
Mauvaise graine de Nicolas Jaillet

Whooz : Nicolas Jaillet
ON : Mauvaise graine – La Manufacture de Livres, 2020
Mauvaise graine de Nicolas Jaillet
Chronique de Bruno Delaroque
Voilà un livre parfaitement inclassable : « un thriller pop » dit l'éditeur tout en précisant sur un bandeau publicitaire « Quand Bridget Jones rencontre Kill Bill ». Que faut-il penser de cela, qu'en est-il réellement ? Je vais vous livrer mon ressenti sans langue de bois mais avec bienveillance.
Avec sa couverture flashy et moderne, stylisée et très réussie dans le genre, on se dit que l'on va embarquer pour un récit plein de couleurs et hors norme. C'est peu de le dire. N'ayant jamais lu Nicolas Jaillet, je dirais presque que ce gars-là est un peu azimuté, mais rassurez-vous, c'est pour notre plus grand bonheur de lecteur.
Drôle et déjanté sont les deux qualificatifs qui me viennent immédiatement à l'esprit. Après cette période de confinement assez noire, ce récit à la fois léger et sérieux par moment est une sacrée bulle d'oxygène dans le monde littéraire des parutions du moment.
Le roman commence pourtant doucement, classiquement. Julie est une jeune institutrice, célibataire et tranquille qui mène une vie normale avec quelques amis, filles, essentiellement des collègues de travail. Elle aime les soirées copines bien arrosées, et elle n'en est pas à une murge carabinée prête !
C'est d'ailleurs comme cela qu'on fait sa connaissance, la tête sens dessus dessous suite à la dernière sortie très très « festive », on va dire.
Et puis de fil en aiguille, de nausée en nausée, surprise, elle se découvre enceinte ; une mauvaise graine dans le ventre, sans même avoir le souvenir d’un quelconque rapport, même à la va vite ou sous l'emprise d'une alcoolémie anesthésiante.
Et c'est là que le talent de Nicolas Jaillet va entrer en scène. Il nous offre une histoire à priori, pendant un moment sans queue ni tête, loufoque, et terriblement addictive. Mine de rien, on a envie de savoir et de comprendre, ce qui a pu se passer et ce qui va arriver. Qui est le père, comment le retrouver et comment se fait-il qu'elle n'ait aucun souvenir ?
Entre vraie enquête policière et une certaine insouciance, on retrouve bien sous la plume de l'auteur, les couleurs chatoyantes promises par la couverture. Rythme enlevée, récit survitaminé qui part dans tous les sens (trop?), et c'est assez réjouissant. La vie et la condition de la femme moderne, un peu de philosophie, marginalité, manipulation discrète, c'est décapant et original, on balaie pas mal de thèmes sociétaux.
Une grossesse bizarre qui donne à Julie des pouvoirs spéciaux et donne à l'auteur une totale liberté d'écriture pour dérouler un scénario assez fou. Il y a de bonnes trouvailles, de moins bonnes, mais on sent bien que Nicolas Jaillet est à fond dans son trip.
Oui, Tarantino n'est pas loin et le côté sombre de la société également. L'auteur aurait même pu approfondir un peu plus certains aspects parce qu’il y a des passages ou explications qui restent floues......
La Manufacture de Livres a vraiment bien fait de publier « Mauvaise Graine » parce que c'est vraiment une histoire à part, et je les remercie de porter à notre connaissance cette perle excentrique en jouant pleinement son rôle d'éditeur. BRAVO !
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Pour aller plus loin
https://www.lamanufacturedelivres.com/livres/fiche/180/jaillet-nicolas-mauvaise-graine
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