Gadjo Farel d'André Blanc

Gadjo Farel d'André Blanc

Whooz : André Blanc
ON : Gadjo Farel – Jigal Polar, 2021

Gadjo Farel d'André Blanc

Chronique de Bruno Delaroque

« Gadjo Farel » commence à Lyon sous les ors de la République avec une cérémonie de remise de légion d'honneur devant un parterre garni de personnalités, gratin chic et sélectionné ou cirque de parade, c'est selon !

Cette scène d'ouverture en dit beaucoup déjà sur la capacité de l'auteur à renouer avec le style très incisif de ses précédents ouvrages.

Travelling cinématographique où le recevant s'écroule, foudroyé brutalement par une mort aussi inattendue que soudaine dans les bras de son ami ministre qui épinglait la précieuse décoration au revers du veston. La mort étant douteuse, l'affaire sensible est confiée au « commando » Farel, un groupe de six hommes soudés et complémentaires, Lucchini, Balme, Comont, Dumont, Avery et Jimmy le petit dernier.

Avec André Blanc, le papa de Farel, on se doute bien que l'intrigue va être nébuleuse et toucher les milieux politiques de près comme c'est souvent le cas. Jeux d'influences et ramifications diverses, c'est open bar dans cet opus ! J'aime cette phrase qui pourrait s'appliquer facilement aux bouquins de l'auteur et de bien d'autres : « Un homme politique honnête est un homme politique qui ne s'est pas encore fait prendre ». Simple constat d'observation puisque l'on retrouve souvent ces infos aux journaux télévisés ; qui un ancien premier ministre, qui un ancien président, qui un député etc.....

Quant à Farel, quel plaisir de le retrouver pour une nouvelle aventure ! J'avais presque oublié ce flic méthodique et acharné, protecteur avec ses hommes, mais exigeant aussi. C'est lui qui impulse l'enquête, donne le tempo. C'est une vraie fouine et une teigne, avec une éthique particulièrement chevillée au corps, n'ayant plus aucune illusion sur les hommes, petits ou grands de notre monde.

Un incorruptible qui fait peur dés que vous l'avez collé à vos basques. Le duo « F2 », Farel le flic et Fournier la Juge, une équipe capable d'aller gratter le vernis là où il n'y en a pas pour faire jaillir la vérité.

Ce roman est noir, grinçant et les hommes pourris jusqu'à l'os. L'auteur distille ici et là quelques phrases au langage fleuri. Les mots font quelquefois aussi mal que des balles et on s'amuse de ces joutes verbales tranchantes comme des lames de rasoir. Beaucoup de mépris entre nos différents intervenants, qu'ils soient ministre, avocat, mafieux ou homme d'affaires. Dès qu'un gros paquet de fric est en jeu, instincts primaires et carnassiers reprennent vite le dessus.

André Blanc ne fait pas dans la dentelle et nous livre une vision sclérosé et abjecte, dangereuse et violente d'une société faite de « gens biens » en apparence, et de pires crapules en réalité.

Dans ce jeu de lobbying où tous les coups sont permis (meurtres, attentat), on n'est jamais à l'abri de déconvenues physiques et mortelles. S'approcher trop près du soleil, de la vérité et des puissants peut mener direct à une guillotine acérée, prête à tomber sur des nuques fragilisées. Même les flics ne sont pas à l'abri et les vies ne valent pas grand chose dans ce schéma là !

Avec « Gadjo Farel », vous pénétrerez dans les cercles feutrés des arcanes du pouvoir, vous découvrirez comment se traitent les affaires de la République et contrats industriels juteux, et surtout vous verrez que les accointances entre monde des affaires, politique, justice, argent sale et intérêts divers mènent à de sombres exactions.

Ne serions nous pas dans une réalité qui a depuis bien longtemps dépassée la fiction ? Ce roman est assez effrayant de réalisme. En plus d'un regard sur la communauté Yéniche, c'est un sacré questionnement permanent sur notre société et ce qui la gangrène au plus profond : les intérêts personnels des uns et des autres guidés par le fric sale qui coule à flot.

André Farel cogne fort sur le berceau de nos illusions et ce n'est pas Farel, en danger comme jamais qui nous dira le contraire. Malgré une honnêteté à toute épreuve, et une volonté de tous les instants, notre impeccable flic aura fort à faire pour arriver au terme de sa mission.

C'est un coup de cœur pour ce dernier opus d'André Blanc. Coup de cœur pour ses personnages chevaliers des temps modernes, coup de cœur pour la noirceur oppressante du scénario et coup de cœur pour la vision bluffante de crédibilité de notre société, bien qu'elle soit peu réjouissante.

Bravo Mr Blanc, ça me donne envie de relire toute la série !

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GADJO FAREL le nouveau roman d'ANDRÉ BLANC - Jigal Polar


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31/03/2021
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