Terminus Gerland de Jacques Morize

Terminus Gerland de Jacques Morize

Whooz : Jacques Morize
ON : Terminus : Gerland – Editions AO André Odemard

Terminus : Gerland de Jacques Morize

Chronique de Bruno Delaroque

Un nouvel auteur à découvrir est toujours un moment excitant pour un chroniqueur tel que moi. Aussi lorsque l'on m'a proposé « Terminus : Gerland » de Jacques Morize, il ne m'a pas été difficile d'accepter.

L'histoire commence par un repas entre trois épicuriens ; le flic (Abel Séverac), la journaliste (Elodie Pirelli) et l'avocat (Adrien Thomassin) ; le ton est donné avec ce prologue et il y a des mots qui me donnent le sourire. « Champagne » à la première ligne, « Condrieu » à la deuxième, ça me parle, ça me donne soif et ça me donne envie de descendre à la cave chercher un truc qui va accompagner ce début de roman. Il est midi et un rosé corse aux cépages « Sciaccarellu et Niellucciu » fera parfaitement l'affaire. Ah je me sens déjà en phase avec l'auteur !

Un peu de « Me too » au sein d'un institut de recherche sur le cancer et un chef d'entreprise retrouvé baignant dans une mare de sang un coup de fusil dans le buffet, ça démarre sur des chapeaux de roue.

La capitale des gaules, Lyon, sert de cadre à cette histoire rondement menée. Ça sent le vécu et le commissaire Séverac et ses coéquipiers en sont les guides avisés. Les bistrots, les bouchons, les restaurants accueillent souvent ces enquêteurs gourmets toujours prêts à déguster une spécialité accompagnée d'une bonne boutanche.

Peinture sociale de la « bonne » société lyonnaise, l'auteur nous plonge au cœur de la cité avec un regard éclairé et un certain humour, caustique par moment. C'est juste, drôle et finement observé. Derrière la bienséance de façade, personne n'est tout à fait innocent et chacun essaye de conserver l'emprise ou le peu de pouvoir qu'il a sur son prochain. Comme dans toutes les villes, grandes, moyennes ou petites, dès que l'on gratte un peu autour de ses « notables », le vernis craque.

Il ne faut pas longtemps à Séverac et sa bande de fins limiers truculents pour renifler quelques irrégularités.

« Terminus : Gerland » va vite et entre investigations classiques et flics rodés à l'exercice, rebondissements ici et là, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Jacques Morize connaît son job et il le fait vraiment bien, c'est une certitude. Je découvre au fur et à mesure son scénario en me disant que l'auteur n'a rien à envier à d'autres confrères plus médiatiques.

Il y a tout dans ce récit, un scénario nébuleux et bien goupillé, des personnages attachants et humains avec ses flics bons vivants et les malfrats ; de vrais durs sans scrupules. Ajoutez à cela, un cadre et des décors de circonstances, une écriture fluide au service de l'histoire et vous aurez tout ce qu'il faut pour appâter le lecteur.

De fil en aiguille, ça se complique, les morts pleuvent, les pistes se multiplient et Séverac en pleine panade sentimentale se retrouve à enquêter sur plusieurs affaires. C'est net, précis, imagé et plein de bons mots. J'adore ces romans où la bouffe est toujours à portée de bouche et la bouteille présente. N'allez surtout pas en déduire cependant que nous avons une fois de plus affaire à un flic poivrot, non ! Ici on est dans l'hédonisme et le plaisir des bonnes choses que l'on partage pour contrebalancer la noirceur et la merde de cette chienne de vie. Les policiers sont souvent les éboueurs de la vie, amenés à côtoyer toutes sortes d'horreurs au quotidien, et il faut s'octroyer de bons moments, soupapes de sécurité obligatoire sous peine d'imploser en plein vol.

D'une histoire à priori simple, on glisse vers un scénario poisseux, visqueux et nauséabond. On n'a pas envie de lâcher la lecture et je sens déjà que vient de naître une belle histoire entre Jacques Morize et moi-même. Ce titre étant sa neuvième publication, vous avez forcément compris que ses précédents titres vont m'intéresser un jour ou l'autre au fur et à mesure de mes lectures.

Jacques Morize est un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaissaient pas encore et à suivre pour ceux qui viennent de le découvrir comme moi à l'instant. Séverac et ses sbires vont devenir vos nouveaux potes comme Daniel Magne et Lisa Heslin de Jacques Saussey ou Franck Sharko et Lucie Hennebelle de l'ami Franck Thilliez.

Oui je sais la comparaison est flatteuse, mais j'ai vraiment été emballé par ce « Terminus : Gerland » de Jacques Morize, dans lequel coulent facilement Saint- Joseph, Crozes Hermitage et autres pots de Côtes du Rhône où Beaujolais. Il se déguste sans modération et j'espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à la lecture. C'est un coup de cœur Whoozone. Bravo et merci !


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM


Pour aller plus loin

https://www.ao-editions.com/produit/67/9782382000212/terminus-gerland

http://jacques-morize-polar.fr/lunivers-dabel-severac/terminus-gerland/



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07/07/2022
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