Rencontre d’Emmanuel Prost autour des Enfants de Gayant

Rencontre d’Emmanuel Prost autour des Enfants de Gayant

Whooz : Emmanuel Prost
ON : Les enfants de Gayant (2015 - Éditions De Borée)

Rencontre d’Emmanuel Prost autour des « Enfants de Gayant », son second ouvrage.

Monsieur Emmanuel Prost est l’auteur de « La Descente des Anges » (2014 - Éditions De Borée), premier ouvrage remarqué, une saga familiale sur quatre générations qui a pour fil conducteur la catastrophe de Courrières. « Les Enfants de Gayant », son second livre est sorti un an après. Notre rencontre est basée sur l’actualité du néo maître du roman historico-régionaliste.


Pouvez-vous nous parler des « Enfants de Gayant », votre second ouvrage ?

Emmanuel Prost : Contrairement à mon précédent ouvrage (« La Descente des Anges », qui s’étalait sur une période de 60 ans d’Histoire), ce nouveau roman ne couvre qu’une courte période, celle de la fin de la première guerre mondiale. Nous sommes alors au début du XXème siècle, une époque riche en événements. La Grande Guerre vient de se terminer et le pays (comme le reste du monde, d’ailleurs) est en pleine pandémie de grippe espagnole. Et j’y raconte l’histoire d’une jeune femme et de son compagnon, qui, à l’image de leur ville (Douai), n’aspirent qu’à se reconstruire.


Qui sont ces personnages ?

Mon livre démarre le 11 novembre 1918, au petit matin. Hélène, une infirmière de l’hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce, veut, au lendemain de l’Armistice, revoir son pays, près de Douai. Stéphane, mon second personnage est un combattant qui, au matin de ce même 11 novembre, doit traverser la Meuse avec sa troupe. La partie n’est pas finie tant que le coup d’arrêt n’est pas sifflé, or l’armistice est proche, et chacun le sait – il ne s’agirait pas de « mourir pour rien ».

Avant-guerre, Stéphane et Hélène s’étaient fiancés à l’âge de huit ans, avec l’approbation de leurs parents (des fiançailles « pour de rire », comme ils disaient).

Auguste, le troisième personnage de mon roman, est lui le fils d’un riche brasseur douaisien, qui revient complètement désorienté de la guerre, et ne sait plus trop qui il est.

« Les enfants de Gayant » suit également l’histoire de la confrérie des porteurs de Gayant (qui veut dire « Géant », en patois picard), une confrérie plutôt ouvrière, réunissant les générations de père en fils.


Quelle a été la genèse de votre histoire ?

L’envie d’écrire sur cette terrible période de la grippe espagnole, qui, une fois la guerre terminée, a fini par faire plus de victimes civiles que la guerre elle-même. La mère de mon héroïne est touchée par cette maladie, et Hélène apprend de cette mère mourante qu’elle n’est finalement pas sa génitrice ! L’infirmière se lancera alors dans une quête identitaire, à 25 ans, au moment où elle veut bâtir une vie de femme. Comment se construire quand on se cherche ? Stéphane, un mineur, l’aidera dans sa quête. Quête au cours de laquelle ils rencontreront Auguste, l’héritier de la brasserie Bellecourt, un personnage intrigant qui semble voir le retour d’Hélène comme un danger. Mais pourquoi ?

Mon roman se déroule sur trois mois, de l’Armistice à janvier 1919.

J’avais l’idée de l’Histoire et de son époque, mais pas d’où elle se déroulerait. Je voulais que ça se passe dans le Nord-Pas-de-Calais, et j’ai donc choisi la ville de Douai, mais sans la connaître vraiment. Je me suis documenté, rendu sur place … et je m’y suis très vite senti chez moi ! Douai était la capitale du Nord avant Lille. Cette ville possède un patrimoine historique et culturel très riche.


Quel est donc le rôle des Géants dans votre histoire ?

Les Géants se sont imposés d’eux même. Douai se caractérise par son beffroi, une tour de garde fixe, ainsi que par ses Géants. Ces derniers remontent au moment où la région était espagnole. Les défilés de Géants sont des fêtes à la gloire de ce protecteur reboutant les soldats français hors de la ville. Au fil des années, ces commémorations se sont mises en place en tant que fête annuelle de la ville. Mais il est aujourd’hui cocasse de savoir qu’à l’origine, c’était pour célébrer une défaite française !

Ensuite, il existe des explications contradictoires sur l’origine de ces Géants. Chacun a sa version.

La famille de Gayant est composée d’un père, de sa femme et de leurs trois enfants. Le dernier des Géants étant « Binbin », le Géant qui tourne sur lui-même ! Et on dit à Douai qu’on ne devient réellement douaisien qu’après avoir embrassé Binbin.

Les Géants de Douai ont été détruits pendant le premier conflit mondial. Ils ont été réhabilités après la guerre. Mais aux fêtes de Gayant 1919, tous les Géants n’avaient pas pu être réhabilités, les Douaisiens avaient d’autres priorités.

