
Noir côté cour de Jacques Bablon

Whooz : Jacques Bablon
ON : Noir côté cour – Jigal Polar, 2020
Noir côté cour de Jacques Bablon
Chronique de Bruno Delaroque
Voilà un roman court et incisif comme nous les propose toujours Jacques Bablon, un spécialiste du genre. Il condense ses récits de façon précise et sans fioriture, juste le temps de nous accrocher qu'il est déjà passé à la suite du scénario. Et ça fonctionne plutôt bien une fois de plus dans « Noir côté cour ».
Un immeuble ancien avec une cour pavé, tout ce qu'il y a de plus classique à Paris, regroupant sur cinq niveaux leurs habitants.
Qu'y a t-il de commun ou pas entre des trentenaires qui font une fête, deux lettons de passage dans la capitale le temps d'un week-end, un bon samaritain qui accueille une sans papier, le jeune du cinquième qui guette tout ce qui passe, un autre au deuxième étage qui n'est pas tout blanc, et pour finir un importateur de pistaches au troisième que l'on retrouve le crane explosé par une balle ?
Jacques Bablon nous monte une mayonnaise goûteuse avec des ingrédients de premiers choix et des acteurs aux zones d'ombres bien cachées. La sauce est parfaite et on passe de l'un à l'autre avec un bonheur sans égal.
Le début du scénario est particulièrement adroit avec la progression d'une fuite d'eau qui se propage à l'intérieur de l'immeuble au fur et à mesure que l'on fait connaissance avec nos différents protagonistes.
Lire entre les lignes de cet opus est absolument nécessaire pour en savourer toute la subtilité. Mine de rien l'auteur glisse ici et là quelques allusions et piques bien senties à notre monde devenu assez fou depuis deux ou trois ans.
Cet immeuble de cinq étages regroupe finalement un condensé de ce qui se fait de mieux ou de pire en ce premier tiers du 21ème siècle. De fil en aiguille, et grâce à une écriture qui gratte, Jacques Bablon cogne dur et mène ou plutôt malmène ses héros avec une grâce jubilatoire.
Tout ou presque part de cet immeuble, c'est presque un « huis clos » mais à l'air libre si je puis dire ! C'est étouffant et violent quand on ne s'y attend pas vraiment et par moment un peu de tendresse et d'humanité font leur apparition !
Tout ça tient en 175 pages et c'est un tour de force réalisé par Jacques Bablon pour nous tenir en haleine et faire de son « Noir côté cour » une référence du roman noir que tout amateur du genre se doit de lire et de posséder en cette fin d'année 2020 !
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