Comme un enchantement de Nathalie Hug

Whooz : Nathalie Hug
ON : Comme un enchantement - Calmann Lévy, 2020

Comme un enchantement
de Nathalie Hug

Chronique d’Eppy Fanny

Les circonstances qui empêchent les salons, font que je me suis procuré cette pépite sans rencontrer Nathalie. Hélas. Mais quel bonheur de retrouver ses mots. Foncez !

En panne de lecture depuis quasi 1 mois ½, je savais que la plume de Nathalie allait me sortir de ma léthargie avec ce roman dans ma Pal depuis un moment.

Pari gagné, j’avais besoin de légèreté pour me remettre en selle. Ce roman me l’a offerte.

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4ème de couverture :

Eddie vit seule à Montmartre dans un minuscule appartement où il lui faut grimper sur une chaise pour entrevoir le sacré cœur. Orpheline, elle s’est réfugiée dans le détachement pour tenir le malheur (et le bonheur) à distance.

Le jour où Eddie apprend qu’elle est l’unique héritière d’un domaine dans la région de Parme, elle décide de s’envoler pour l’Italie. Coup de tête ou coup de poker pour séduire son charmant notaire ?

Lorsqu’elle découvre la ferme fortifiée au sommet d’une colline, elle en tombe aussitôt amoureuse. Malgré l’ampleur de la tâche, Eddie décide de redonner vie à ces ruines.

Mais entre ces murs où résonne partout le rire de ses ancêtres, se cache bien plus que des souvenirs.

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L’histoire d’Eddie :

Un rendez-vous chez un notaire, et voilà qu’Eddie se retrouve l’héritière d’un grand-oncle inconnu. La voilà, si elle accepte, l’heureuse propriétaire d’une ferme dans la région de Parme. Quasi en ruine. Eddie n’a jamais entendu parler de ce grand-oncle par ses parents. Mais ces deux-là étaient tellement occupés à s’aimer que le reste ne comptait pas. Et elle bien peu.

Extrait page 21 :

« Et ce vide dans lequel ils m’avaient élevée, puis abandonnée, caractérisait ma vie. A trente-cinq ans, je traversais les années sans envie, sans émotions, sans autre but que d’aller vers la mort. »

Et pourtant c’est bien vivante qu’elle se sent Eddie lorsqu’elle contemple ce notaire qui déborde de sensualité. Elle qui a tout tenté pour qu’il la regarde comme une femme, et pas juste comme une cliente, elle dont les hormones bouillonnent, va au moins le surprendre et accepter d’aller sur place découvrir son héritage. Personne ne la retient.

Ses parents sont morts. Double suicide le jour de ses 16 ans. Depuis elle ne s’attache à rien ni personne. Elle est devenue transparente. Se cache sous sa cape d’invisibilité.

Surtout, surtout, qu’elle ne se fissure pas.

Voilà Eddie qui débarque. Elle qui pensait arriver discrètement, c’est raté. Tous attendent cette héritière inattendue. Il faut dire que la ferme et surtout les terres et vergers de Giuseppe, son grand-oncle, sont très convoités. Ils sont nombreux à espérer qu’elle vende.

La maison en revanche les effraie. Elle serait hantée…

Philomène, le grand amour de Giuseppe, partie 50 ans avant lui, et le vieil artisan chausseur de génie hantent-il les lieux de leur amour immortel ?

Les superstitions, dans ce coin d’Italie, ont la part belle.

Dès le premier regard sur les ruines de cette ferme fortifiée, la carapace d’Eddie va commencer à se fendre. Même si elle s’interroge sur le « fantôme » qui hante son pigeonnier et y oublie des livres. Elle va aimer, enfin, même si ce n’est qu’une chose, une maison. Avec son passé et ses fantômes. Elle est prête à vendre son appartement parisien pour rendre vie à cette bâtisse.

Car en rendant vie à cette bâtisse elle s’ouvre enfin à la sienne.

Elle s’ouvre à l’amitié d’Amaretto.

Extrait page 220 :

« Je fus frappée par l’expression qui traversa ses yeux. Elle trahissait l’inquiétude d’une mère. Ce regard-là, je ne l’avais pas croisé depuis longtemps.

Des larmes soudaines inondèrent mes joues, et je les recueillis du bout des doigts, incrédule. »

Est-ce l’amour qui imprègne les murs qui est contagieux, est-ce ce notaire sexy sur lequel elle ne cesse de fantasmer ? Ce fameux Monsieur X qu’elle ne peut oublier, son aigle ébouriffé.

L’histoire de Joseph :

Il y a bien longtemps, un gamin du nom de Joseph, qui dépouillait les vieilles dames et se rêvait en Arsène Lupin, a croisé la silhouette longiligne d’une jeune fille. Et là, clairement il a su qu’elle serait sa femme un jour. Un coup de foudre, une flèche en plein cœur de ce garçon qui a souvent faim et se nourrit des lectures de Stevenson, Verne, Twain, Leblanc …

Il va recroiser son inconnue deux ans plus tard. Elle a alors 18 ans et lui 12. Autant dire qu’il est invisible pour elle. Il vient de visiter en cachette sa mère qui n’est plus qu’une coquille vide.

Extrait page 61 :

« Epuisée, elle avait décidé de quitter un monde devenu bien trop cruel, froissant et jetant son âme tout au fond d’elle, telle une boule de papier dans une corbeille. »

Joseph va passer des années à chercher son ange. La vie lui permettra de la croiser encore plusieurs fois.

Le destin se joue de lui. Mais Joseph est tenace.

La vie va lui offrir d’autres rencontres d’importances. Une vieille femme délicieuse, Noémie, deviendra son amie. Puis Fati va rentrer dans sa vie et y mette un peu d’ordre.

Extrait page 80 :

« Allez, hop ! m’a-t-elle ordonné. Toi et ton petit pécule direction l’internat. Si tu veux contourner les règles et jouer au grand seigneur, tu vas devoir commencer par les apprendre ! »

Puis une panne de métro va encore une fois lui donner l’occasion d’être auprès de son ange. Il va enfin connaitre son nom, un peu de sa vie. Il est si facile de se confier dans le noir à un inconnu. Et lui, le gentleman cambrioleur, n’aura pas le courage de l’attendre dans la lumière…

Mais fort de nombreux mensonges, Joseph va tout apprendre de la vie d’Eddie. Même des choses qu’elle ignore. Peut-être un jour trouvera-t-il le courage ? Le voilà dépositaire d’un secret bien lourd.

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L’avis d’Eppy

Ce roman déborde de tendresse, comme toujours dans les romans solo de Nathalie. Tendresse vis-à-vis de ses personnages cabossés dont elle prend si bien soin et qu’elle nous offre pour que nous les aimions à notre tour. Nous sommes témoins de cette carapace qui se fissure et du cataclysme qui en découle. Un cataclysme qui s’appelle tout simplement vivre.

Même si le poids des mensonges, ceux que l’on se fait à soi-même pour gommer le bon et ne plus souffrir, ceux que l’on fait à l’autre pour qu’il nous aime, explose toujours. Et pas sans dégâts.

Mais le temps guérit de tout si on le décide. Et des fantômes bienveillants œuvrent pour que l’amour triomphe.

Ce roman est une ode à l’amour. Les personnages sont aboutis et touchants, comme toujours.

Merci Nathalie.

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