Les Bellecourt sont une famille de brasseur, avec un fils qui se cherche. Celui-ci a envie des pratiques et des fêtes d’antan. Il va aller au-devant de la confrérie des porteurs, participant même au financement des restaurations. J’avoue avoir complètement inventé cela.


Quel jeu avez-vous opéré avec la réalité ?

Mon récit est inventé, un récit de fiction, mais avec une base historique bien réelle. J’ai respecté le déroulé de l’Histoire et de l’époque. Je colle au plus près de la réalité de l’époque. Je ne suis pas historien, je ne fais pas profession de foi et m’autorise le droit à l’erreur. Je suis avant tout un raconteur d’histoires, mais je ne les veux pas incohérentes.


Votre histoire se déroule sur trois mois, est-ce assez pour tous les ressorts dramatiques que vous nous avez décrits ?

Cette période est courte, en effet. Mon roman n’aura pas de suite, l’histoire se suffit à elle-même. Je dois avouer que mon dernier chapitre se déroule dans les années 70, ce qui me permet de pleinement boucler la boucle, comme on dit.


Quels sont vos premiers retours ?

Ils sont très positifs. J’ai notamment en tête les retours d’une lectrice de Villeneuve d’Ascq, ou l’enthousiasme de ma marraine de Littérature, Annie Degroote. A la sortie d’un nouveau livre, on est toujours quelque peu fébrile, mais les retours qui m’arrivent chaque jour sont très rassurants.


Qu’a représenté pour vous l’aventure de ce second ouvrage ?

Sans prétention, j’ai eu peur de ne pas être à la hauteur de mon premier livre. Or ceux qui ont lu mon premier ouvrage n’hésitent pas à acheter mon second ! Sans être déçus. Je reste dans mon univers, en changeant de la fresque que représenta « La Descente des Anges ». Ici il s’agit d’un récit en triangle, avec des chapitres courts terminés sur des notes de suspens, avec un long prologue qui installe un postulat et mon lectorat est ensuite entraîné dans une valse folle. Même si ce livre reste un livre historique, je dois bien reconnaître l’avoir écrit avec certains codes empruntés au thriller.


« La Descente des Anges », « Les enfants de Gayant », deux livres ancrés dans le Nord. Pourquoi accordez-vous une telle importance à cette région ?

Suite à « La Descente des Anges » les éditions De Borée m’ont proposés un contrat et m’ont surtout fait comprendre qu’il me sentait à l’aise avec le roman historique. J’ai donc récidivé avec le challenge d’écrire ce second livre en une année à peine. On peut juger que mon livre a été écrit en neuf mois, soit le temps d’une gestation.


Vous venez d’évoquer la figure d’Annie Degroote, pouvez-vous nous en dire plus sur cette auteure ?

Annie Degroote est une des bonnes fées de mon existence. Elle ne s’est pas penchée sur mon berceau, mais sur moi quand j’avais l’âge adulte. Je l’ai contactée, et elle m’a encouragé. Elle a lu certains de mes premiers écrits (qui étaient assez mauvais, il faut bien le reconnaître), et m’a conseillé de travailler, de persévérer. Elle m’a donné deux ou trois conseils. Je lui ai demandé d’être ma marraine littéraire et mon premier livre est sorti. C’est un peu comme si elle avait assisté à ma naissance, en tout cas à ma naissance littéraire. Elle me met maintenant souvent en avant lors de salons (elle est notamment marraine à vie du Salon d’Hazebrouck) non pas juste pour me faire plaisir, mais bien parce que je la sens fière de moi. Et ça, ça me rend fou de joie. Et Inutile de dire que je suis très fier d’être son filleul.

L’auteure de « La splendeur des Vaneyck » est originaire d’Hazebrouck, j’habite dans le bassin minier. Nous appartenons à la même famille d’écriture, mais chacun avec notre secteur géographique. Et si moi, je me suis contenté jusqu’à maintenant des XIXème et XXème siècles, Annie, elle, remonte plus loin dans le temps.


Quels sont vos projets ?

Mon troisième livre aura toujours l’univers des mineurs pour cadre. J’affectionne ce genre de roman, Marie Paule Armand, l’auteure de « La courée », a fait un très beau parcours avant moi … J’espère arriver à apporter un certain renouveau dans ces collections du terroir. Un sang neuf, un langage plus moderne, même si je parle d’époques remontant à une centaine d’années.


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM

Notre première rencontre avec Annie Degroote sous forme d'interview découverte expresse

https://www.whoozone.com/actualites/article-1234-201306281234-annie-degroote-dedicace-furet-lille.html

Rencontre avec Annie Degroote au Salon de Bondues 2014autour de sa passion pour la Russie

https://www.whoozone.com/actualites/article-2427-201408102427-annie-degroote-et-bernadette-pecassou-au-salon-de-bondues.html


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11/06/2015
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