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Chut c'est un secret de Seo Mi-Ae

Whooz : Seo Mi-Ae
ON : Chut, c'est un secret – Matin Calme éditions, 2021

Chut, c'est un secret
de Seo Mi-Ae

Chronique de Bruno Delaroque

Quel plaisir de retrouver Seo Mi-Ae avec son nouveau roman publié chez « Matin Calme » ! J'avais découvert le polar coréen en 2020 grâce à un formidable « Sang Chaud » de Kim Un-Su et poursuivi ensuite avec « Bonne nuit maman » de Seo Mi-Ae. Cette maison d'édition tapait fort d'entrée en proposant le dépaysement d'une autre culture et le talent de grands auteurs.

« Chut, c'est un secret » commence quelque part dans la campagne, un hameau paumé sur les hauteurs de Jumanjin, un soir pas très vivant, pas plus que la journée d'ailleurs. Une gamine de 16 ans, Yu-ri attend dans le noir à l'arrêt de bus. Atmosphère pesante dans ce coin mortel et sans trop de lumière, Yu-ri, mal dans sa peau et couverte de bleus a décidé de s'enfuir. Mais que ou qui fuit-elle, pourquoi souhaite-elle disparaître, pour aller où ?

Dès le premier chapitre Seo Mi-Ae nous glace d'effroi, preuve que depuis « bonne nuit maman », elle n'a rien perdu de son art.

Souvenez-vous dans son premier roman, on terminait sur une scène inquiétante avec des questions en suspens. Ce deuxième opus se déroule quatre ans plus tard et on retrouve la jeune Hae-yeong, personnage central de l’œuvre précédente, qui vit toujours avec son père et sa belle-mère, Seon-gyeong.

Hae-yeong est toujours aussi tourmentée et difficile à saisir. Hae-yeong dont la vie n'a jamais été un long fleuve tranquille a 16 ans maintenant, et apprend lors du dîner qu'ils vont déménager parce que la famille va s'agrandir, la belle-mère étant enceinte.

Réaction immédiate : le plat de tomates finit brutalement fracassé contre le mur !

Dans cette histoire stupéfiante, suite du premier ouvrage, toute la vérité semble tourner autour de non-dits, d’un passé flou, d'un verre de lait ; et d'une bande d'adolescents qui se croit tout permis. De la bêtise de la jeunesse aux arcanes de la psyché, nous allons explorer bien des recoins sombres de l'âme humaine.

Un déménagement, une maison accueillante mais isolée, des voisins très curieux et envahissants ; une sexagénaire, Madame Eom qui s'occupe de la maison depuis toujours et semble tout connaître ; c'est dans une atmosphère et un cadre bucolique, bien loin de la ville tentaculaire, que vont évoluer nos personnages.

Mais avec une telle auteure, le charme et le calme reposant de la campagne ne serait-il pas un écran de fumée ? Sous sa plume pertinente, elle distille peu à peu les informations et au fur et à mesure que l'on tourne les pages, on se retrouve face à une mécanique de précision et un scénario assez diabolique. Seo Mi-Ae attrape son lecteur dans une main de velours, puis sans en avoir l'air, commence à serrer d'une poigne de fer.

Un secret reste secret jusqu'à ce que la vérité apparaisse. Même profondément enfouis au fond de la mémoire ou enterrés au fond d'un trou, les cadavres finissent toujours par remonter à la surface et sortir du placard.

Ici, les secrets sont nombreux et chacun a quelque chose à se reprocher ou à se rappeler. En 300 pages, vous saurez tout, et même ce que nous n'aurions pas pu imaginer parce que je vous assure que Seo Mi-Ae a du talent à revendre.

Entre angoisse, psychologie, meurtres, et héros atypiques, ce roman mérite sans conteste un coup de cœur whoozonien pour son scénario remarquable et ses multiples pistes. Bravo Seo Mi-Ae et les éditions Matin Calme. J’attends le ou les suivants avec impatience !

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Bonne nuit maman (Chronique de Bruno Delaroque)

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