorts de la fiction, se concentrera sur les rapports complexes entre deux hommes, l’un étant le prisonnier (François Bizot, ethnologue) de l’autre, cet autre étant Kang Kek Ieu, dit Duch, le futur directeur du centre de détention, de torture et d’exécution S-21 (le camp dont personne ne sorti vivant et qui compta 13 000 victimes). François Bizot, par deux fois, aura la vie sauve grâce à Duch, pourquoi ? La question restera en suspens.

Bande annonce - Bandes Annonce Cinéma

Adaptation. « Le temps des aveux » est l’adaptation du « Portail » livre dans lequel François Bizot relate sa période de captivité et ses relations avec Duch. Deux hommes qui, sur une vingtaine d’années, se seront côtoyés, quatre mois lors de l’emprisonnement de François Bizot dans la forêt angkorienne, quatre jours à l’ambassade de France à Phnom Penh assiégée par les Khmers rouges en 1975 et quatre heures à la chambre extraordinaire des tribunaux cambodgiens dans les années 90. Duch ayant demandé à « son ami Français » d’être témoin à décharge lors de son procès. Les liens tissés par ces deux hommes ne seront pas ceux que l’on croit.

La grande force de ce « temps des aveux » est la sobriété de son traitement. Le film, tourné dans sa continuité, ne compte aucune musique et n’humanise pas les bourreaux (Pol Pot apparaitra lors du jugement qui libérera François Bizot, et fera preuve d’un humour très noir destiné à juger l’ethnologue). Chaque personnage apparaitra dans ses contradictions au cœur d’un film qui, sobre, n’oublie pas de créer du suspens. La confrontation finale entre Bizot et le Duch révélera leurs liens, une sorte de syndrome de Stockholm à l’envers pour Duch et l’incarnation d’une conscience de la part de l’ethnologue Français. Ce dernier ne témoignera pas au procès de son ancien bourreau.

Casting. Raphaël Personnaz quitte ici ses rôles de beaux gosses pour camper celui de François Bizot, face à lui, Kompheak Phœung incarne Duch avec justesse. Hasard du casting, Kompheak Phœung, acteur de théâtre, était le traducteur du Duch à la Cour pénale internationale qui l’a condamnée à la prison à perpétuité pour meurtre, torture, viol et crimes contre l'humanité en 2012.

« Le temps des aveux » est un film à découvrir pour la confrontation entre ses deux personnages principaux (notez également la parfaite composition d’Olivier Gourmet dans le rôle du consul de France à Phnom Penh). Le dernier film de Régis Wargnier a un souci de réalisme qu’il faut souligner, il contribue à la Mémoire des exactions Khmères rouges, qui de 1975 à 1979 ont été à l’origine de la disparition d’un quart de la population Cambodgienne.