A+A A-

Hommage à Jean-Pierre Mocky

Whooz : Jean-Pierre Mocky
ON : 1929 - 2019

Un cinéaste indépendant

Hommage à Jean-Pierre Mocky

Légende photo : Monsieur Jean-Pierre Mocky lors de l'édition 2016 du Festival 2 Valenciennes

.

« Pardonnez-moi mon père parce que j'ai tourné » confessait-il dans la bande annonce du « Miraculé » (1987). Hommage à Jean-Pierre Mocky, l'un des plus grands cinéastes français. Un artisan du Cinéma indépendant.

Né Jean-Paul Mokiejewski à Nice le 6 juillet 1929 (source dictionnaire des cinéastes de Georges Sadoul), Jean-Pierre Mocky est décédé à Paris le 8 juillet 2019 à l'âge de 90 ans. Indépendant, volontiers iconoclaste, le cinéaste était connu pour être facétieux, gouailleur, et « grande gueule ». Jean-Pierre Mocky était un cinéaste inclassable.

« J'ai fait des petits films avec les plus grands » affirmait-il. Catherine Deneuve, Bourvil, Michel Serrault, pour ne citer qu'eux, tournèrent sous sa direction. La filmographie de Jean-Pierre Mocky est riche de plus de 80 films dont 66 longs-métrages de Cinéma. Le réalisateur avait la réputation de tourner rapidement et avec de petits budgets. Essentiellement des films autour de sujets qui lui tenaient à cœur. La solitude dans la toute première partie de sa filmo (années 60/70), des films plus sociétaux dans la seconde partie (70/90). Tournant et distribuant lui-même ses œuvres, la troisième partie de sa filmographie (constituée par sa production de ces 15 dernières années) fut quant à elle plus « underground ».

Figurant (notamment chez Carné) avant de tenir ses premiers rôles, Jean-Pierre Mocky fut acteur avant de devenir réalisateur. Après un passage en Italie où il fit ses premières armes chez Fellini et chez Visconti en tant qu’assistant, voyant son avenir compromis en tant que comédien, il écrivit en 1958 « La tête contre les murs » qui fut mis en scène par Franju avant, à l'âge de 26 ans, de réaliser « Les dragueurs » (1959), son premier film.

Suivront (pèle mêle) : « La grande lessive », « Un drôle de paroissien », « La cité de l’indicible peur », « A mort l'arbitre », « Le miraculé » ou « Les saisons du plaisir ». Pour ne citer qu'eux. Des films aux budgets modestes, des œuvres provocatrices, pamphlétaires ou corrosives. Des comédies satiriques, souvent noires ainsi que des polars. Des films aux messages forts et destinés à réveiller les consciences.

En 2010, Jean-Pierre Mocky reçu le prix Louis Langlois pour l'ensemble de sa carrière.

Avec le décès de Jean-Pierre Mocky, le Cinéma français perd un véritable franc-tireur, un homme qui inventa sa vie. Depuis ses 80 ans, le cinéaste avait notamment minoré son âge de 5 ans. Les premières dépêches annonçant son décès lui donnèrent ainsi l'âge de 86 ans ! Encore un pied de nez du troublions du Cinéma français !

« J'aurai pu être journaliste ou explorateur, j'ai choisi le Cinéma et j'en ferai jusqu'à la fin » affirmait-il. Ce qu'il fit. Jean-Pierre Mocky n'arrêta jamais de tourner. « Tous flic », son dernier film, en post-production actuellement, fut tourné au mois de juin dernier. Malade, en cinéaste de l'urgence, l'homme ne manquait pas de projets notamment avec Gérard Depardieu et Isabelle Hupert.