
La dame blanche de Denis Zott

Whooz : Denis Zott
ON : La dame blanche – Hugo Poche Suspens, 2022
La dame blanche de Denis Zott
Chronique de Bruno Delaroque
Tout est dingue dans ce livre ; les personnages principaux et secondaires, le scénario, et l'auteur lui-même. Ce roman démarre sous tension avec Johnny et son équipe de bras cassés en train de « faire un coup » juteux et facile, la nuit en pleine campagne dans une propriété inquiétante. Mais ce qui était prévu et millimétré s'avère différent dans une ambiance lugubre et surréaliste !
Quatre chapitres déjà et après une folle virée de l'Yonne au Tarn, on passe par tous les états, preuve que l'auteur n'a rien perdu de son savoir-faire depuis le fameux « Maudite » (Hugo Thriller 2018). Un kidnapping, un accident bizarre aux portes d'un village au nom improbable de Puech Begou, des blessés, des disparus, pas de quoi lambiner, ça pulse !
Et que dire de la famille Renard, j'hésite entre bouseux, pieds nickelés ou sots malins ! Famille peu fréquentable avec Germaine la vieille acariâtre et ses trois fils, dont « le meilleur » sort de taule sont des personnages pittoresques. Germaine, c'est Ma Dalton en pire. La famille Renard est une version moderne des Thénardier avec dans le rôle du souffre-douleur, Césaire ; larbin dévoué portant collier, et martyrisé par la famille au grand complet. Un esclave un peu simplet, un nègre qui porte sur ses épaules des années de brimade et d'esclavage. « Chien » est son nom usuel, alors même que la chienne de la ferme porte le nom de « Roxane ». Glaçant édifiant et révoltant, on en a les boyaux qui se tordent.
La Dame Blanche, elle, on ne sait qui elle est, d'où elle vient, mais elle va foutre un sacré bordel chez les gens qu'elle va croiser. Ce n'est pas nôtre Césaire tout émoustillé qui dira le contraire. Et à Puech Begou, petite commune rurale où il ne se passe jamais rien, l'irruption de cette mystérieuse jeune femme que tous recherchent va flanquer une sacrée pagaille et exacerber les passions.
Avec une première partie enlevée, rythmée par des chapitres courts et une écriture plutôt musclée, Denis Zott plante le décor, une partie de l'intrigue et nous livre un scénario séduisant et virevoltant plein d’interrogations.
On en arrive vite à une situation ubuesque et explosive entre des paysans méchants comme la gale qui se prennent pour des bandits de grand chemin, et un maire (Baron) qui se prend pour un « Seigneur » ayant encore droit de vie ou de mort sur ses terres. C’est décalé, jouissif et complètement irréel au cœur du Tarn vert et si paisible d'habitude.
Au milieu de tout ça, le capitaine Bertrand Roll, chargé de l'enquête et que tous considèrent comme la cinquième roue du carrosse. Pourtant, faisant fi des préjugés et prenant sur lui, il va découvrir peu à peu des choses stupéfiantes.
Prenez La Dame Blanche, le maire Baron, la famille Renard, le soumis Césaire, puis ajoutez une bande de trafiquants sortis directement du Mirail ; je suis certain de ne pas vous surprendre si je vous dis que l'affaire va se corser. Entre rebondissements et balles qui sifflent, ça n'arrête pas même si quelquefois j'ai pu trouver un petit manque de clarté.
Pour le reste, à vous de voir. L'auteur s'est beaucoup amusé visiblement et a dû ramer aussi par moment pour mettre ses idées en ordre. Les 450 pages défilent vite et il vous faudra arriver au terme de cet opus pour connaître enfin le fin mot de l'histoire.
Idéal pour commencer l'année 2022 avec le sourire et en étant d'accord avec les thèmes que dénonce l'auteur dans ce synopsis.
Non, décidément, la Dame Blanche ne sera plus seulement cette sucrerie douce et glacée que tout le monde connaît, mais ce sera aussi un roman agité livré par un auteur en ébullition. Je valide bien volontiers ce nouveau récit bien distrayant aux multiples péripéties.
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