La valse des damnés de Philippe Chlous

La valse des damnés de Philippe Chlous

Whooz : Philippe Chlous
ON : La valse des damnés – La Manufacture de Livres, 2022

La valse des damnés
de Philippe Chlous


Chronique de Bruno Delaroque

Lorsque j'ai entamé cette lecture, je ne connaissais pas l'auteur et je me demandais bien à qui pouvait bien s'adresser « La valse des damnés ». Ce que je peux vous dire maintenant, c'est que c'est un excellent roman. Il est dans la lignée de « La République des faibles » (2021) de Gwenaël Bulteau, publié aussi à La Manufacture de livres que j'avais eu le plaisir de découvrir en avant-première.

1898, Portland, Maine, il fait froid et Henry Kinney va regretter définitivement d'avoir croisé la route du détective Samuel Sullivan.

Ce deuxième opus de Philippe Chlous est une plongée dans le monde des souvenirs. Ceux de la Guerre de Sécession pour Sullivan et Harding, ceux de la misère, de la lutte des classes et d'une existence ratée et balayée pour Kinney.

James Harding, milliardaire mourant, fait appel à Sullivan, son ancien compagnon d'armes, pour régler sa succession. Il doit se rendre en Europe à Paris pour retrouver les deux enfants d'Harding. Un Paris sous pression dans une France coupée en deux par l'affaire Dreyfus, mais aussi une France où la lutte des classes n'a jamais été aussi forte également. Etats-Unis, France, même combat !

Voilà le point de départ de cette intrigue, riche d'histoires et de personnages intéressants. Grâce à une belle écriture, l'auteur nous emmène avec facilité sous la troisième république. Excellent début !

D'une enfance difficile et chaotique, Samuel a survécu. De la difficulté de devenir père et de perdre tout, il a tiré une force. De la guerre, il a acquis le respect et la peur ; c'est ce qui fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui.

1898, abattoir de La villette, le décor est planté. Façon « Gangs of New-York », fameux film de Scorsese de 2002, avec Daniel D-Lewis ; c'est l’arrivée dans un monde brutal et raciste prompt à s'enflammer et à se cogner jusqu'au sang. Le sang est l'opium des bouchers, leur nirvana ; et les abattoirs, leur terrain de chasse et de jeu.

C'est dans cette France ravagée par l'antisémitisme que débarque Sullivan. La tâche sera beaucoup plus difficile que prévue ; le frère et la sœur étant chacun partisan des deux grands blocs qui s'affrontent. Dans ce roman où l'on croise Marcel Proust, Charles Péguy, Emile Zola, Anatole France, André Gide et Georges Clémenceau, c'est un peu la quintessence de la France que l'on rencontre ; celle des droits de l'homme refusant la haine.

Les descriptions sont fines et précises et on intègre au plus profond cette époque trouble à l'atmosphère pesante. C'est très imagé et on sent presque les odeurs nauséabondes des abattoirs ou des bistrots à l'air rance qui remontent jusqu'à nos narines. La sueur, le sang, l'absinthe ou les cris de la rue achèvent de nous planter le décor.

Il y a comme un malaise en cette fin de siècle entre esclavage humain et hygiène douteuse, le chemin vers une société dite « civilisée » est encore long. De misère en violence, de puanteur en massacres, la quête de Sullivan est ardue, d'autant plus que les enfants Harding semblent avoir un sacré destin !

C'est un immense bouquin sociétal et historique, radiographie d'une fin de siècle au milieu d'un imbroglio politique et Sullivan n'est pas comme un poisson dans l'eau.

Et si finalement comme le disait une célèbre série tv ; « La vérité était ailleurs » parce que finalement ce sulfureux roman n'est fait que de faux semblants et bien malin celui qui découvrira la vérité.

Ce scénario se termine entre février et mai 1898. Cela peut sembler lointain, mais pas tant que ça. Ma grand-mère Zélie était née en1898 et le 19ème siècle à travers nos aînés est encore à portée de souvenirs.

Comment l’auteur décide de terminer son roman ; bien ou mal ? Ce sera à vous de le découvrir, ne comptez pas sur moi pour spoiler. Mais bravo Monsieur Chlous, c'est un coup de cœur Whoozone pour de multiples raisons. J’ai passé un excellent moment dans cette presque « République des faibles » en me remémorant mes cours d’Histoire et en étant absorbé par « votre » histoire.



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16/05/2022
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