Diamants sur Macchabées de Michael Fenris

Whooz : Michael Fenris
ON : Diamants sur Macchabées – Eaux Troubles, 2019, 2021(Poche)

Diamants sur Macchabées
de Michael Fenris

Chronique de Bruno Delaroque

Cette sortie poche chez Eaux Troubles éditions est pour moi l'occasion de découvrir un nouvel auteur : Michael Fenris. J'en ai souvent entendu parler, vu ici et là des couvertures et retours flatteurs de lecture, mais je ne l'ai jamais lu et je n'ai jamais croisé le bonhomme sur un salon.

Deux chapitres seulement et je découvre une ambiance et un style qui me plaît entre les fameux romans noirs américains à la Chandler avec Philippe Marlowe et les Nestor Burma à la française de Léo Malet.

Une atmosphère sombre et un temps pluvieux, un imperméable, une flasque d'alcool et une authentique Pontiac Le Mans de 6,4 litres complètent le décor dans lequel Jeffersson Fergusson, ancien flic désormais détective privé va évoluer.

Retrouver David Llerellyn, disparu depuis quelques jours est la mission que confie Vera, la sœur de David, une jeune femme plutôt attirée par le fric et le luxe.

Roman noir au style affirmé avec visite des lieux sombres de la ville, bars louches et boites de jazz d'une autre époque, salle de boxe sentant la sueur et la testostérone, tout y est dans ce classique du genre. Les balles sifflent souvent aux oreilles de notre privé et lorsque les flics entrent dans la danse, on peut légitimement se demander qui sont les plus pourris.

Les diamants brillent et les gangsters sont de vraies brutes épaisses à la cervelle absente, plus à l'aise avec un flingue qu'avec l'intelligence qui les a visiblement oublié. Cicatrices profondes, œil torve et gâchette facile, les méchants sont vraiment méchants et l'atmosphère est noire comme dans les classiques films de truands.

Ici , on cause avec les poings, on intimide, on élimine ou on brûle et la panoplie des mauvaises rencontres est longue comme le bras.

Ville crasseuse, le voyage à Pleasure drive est presque un aller sans retour. Du lac cimetière aux tristes pavillons décrépis, on a une impression de fin du monde et de mort qui donne à ce roman une tonalité bien morbide. Rien que ces deux chapitres valent le déplacement, enfin la lecture, tellement on sent poindre une espèce de tristesse insalubre, fangeuse, noire et presque insoutenable.

Fatalité du temps qui passe, d'une ville rattrapée et dépassée par la pourriture, c'est un constat d'échec sans appel d' une modernisation voulue qui a complètement échouée !

Les personnages ont un charisme de bas étage pour certains et une haleine de chacal,Tyler Bridge en tête, le chef de la police. Ancien partenaire de Jeffersson il y a dix ans, il tient plus du mafieux russe que du fonctionnaire en responsabilité.

Personne n'est blanc ou noir, et chacun encaisse les coups et tente tirer son épingle du jeu. A ce jeu là notre détective n'est pas le moins futé, mais chaque pas de plus dans l'enquête s'avère être très dangereux.

Ce roman est formidable pour son ambiance de roman noir du début à la fin. J'ai eu l'impression d'être transporté dans une autre ère et c'est particulièrement réjouissant. Bravo Michael Fenris pour votre scénario et à Eaux Troubles pour cette publication. C'est un coup de cœur Whoozonien de votre Serviteur pour cette enquête de Jeff Fergusson.


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