La fille qui se faisait des films de Yannick Dubart

La fille qui se faisait des films de Yannick Dubart

Whooz : Yannick Dubart
ON : La fille qui se faisait des films – Fleur Sauvage, 2018

La fille qui se faisait des films
de Yannick Dubart

Chronique de Bruno D

A priori il serait bien présomptueux de comparer Olivier Norek et Yannick Dubart. Un gars, une fille, certes, mais surtout une professeure d'histoire et un lieutenant de police. Rien de bien commun si ce n'est le fait qu'ils écrivent tous deux, l'un avec un succès assez fulgurant au bout de cinq livres, l'autre avec une aura régionale qui ne cesse de grandir.

Et pourtant cette « Fille qui se faisait des films » possède il me semble beaucoup de similitudes avec le « Surface » d'Olivier Norek paru chez Michel Lafon très récemment. C'est avant tout la vie qui vous revient en pleine figure lorsque pour une héroïne de l'un, lors d'une opération de police qui tourne mal elle est défigurée et touchée dans sa chair ; et pour Emma, l'héroïne de Yannick Dubart, c'est un AVC soudain et violent qui la diminue, la détruit physiquement et moralement au plus profond de la femme qu'elle est.

Souffrances et reconstruction, traumas divers, accepter son handicap, sa différence et tout faire pour retrouver autonomie, respect et dignité, oui, ces deux romans ont cela en commun avec en plus le petit parfum de la trahison d'une direction qui lâche, se défile et jette comme un vieux chiffon.

Histoire policière bien sûr avec une enquête, presque un cold case, qui arrive inopinément par l'intermédiaire d'une vieille dame, Marie Ange, voisine de chambre d'une Emma hospitalisée suite à son AVC. Véritable bouée de sauvetage et respiration salutaire pour Emma qui va reprendre goût à la vie en se lançant à corps perdu dans cette recherche de vérité en se découvrant de nouvelles relations et de nouveaux amis.

J'ai beaucoup aimé cette catharsis à laquelle se livre la romancière. C'est poignant, juste, et cela apporte un nouveau regard sur l'après AVC. On en parle, on sait tous ce que c'est, mais Yannick Dubart avec ses mots, sa sensibilité de femme, et beaucoup d'humour (il en fallait une bonne dose et du courage pour écrire sur ce sujet l'ayant touché) arrive à nous interpeller, à nous surprendre et à nous faire comprendre cette dure réalité quotidienne sans sombrer dans le pathos ou le voyeurisme.

Galerie de personnages savoureux et intrigue bien bâtie, on retrouve de nombreuses références cinématographiques dont notre auteure est visiblement très au fait, et on survole à travers les titres de chaque chapitre, toute une série de films anciens qui ont fait le bonheur de beaucoup d'amateurs.

Parfum suranné d'une certaine époque où tout était différent et plus simple, celle des cinémas au cœur des petites villes, les classes sociales respectées et chacun à sa place. Bref c'est à un doux parfum de nostalgie insufflé par l'auteure et à une jolie promenade que nous convie Yannick Dubart en passant doublée d'une certaine réflexion.

Je vous parlais d'humour un peu plus haut et je ne résiste pas au plaisir de vous citer quelques expressions comme « un dégât des os » p 19, « sans radeau la laissant médusée» p 9 ou encore p 32 « Sans auburnout », font partie intégrante de ce roman intelligent et altruiste.

Original et écrit avec fluidité, « La fille qui se faisait des films » n'est pas anodin. Il exprime le cri d'une femme de cœur qui s'est regardée dans le miroir à un moment et a décidé de prendre sa vie en main et de redevenir elle-même. Elle a pour cela décidé d'écrire et de coucher ses maux sur papier. Ce n'est pas donné à tout le monde de le faire et de bien le faire. J'applaudis des deux mains et je recommande d'autant plus que ce bouquin va devenir collector étant donné sa publication chez feu les éditions « Fleur Sauvage » qui avaient quand même le nez creux pour dénicher de nouveaux talents.

 

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07/08/2019
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