Atomic film de Viviane Perret

Atomic film de Viviane Perret

Whooz : Viviane Perret
ON : Atomic film - La Manufacture de Livres, 2021

Atomic film de Viviane Perret

Chronique de Bruno Delaroque

Une fois de plus, La Manufacture de Livres publie, avec ce roman de Vivianne Perret, un texte qui sort de l'ordinaire et se démarque.

Le Nevada a toujours été un terrain de jeu mystérieux aux expériences diverses pour les Etats-Unis. La Zone 51 plus récemment et les essais nucléaires menés à partir des années 50 font de cet état des States un lieu vers lequel ont souvent convergé les regards et bien plus tard les interrogations.

Viviane Perret, historienne, scénariste et férue de ce « grand » pays nous livre à travers le prisme de glorieux personnages, Howard Hughes et John Wayne pour les stars; et d'autres anonymes, Indiens, fermiers et Mormons ; une vison réelle et terrible des essais nucléaires des années 1950 du coté de L'Utah et du Nevada, mais pas que.....

Ainsi en 1969, on découvrira qu'Howard Hughes, milliardaire aventurier, producteur de cinéma, et coureur de jupon invétéré, était complètement obnubilé par les microbes et finira tristement dans une espèce de folie dangereuse.

Mais avant cela, nous aurons droit aussi à une peinture au vitriol du monde du 7ème Art avec ses stars cabotines, et les mondanités sous paillettes, une radiographie peu reluisante !

Pour rentrer dans le vif du sujet, non loin de là, les Peterson entame la transhumance de leur troupeau de moutons de 2500 têtes leur permettant de vivre à défaut d'être riches. Sauf que le cheptel semble frappé d'un mal mystérieux avec l'apparition de tâches blanches et des bêtes mettant bas prématurément des agnelets fantomatiques à la peau transparentes et présentant des difformités.

Les frères Petterson ne sont pas les seuls à être frappés par ce mal, les éleveurs du coin ont tous le même problème. Nous sommes aux alentours du 19 Juin 1953, et l'histoire des essais nucléaires en plein air dans le désert du Nevada est en marche depuis quelques temps.

Le roman va se faire croiser Hollywood, ses stars, et les autochtones dont le destin sera tristement lié à tout jamais, par le fait d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

C'est une période où la peur du Communisme est totale avec la Guerre Froide et dans ces états de l'Ouest américain où la religion Mormon est très forte, on a une population d'indiens et d'éleveurs.

Les indiens déjà spoliés par les blancs avec le vol de leurs terres cent ans plus tôt vont subir la double peine. Le Dieu « Atome » commence à frapper hommes, femmes, enfants et bêtes, de toute sa puissance destructrice, vaporisant le territoire de son invisible aura de mort. Nevada Proving Grounds est un fleuron militaire, mais également à la base d'un scandale d'état, né de 1951 à 1953 avec des essais nucléaires à l'air libre et en « toute sécurité » accompagné d' une communication assurant les populations d'un risque zéro. Mensonges à tous les niveaux!

Propagande toujours avec John Wayne la vedette en fer de lance anti-communiste et ventant les mérites de l'Américain qui se doit d'être un héros. Derrière la légende et les fastes des studios de cinéma, il y a beaucoup à décrypter.

De 1954 à 1956 alors que les ranchers se demandent ce qui est arrivé à leur troupeaux décimés, à leurs amis, enfants et femmes, malades de maux mystérieux, on assiste à un grand cirque médiatique, preuves à l'appui, que les essais nucléaires n'y sont pour rien. On va jusqu'à inventer de nouvelles maladies et syndromes pour cacher la vérité pourtant évidente, le tout avec une mauvaise foi rare et inégalée.

Je ne peux m'empêcher de faire un certain parallèle avec la situation épidémique de « Covid » où on désigne le chaland ne respectant pas les geste barrières comme coupable. Pour cacher la « vraie » vérité on reporte et on fustige la responsabilité sur les autres. Ceux qui montrait du doigt les essais atomiques étaient vite traités de « communistes », comme on traite aujourd'hui de « complotistes » ceux qui réfutent nombres de données de la crise Covid.

Ce livre c'est l'histoire d'un tournage maudit où la moitié de l'équipe de tournage a choppé des cancers, le grand John Wayne en premier. Ce film (« Le Conquérant ») tourné en extérieur à Saint George en 1953 restera comme celui où les équipes furent exposées pendant trois mois à la radioactivité de la bombe « Dirty Harry » du 19 Mai 1953 et où 91 personnes ont développé des formes de cancer sur les 220 que comptait l'équipe de tournage.

Romancé et documenté, ce scénario remet en place l'histoire dans l'Histoire et apporte un éclairage édifiant sur ces gens sacrifiés. Que voulez vous, à part des fermiers, des indiens et une équipe d'Hollywood de passage, il n'y a à rien !

Un coup de cœur pour ce livre au plaidoyer explosif qui se lit comme un document et se dévore comme un thriller. Bravo à Vivianne Perret pour ce récit très intéressant qui fait la lumière sur beaucoup de choses .


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27/04/2021
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