Madame S de Sylvie Lausberg

Madame S de Sylvie Lausberg

Whooz : Sylvie Lausberg
ON : Madame S - Mon Poche, 2022

Une femme libre

Madame S de Sylvie Lausberg

Chronique de François Cappeliez

« La Pompe funèbre ». Du destin de Marguerite Steinheil, dite « Meg », on ne retient souvent qu'une anecdote, celle d'avoir été la maîtresse du Président Félix Faure, et d'avoir vu mourir ce dernier avant de prendre la fuite. « Le Président a-t-il encore sa connaissance ? Non, elle est sortie par l'escalier de service ». Le bon mot est resté.

La vie est souvent plus inspirée que l’imagination la plus fertile des écrivains. Dans « Madame S », aujourd'hui au format poche aux éditions « Mon Poche », Sylvie Lausberg, journaliste, psychanalyste et romancière, réhabilite une oubliée de l'Histoire et s’attelle au destin d'une femme hors norme, Marguerite Steinheil.

Un destin. Marguerite Steinheil, une vie comme un véritable roman avec ses temps forts et ses rebondissements. Née Marguerite Japy en 1869, héritière d'une famille d'industriels protestants, mariée à 17 ans à Adolphe Steinheil (neveu d’Ernest Meissonier), peintre de 19 ans son aîné (« Il ne me plaisait pas du tout ! » (p 34)), coqueluche du Tout-Paris politique au moment de l'affaire Dreyfus, maîtresse de Félix Faure, quelques neuf ans après l'événement lié au Président, Marguerite Steinheil sera accusée du meurtre de Madame Japy, sa mère, et de Monsieur Steinheil, son mari, sera alors emprisonnée, jugée et innocentée. Après mille vies qui la virent souvent amoureuse tourmentée (« Elle avait cru, une fois de plus, le bonheur à portée de main » (p 190)) on la retrouvera épouse de Lord Robert Campbell Abinger, sujet britannique. Après la mort de son dernier mari elle sera enlevée au Maroc en 1927, payant la rançon avec une partie de son héritage. Meg sortira alors de scène pour vivre à Brighton où elle mourra en 1954 (« Meg a compris. Elle va se taire, pour toujours, dans toutes les langues. Sur sa vie en Angleterre, on ne sait presque rien » (p 353)).

Du hasard. C'est le hasard de la vie qui a conduit Sylvie Lausberg à louer à Pierrefonds la maison de Séverine (pseudonyme de Caroline Rémy), première journaliste française du début du vingtième siècle à vivre de sa plume, et, par son intermédiaire, de faire la connaissance de Marguerite Steinheil sa contemporaine. Ou comment une boite d'archives abandonnée de la journaliste débouchera sur vingt ans d'enquêtes et de réflexions autour de Meg. Enquêtes et réflexions qui constituent le cœur passionnant de « Madame S » ouvrage loin de se lire comme un simple roman.

Portrait d'une femme libre (« Marguerite Japy-Steinheil a choisi le mouvement, la liberté des sentiments et le goût des plaisirs » (p 378)), d’une « héroïne malmenée » (p379) (« Sur les débris, reconstruire » (p 174), « Tout s’écroule. Tout est à refaire » (p 354)), « Madame S » regarde l'époque, pour ne citer qu'eux, de Félix Faure, d'Aristide Bruand, de Toulouse-Lautrec, de Goudot, de Dreyfus, nous parle notamment d’antisémitisme, de sexisme, de féminisme et de patriarcat et, au final, interroge notre société.

Roman rigoureux et fouillé d'une époque, interrogation pertinente de notre société, « Madame S » est plus qu'une simple biographie.



Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM



Pour aller plus loin

http://sylvielausberg.com/



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31/03/2022
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