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Rencontre avec Sandrine Lecleire autour des Heures sombres

Whooz : Sandrine Lecleire
ON : « Les heures sombres », Pôle Nord édition

Les heures sombres, quand
la petite histoire rencontre
la grande Histoire

Rencontre avec Sandrine Lecleire autour des « Heures sombres »

Sandrine Lecleire est une auteure attachée à ses racines nordistes. Ses premiers écrits publiés mettent en avant cette Région où se mêlent tragédie et humanisme. (« Les heures sombres », Pôle Nord édition, 2015) est son second roman publié. Rencontre.

Question traditionnelle, qui êtes-vous, Sandrine Lecleire ?

Sandrine Lecleire : je suis née à Dunkerque, j’habite Lille. Ex enseignante en Français, j’ai toujours écrits sans oser me lancer. C’est par l’intermédiaire d’un concours de Nouvelles en 2009 que j’ai osé franchir le pas. Je suis l’auteure de « L’assassin du Canal », un livre de la Collection « Polars en Nord » des éditions Ravet-Anceau et des « Heures sombres », un livre sur la guerre 14/18 édité par Pôle Nord édition.

Pouvez-vous nous parler des « Heures sombres », votre second ouvrage ?

Ecrire sur la Région Nord me tient à cœur, « Les heures sombres » se déroulent dans le Nord sur le fond du premier conflit mondial. C’est un livre qui rentre dans la collection 14/18 développée par « Pôle Nord éditions ». Au départ je voulais écrire l’histoire de ma famille, celle-ci est inscrite dans la guerre 14/18. Je voulais plus particulièrement écrire l’histoire de mon grand-père, de sa naissance en juin 18 et des conditions particulières de sa naissance. C’est la partie histoire familiale de mon livre, la petite histoire dans l’histoire avec un grand « H ».

Mon grand-père a toujours eut le regret de ne pas faire d’études. C’est lui qui m’a encouragée à travailler. Mon livre est une manière de lui faire un clin d’œil.

« Le heures sombres » c’est l’histoire d’Angèle et de Zélie. Deux amies. Au départ je voulais écrire le retour de la guerre de Pierre, le frère d’Angèle. Un Pierre motivé par la guerre, anti-Jaurès au début de la guerre devenu pro-Jaurès à la fin. Je voulais parler de son chemin de pensée parcouru. Angèle était, elle, restée à Dunkerque. J’étais axée sur leur histoire. Mais Zélie est née, un personnage contraire à Angèle. Zélie est « tout feu tout flamme », en révolte contre le monde et ses paraîtres. Au cours de l’écriture Zélie a fini par prendre autant de place qu’Angèle dans l’histoire. Elle s’est créée sa propre vie. J’ai fini par écouter ce qu’elle avait à me dire pour écrire sa propre histoire. Zélie est la surprise de mon livre, en fait ! Zélie s’enfuit à Lille avant l’arrivée des allemands, et tombe dans une ville assiégée.

« Les heures sombres », un livre au cœur de l’Histoire

Lille a été une ville assiégée pendant 4 ans, d’octobre 14 à octobre 18. Les allemands ont envahi Lille et y ont tenu les commerces français. Cette situation a durée quatre ans, avec diverses exactions. Dans ce fond Zélie rencontrera Louise de Bettignies, une petite femme frêle qui paraissait moins que son âge Préceptrice chez des Princes Prusses, elle s’est faites engagée comme infirmière et est devenue espionne pour la France et les anglais. Zélie prendra part dans le réseau de Louise de Bettignies, estimant que c’est son devoir. En 17, à la mort de Louise de Bettignies, Zélie continuera son travail d’espionne.

Quelle a été votre recherche de documentation ?

Nous bénéficions de « l’effet 14/18 ». Il existe des reportages anglais très bien faits, que j’ai complétés avec des recherches en livres. J’ai fait une recherche historique avec une recherche par années, par thèmes et par personnages. J’ai travaillé également « les cartes mentales » pour visionner les scènes et les rapports entre les personnages.

Suite à mon travail de recherche je suis passée entre décembre 2013 et janvier 2014 à mon travail de rédaction. Deux mois de travail sur une base solide. Zélie s’est construite toute seule. Pour Angèle il y avait l’histoire de ma famille derrière. Ecrire sur ma faille a été émouvant. En particulier faire parler mes arrières grands parents.

Quelle a été la réaction de votre famille ?

J’appréhendais leurs réactions, qu’allaient-ils penser ? La famille a apprécié mon travail. J’appréhendais leur réaction plus que le travail sur le style du livre ou l’histoire de Zélie. Je tenais à raconter l’histoire de la naissance de mon grand-père. Elle est véridique, je suis la petite-fille d’André. Ce sont les souvenirs qu’il me racontait quand j’étais enfant. Il est important de savoir d’où on vient pour pouvoir avancer dans la vie.

La collection « 14/18 » compte plus d’auteurs que d’écrivaines. Peux ton supposer que vous ayez un regard féminin sur le premier conflit mondial ?

La collection « 14/18 » est un autre regard sur le premier conflit mondial. « Les heures sombres » correspondait à la collection. Mon livre parle de la place des femmes pendant la guerre. Angèle gérera le quotidien, travaillera en usines textiles. Zélie travaillera également en usine, avant de devenir infirmière … « Les heures sombres » est un roman d’initiation. Les personnages de Zélie et d’Angèle finiront par se rejoindre dans leurs tempéraments qui, à l’origine, étaient opposés. Angèle et Zélie, c’est la femme de A à Z. A elles deux, elles forment un tout.

On parle beaucoup de 39/45, on oublie souvent 14/18 ! J’ai travaillé sur le bombardement de Cappelle-la-Grande. « Les heures sombres » investissent des moments moins sympas de l’histoire – pour éviter que ça recommence !

Quelle conclusion peut-on apporter à cet entretien autour de votre second roman ?

« Les heures sombres » est un roman d’initiation, c’est la grande Histoire dans la petite histoire. Ecrire ce texte fut très intéressant pour moi, il m’a permis de découvrir les personnages de Louise de Bettignies, Guynemer, l’histoire de Lille …

Quelles sont vos projets ?

Travailler sur un polar historique m’intéresserait. Ecrire la suite de mon roman policier également.

J’écrirai sans doute un préquel aux « Heures sombres » avec sans doute l’histoire des parents d’Angèle. Ecrire sur les enfants d’Angèle et de Zélie est également séduisant.