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666ème kilomètre de Michaël Moslonka

Whooz : Michaël Moslonka
ON : 666e Kilomètre (Ed. Fleur Sauvage)

Bidule maléfique

L’asphalte est une jungle, et l’enfer est au bout du chemin. Camus, héros de « 666e Kilomètre » le dernier ouvrage en date de Michaël Moslonka (Ed. Fleur Sauvage) va en faire l’expérience.

Cet article fait suite à notre entretien de pré-lecture avec Michaël Moslonka, l’auteur de « 666e Kilomètre »*.

Camus, casanier depuis une rupture amoureuse, fait route vers la Charente pour rejoindre un ami et passer quelques jours chez lui. Au hasard d’une halte dans un restoroute il tombe sur un voyageur sollicitant l’assemblée de l’aider à avancer son chemin. Refus généralisé. L’autostoppeur maudit l’assemblée, et l’enfer va s’abattre sur l’autoroute. Nous sommes au 661ème kilomètre.

Suite à cet incident les kilomètres vont s’enchainer, et les massacres aller crescendo. Camus les vivra, brave gars, aidant son prochain, et en sortira changé – forcément. « 666ème kilomètre » est un huis-clos à ciel ouvert, un road movie qui amène le lecteur au-delà du réel » aime à dire Michaël Moslonka. Cet « au-delà du réel » se matérialisera par l’emprise des « bidules », des machines si vous préférez, et en particulier d’un véhicule noir, une BMW … maléfique. Toute ressemblance avec « Christine » de Stephen King serait … pure hommage au maitre, et judicieuse.

« 666ème kilomètre » est volontiers cinématographique, son autoroute est française, mais ne déparerait pas au Texas. « Duel » de Steven Spielberg est cité en référence pour évoquer les premières craintes de Camus, rapidement son histoire sera Lynchéenne mâtinée de slasher (qui sera le dernier survivant ?) et de rencontres improbables. Longtemps on croira à un cauchemar éveillé, cherchant du rationnel à tout prix, suivant les pensées de Camus entre « Mister Cynisme » et « Miss Morale », ses petites voix intérieures. Mais « la vérité est tailleur » !

« 666ème kilomètre » est jouissif, son style est fluide, ses descriptions claires avec un sens du détail percutant et son action est rondement menée avec des ruptures de ton, et un reboot. Michaël Moslonka au-delà de nous présenter une histoire singulière décris et parle de notre société consumériste, celle qui a peur de l’autre. Camus, héros neutre, comme Meusault, le héros de « L’étranger » d’Albert Camus, est le reflet de cette société. Chaque personnage de « 666ème kilomètre » a son histoire, ce qui sera particulièrement essentiel dans la dernière partie de l’ouvrage. L’autoroute est comme un anneau de Moebius coupé, hors du temps, le temps des événements. Car la fin surviendra au kilomètre 666, à moins qu’il ne s’agisse d’un nouveau départ …

« 666ème kilomètre » va changer votre vision de l’autoroute. « 666 », un livre à lire de toute urgence, tout comme le sont les ouvrages parus chez « Fleur Sauvage », jeune maison d’édition qui sait jouer l’originalité et dénicher des auteurs de talent.

Pour aller plus loin dans la lecture du livre, Michaël Moslonka a soumis une bande originale de son ouvrage sur Youtube : https://www.youtube.com/watch . Une B.O. « qui a du chien », c’est le moindre que l’on puisse dire. Composée de Noir Désir ou encore d’Amy Winehouse (pour ne citer qu’eux), cette playlist est un parfait complément des aventures de Camus.