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Love is strange vu par Ira Sachs

Whooz : « Love is Strange », un film d’Ira Sachs
ON : Au Cinéma le 12 octobre 2014

L’amour est étrange !

« Love is Strange » était le dernier des 14 films en compétition de la 40ème édition du festival du cinéma Américain de Deauville. Ira Sachs, son réalisateur le défendit lors d’une conférence de presse suite à sa projection. Nous vous proposons les grandes lignes des propos qu’il tint lors de ce rendez-vous avec les médias.

Argument. Après 39 ans de vie commune, George et Ben décident de se marier. Mais, au retour de leur voyage de noces, George se fait subitement licencier. Du jour au lendemain, le couple n'est plus en mesure de rembourser le prêt de son appartement new yorkais. Contraints de vendre et déménager, ils vont devoir compter sur l'aide de leur famille et de leurs amis. Une nouvelle vie les éloignant l'un de l'autre, s'impose alors dans leur quotidien.

Les difficultés éprouvées par le projet

Ira Sachs : Chaque film est un challenge, donc, oui et non ! Chacun de mes films est très personnel, une sorte de conversation avec moi-même à propos de sujets qui me tiennent à cœur. Avec ce film j’apporte de l’espoir à l’amour. J’ai 45 ans, mon point de vue sur la vie a changé. Mes parents ont eu des défis à relever, moi également. C’est un film à propos et qui parle du temps. Le grand challenge, c’est le défi de l’argent et des finances. C’est mon troisième film à Deauville, et je suis ici considéré comme un « sénior » ! Ces réalisateurs-là, à 3 ou 4 films ont d’énormes difficultés à tourner. La plus grande difficulté est d’ordre financière. Je veux atteindre une certaine maturité, dans ma réflexion, dans ce qu’on voit à l’écran. Et il y a eu une évolution entre mon premier et mon cinquième film !

Le système financier

La plupart des réalisateurs que j’ai côtoyé à Deauville il y a quelques années ne font plus de films, ils travaillent pour la télé ! Nous vivons dans un monde capitaliste avec retour sur investissement. Les talents émergeants disparaissent rapidement. J’ai trouvé la solution par un financement participatif pour avoir plus de libertés et être mon propre patron, un peu comme Cassavetes. Je veux continuer à faire des films avec un haut niveau de liberté.

Les problèmes majeurs soulevé par le film : les loyers et le mariage pour tous (l’évolution des mœurs)

En tant que réalisateur je me considère comme un historien, j’essaie d’être conscient de ce qui se passe autour de moi. J’ai filmé un sujet « universel ». Le problème de Joey (le jeune fils de la famille accueillant George) n’est pas la sexualité, c’est le problème de sa vie d’ado. Il y a une fluidité entre homo et hétéros, il faut aller de l’avant (parfois recule un peu, mais pour mieux aller de l’avant).

Le thème des loyers à New York

L’économie, l’argent et la finance est au cœur de mes films, et au centre de la vie. C’est ce qui nous rends vulnérable.

Croire et la Religion

Je crois dans l’art. Je suis athée, je ne crois pas a une force supérieure, je crois à la communauté et en la rsponsabilité des êtres.

Le travail avec les deux comédiens

J’ai été très chanceux de travailler avec Alfred Molina et John Lithgow, ils sont amis depuis toujours (depuis au moins 30 ans !). Tous deux vivent à L.A. ont un vrai passé, font partie de la même génération de comédiens. Ma stratégie de tournage est de prendre chaque comédien individuellement, sans répète, les scènes sont alors fraiches, sans impros ! On tournera la même scène plusieurs fois, en la réajustant. « Lulu » et « A nos amours » de Pialat m’ont influencé. Je suis un réalisateur Américain mais suis connecté à une multitude de films des années 70 du cinéma Français, le cinéma d’Eustache notamment. J’ai vécu pendant six mois à Paris, et j’ai vu 197 films durant cette période, c’est ainsi que j’ai découvert Claire Denis et Olivier Assayas.