L'ombre de la nuit de Marco Pianelli

Whooz : Marco Pianelli
ON : L'ombre de la nuit – Jigal Polar, 2021

L'ombre de la nuit
de Marco Pianelli

Chronique de Bruno Delaroque

Par un froid et humide début de soirée, sur une route déserte de l'Ardèche, marche un homme seul, trempé par la pluie et marqué par les éléments. Il fait du stop. Qui est-il, où va-t-il, un vagabond à la dérive ou quelqu'un qui fuit, on ne sait ? Pourtant, malgré les risques, une voiture avec une femme seule à bord, s'arrête, telle une bonne âme charitable.

Ainsi commence « L'ombre de la nuit », le premier roman de Marco Pianelli, et je peux vous dire que j'ai pris un plaisir évident à dévorer ce livre. Je me demande comment fait la maison Jigal pour publier autant de premières œuvres aussi bonnes et récidiver très souvent en dénichant de nouveaux auteurs  !

Mystérieux et opaque comme une nuit sans lune le récit baigne immédiatement dans une atmosphère particulière. Paco, l'homme qui erre, Myriam la femme qui le ramasse, deux êtres qui se croisent et se rencontrent par le plus pur des hasards. Myriam est infirmière et son fils a disparu il y a cinq ans après une fête, par une nuit semblable à celle-ci. On ne l'a jamais retrouvé, on n'a aucune piste, et elle reste toujours percluse de chagrin et habitée par l'espoir.

Paco tel « Le voyageur », série télé avec Eric Cantona et maintenant Bruno Debrandt va reprendre l'enquête. Pourquoi, on ne sait pas. Par humanité, par un besoin viscéral d'apporter la vérité, on ne sait pas, pour d'autres raisons, on ne sait pas, mais il s'y colle et ne fait pas semblant.

En cinquante pages le scénario se met en place et le thème du justicier solitaire sorti de nulle part est parfaitement exploité. Rapide et précis, l'auteur maîtrise, appuie sur le champignon et passe à l'action. C'est une belle mécanique et on tourne les pages avec avidité. Paco étonne, détonne, levant très peu le voile sur lui et avançant très vite dans l'enquête.

Paco Sabian, c'est son nom, il ne faut pas le chercher, faut pas essayer de l'intimider, c'est lui qui mène la danse et tel un John Rambo ou un Hulk, lorsqu'il se met en colère, il dézingue, démonte, concasse, martyrise, réduit en bouillie et disperse façon « puzzle » dans l'unique but de remonter la piste.

Bras armé et furieux quand il le faut pour Paco, légalité douceur et malice pour Mathis, le jeune lieutenant qui après avoir vu Paco comme un délinquant, change d’avis après que ce dernier l'a obligé à ouvrir les yeux.

« L'ombre de la nuit » est un scénario huilé où les coups pleuvent et où le mal est partout présent. Combat du faible contre les puissants, scènes dignes d'un western filmé par Tarantino ou Léone, c'est un polar qui fait mouche en touchant à plein d'univers.

Chaque page qui se tourne apporte son lot de surprises. Les politiques sont comme d’habitude de véritables charognards, mais ça on le sait tous, ce n’est pas de la fake news et ce roman finalement semble raconter une histoire qui ne nous surprend même plus.

L’auteur a plus d’un tour dans son sac et maintient un suspense de tout premier ordre grâce à des chapitres courts et un sens du rythme approprié, le charisme de l’intrigant Paco faisant le reste.

Marco Pianelli signe une œuvre remarquable au scénario ciselé, au visuel cinématographique, et aborde des thèmes indémodables. J’espère vivement retrouver bientôt ce héros taiseux ayant plus d’un tour dans son sac car il y a tout ce qu’il faut pour faire une belle série. Bravo, j’ai adoré !


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