Joyland de Stephen King
Whooz : Stephen King
ON : Joyland – Albin Michel, 2014 – Livre de Poche, 2016
Joyland de Stephen King
Chronique de Bruno Delaroque
En commençant ce vieux Stephen King pas si vieux que ça tout compte fait (2013-14), je me demandais sincèrement ce que j'allais trouver. La 4ème de couverture étant fort succincte (j'aime autant ça qu'une 4ème qui déflore une bonne partie du roman) ; allais-je retrouver la magie de « 22/11/63 » ou plutôt le goût d'inachevé de « Dôme 1&2 » qui me mena au bout de 1200 pages haletantes sur une conclusion indigne de ce nom ?
Aujourd'hui je sais vers quelle tendance balanceront mes conclusions et sans nuance possible.
« Joyland » est un superbe bouquin où le talent de King s'exprime naturellement avec une facilité déconcertante. L'auteur n'est jamais aussi bon que quand il se met à raconter des histoires presque ordinaires, celles de la vie de l'amour et de la mort.
En nous soumettant la vie de Dévin Jones, un étudiant de 21 ans, il nous renvoie vers notre propre jeunesse, plus ou moins insouciante, celle qui nous ramène à la découverte des choses de la vie.
Notre héros va faire son apprentissage en travaillant toute la saison d'été à « Joyland », parc d'attraction de Caroline du Nord, avec ses attractions principales, « Thunderball, la Carolina Spin » ou encore « La Maison de l'horreur ».
Et c'est là que toute la magie de l'auteur opère. Avec des protagonistes profonds et bien typés, il nous fait pénétrer l'univers forain avec ses règles et ses facettes inconnus du grand public. Il dévoile un merveilleux mis en place par une poignée de gens passionnés dont le seul but est de faire naître des étoiles dans les yeux des enfants et de « vendre du bonheur ». Implacable et très réussi avec ses descriptions étoffées, « Joyland » est un parc d'attraction des années 70 à l'ancienne, rien à voir avec les mastodontes fabriqués de toutes pièces au 4 coins du monde : « Dans les parcs Disney, tout est scénarisé, codifié,et je déteste ça ….ce sont des maquereaux du divertissement » peut on lire à la page 94 ! Hum, Disney et King....il semblerait que ce ne soit pas le ticket gagnant.
Saupoudrez le tout d'un crime ancien, d'un fantôme apparaissant de temps en temps, d'une voyante nommée « Fortuna », d'une bande de potes travaillant ensemble, d'un propriétaire de parc très âgé, Mr Eastbrook, tout gamin lorsqu'il évoque son parc et la vie de forain, et un « Howie » en fourrure, véritable mascotte qui fait hurler de rire les bambins, et vous ne serez pas loin d'avoir tous les ingrédients d' un riche scénario. Ne manque plus qu'un Chef pour les assembler, ce que fait le natif de Portland de la meilleure des façons.
Peu de fantastique cette fois ci, juste ce qu'il faut pour étayer le propos. Avec humanité et empathie, on retrouve le souffle épique que sait si bien distiller Stephen King quand il est très en forme. Avec un parfum de nostalgie surannée, King nous prouve une fois de plus qu'il est un raconteur hors pair qui sait aller nous chercher là où il le faut. Votre serviteur y est allé de sa petite larme, et je vous avoue que je ne m'attendais pas à me laisser autant emporter par ce scénario touchant nimbé de mystère et d'altruisme. Qu'est ce que c'est bon d'être encore étonné par le grand King. MERCI !
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