Fermer les yeux d'Antoine Renand

Whooz : Antoine Renand
ON : Fermer les yeux – Robert Laffont (Coll. La Bête Noire) 2020 – Pocket, 2021

Fermer les yeux
Antoine Renand

Chronique de Bruno Delaroque

Enfin temps pour moi de ne pas « Fermer les yeux » et de découvrir Antoine Renand dont j’ai toujours entendu dire beaucoup de bien. J'ai tellement de livres qui m'attendent ; je dois bien vous avouer que dernièrement je l'avais eu plusieurs fois en mains pour le reposer ensuite avant d’en commencer un autre ! Dure occupation que celle de chroniqueur, surtout quand vous avez un large choix à la maison.

Un prologue saisissant pour lancer cette histoire, l'adjudant Dominique Tassi, un père de famille un peu porté sur la bouteille vit un tragique événement qui fera basculer sa vie pour toujours.

Plus tard, en 2005 à Presles-la-Vallée, un village tranquille de 2000 âmes où tout le monde se connaît, soleil, quiétude et......consternation lorsque Justine la fille des aubergistes, 7 ans, disparaît brutalement des radars en plein milieu de l'après-midi. On la retrouve morte le lendemain après des heures d'angoisse pour les parents. Elle a été martyrisée. A ses côtés, Gabin Lepage, un marginal peu apprécié dans la commune que tout désigne comme coupable.

Village en feu, vindicte populaire, Tassi en proie à ses démons, constatations évidentes, l'affaire est vite résolue.

On se retrouve douze ans plus tard en 2017 pour une consultation médicale, le couperet tombe pour Tassi: il doit impérativement se soigner et c’est en 2019 que l’on voit un nouveau Tassi qui a tourné le dos à son addiction, son passé et ses fantômes. Il a semble-t-il repris du poil de la bête, retrouvé un équilibre et l'envie de vivre, jusqu'à ce qu'un fait divers révélé par la télévision vienne troubler sa relative tranquillité. A partir de là, les événements vont s’accélérer. Nous sommes à un peu plus de 100 pages et le récit est vraiment lancé et même si on n’a pas vraiment lambiné depuis le départ, on sent bien que l'auteur va cette fois ci appuyer franchement sur le champignon.

On fait la connaissance à Paris de Nathan Rey, un jeune auteur considéré comme le grand spécialiste français des tueurs en série.

« Fermer les yeux » est un roman est plein de rebondissements et on découvre au fur et à mesure des situations stressantes et des scènes terrifiantes qui viennent interpeller notre conscience et éclairer la psychologie des personnages.

Une chose ne change cependant pas. Police ou Gendarmerie n'aiment pas qu'on leur apprenne leur métier et que l'on vienne fouiller et enquêter dans leur dos.

Regrets, rédemption, culpabilité, estime de soi, abandon et peut être même bien plus que cela pour Dominique Tassin, notre retraité gendarme qui n'a pas été épargné par la vie ; cette quête de la vérité, de rachat semble être un puissant moteur. Le seul ?

Atteindre le bout du tunnel où brille la lumière est son but avant qu’arrive l’ultime clap de fin.

Le deuxième opus d'Antoine Renand présente une multitude de faits incroyables ou de choses que j'ai pu lire déjà ailleurs. MAIS, ici, c'est raconté différemment et c'est la grande richesse de ce titre. Les personnages comme Tassi, Nathan, et Emma l'avocate sont attachants et le montage de ce scénario est millimétré, synchronisé de façon fort adroite. C'est tout simplement formidable et l'ensemble est très abouti, cohérent, presque magique.

En lisant « Fermer les yeux », on pénètre l’univers sordide des tueurs en série chers à Stéphane Bourgoin. Entrer dans leur tête, comprendre leur motivation, leur fonctionnement est un exercice périlleux et déstabilisant.

Ce roman est une pépite. L'auteur nous avoue à la fin avoir remanié maintes fois ce projet depuis de nombreuses années ; le temps de la maturité afin de nous livrer un scénario époustouflant. Par contre je ne comprends pas la couverture de ce grand format ; limite moche ! C'est d'ailleurs inconsciemment ce qui a fait que j'ai plusieurs fois reposé ce livre. Pas franchement une réussite cette couverture, fallait que je le dise.

Pour le reste, c'est un coup de cœur, bravo Antoine Renand, je ne tarderai à acheter votre premier roman ; ben oui, je n'ai pas assez de livres en attente…sourire !

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