Une belle fin, un film d’Uberto Pasolini

 Une belle fin, un film d’Uberto Pasolini

Whooz : « Une belle fin », un film d’Uberto Pasolini
ON : Au cinéma le 15 avril 2015

Hymne à la vie

Argument. Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu'au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.

Qui est John May ? Quel âge a-t-il ? Pourquoi est-il impliqué dans son métier ? Eddie Marsan (figure du cinéma britannique dont celle de l’inoubliable moniteur d'auto-école de « Be Happy » (Mike Leigh - 2008)) campe ce John May, un personnage solitaire comme ces personnes décédées dont il a la charge de retrouver les proches. Agé de quarante-quatre ans, il a passé la moitié de sa vie avec les morts, vivant sa vie par procuration. John May est un personnage à la « vie immobile » comme la traduction de « Still life » le titre original d’ « Une belle fin » peut l’indiquer, « Still life » pouvant également être compris comme « restant en vie », à l’image du souvenir des personnes décédées que Mr May s’évertue à conserver. Cette dernière interprétation est à privilégier, « Une belle fin » est un hymne à la vie.

Quelles traces laisserions nous si nous décédions seuls ? Mr May dresse des déductions sur les vies qu’il croise, enjolive celles-ci pour recommander les âmes à Dieu a l’occasion des éloges funèbres qu’il rédige. Au final, que restera-t-il de nos vies : des moments de bonheur et de générosité même si l’on meurt abandonné de tous. « Une belle fin » est un film sur le temps qui passe, ses meurtrissures, sur les chemins qui se séparent, pour ne jamais se rejoindre. John May aura ainsi à enquêter sur le parcours d’un certain Billy Stroke, l’un de ses voisins dont il n’avait jamais entendu parler. Billy Stroke, un homme avec toutes ses contradictions, le dernier cas que Mr May aura à traiter avant d’être remercié par l’administration qui l’emploie. La vie est ainsi faite, la mort n’intéresse pas les vivants qui ont le souci de la rentabilité. 

La dernière enquête de Mr May le conduira à la rencontre des proches de Billy Stroke d’une manière désordonnée pour reconstruire un puzzle qui le mènera à la fille de celui-ci. Un voyage plus initiatique qu’il n’y parait pour le solitaire. Son état intérieur changera, la tonalité de l’image choisie par Umberto Pasolini composée de ton froids en début de film sera de plus en plus colorée au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête de son héros. John May va se révéler aux contacts des vivants.

Avec cette histoire, Uberto Pasolini, producteur à succès de « The full Monty » et réalisateur de « Sri Lanka National Handball Team », expose un thème qui lui est personnel : la solitude face à la mort. Un thème universel. Mr May c’est Uberto Pasolini, dans son asociabilité, dans sa méticulosité également. Mr May c’est surtout Eddie Marsan tout en intériorité, une bouille sans âge, un regard plein d’humanité, une présence prégnante. Derrière les apparences ce petit employé est loin d’être morne, peut-être un peu trop psychorigide. John May à une mission, il y répond, tenant à clore son dernier dossier. La fin de sa morne vie et l’amour seront d’ailleurs au bout de sa dernière mission. John May était ouvert sur la mort, il sera désormais ouvert sur les vivants. Ce qui rendra le final émouvant.     

« Une belle fin » est un film qui parlera à chacun de ses spectateurs. John May est un personnage qui met en relief les incohérences d’une société soucieuse de rentabilité. On s’apercevra que Mr May a une vie de valeurs, et l’on observera avec plaisir son parcours initiatique qui le conduit des morts à s’ouvrir aux autres. « Une belle fin » (« Still life ») est un film universel. 

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27/04/2015
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