Souviens-toi de Sarah de Page Comann

Souviens-toi de Sarah de Page Comann

Whooz : Page Comann
ON : Souviens-toi de Sarah – M+ éditions, 2022

Souviens-toi de Sarah
de Page Comann


Chronique de Bruno Delaroque

Mais quel « Putain de bouquin » me suis-je exclamé en refermant ce livre, les yeux humides, emporté par cette lecture et cette conclusion ! Je sens déjà que je vais galérer pour essayer de rendre hommage à cet illustre inconnu de Page Comann, sans rien en révéler et en essayant de vous donner envie de le découvrir.

Pour une fois et c'est assez rare pour le souligner, on sait dès la deuxième page d'où vient le titre. Sarah, jeune adolescente mène une vie de misère dans l'Angleterre des années 60. Une mère partie trop tôt, et son existence déjà peu flamboyante prend une autre tournure.

Douce torpeur et nonchalance d'une vie peace and love succédant à quelques épisodes effroyables, c'est le grand écart dans la vie de Sarah. Dès le départ on sent toutes les turpitudes d'une vie compliquée et subie. Cette amorce de roman n’est pourtant en fait que celle d’un manuscrit envoyé de façon anonyme à Diane, éditrice et directrice chez Sandwood Publishing à Londres.

Est-ce une fiction ou le récit fidèle d'une vie réelle ?

Diane décide d'en avoir le cœur net et part sur les traces de Sarah tellement le contenu de la lecture la bouleverse et semble prometteur.

Les 100 premières pages sont autant une descente en enfer qu'une plongée dans une époque où une fille enceinte et seule est considérée comme la pire raclure de l'humanité, une diablesse, une moins que rien, une traînée. Voyage au bout de l'humiliation, bien loin de toute humanité, tout n'est que crasse et pustules de douleurs que rien ne vient atténuer. Au cœur d'une Angleterre puritaine, d'une Ecosse et Irlande verdoyantes, même la beauté subtile des paysages ne parvient pas à arrondir la rudesse des âmes et à gommer une once de méchanceté.

Diane et son équipe éditoriale sont ébranlées par ce manuscrit. D'hier à aujourd'hui, ils vont découvrir peu à peu l'enfer, des pratiques abominables et l’hypocrisie de la société et de certains privilégiés. Mais ce n'est qu'un commencement et déterrer le passé des années 60 va s'avérer être un sacré défi. On est absorbé par cette lecture tout comme Diane, Ashley, Courtney et Killian. On a envie de tout vérifier comme eux. Plus le scénario avance et plus « Souviens-toi de Sarah » semble s'affirmer comme une fabuleuse lecture.

Peinture sociale d'une Angleterre austère et coincée, radiographies d'une église sombre et d'une bourgeoisie se comportant comme des seigneurs sur leur terre, les petits arrangements entre amis sont légion. On lave son linge sale en famille et on n'est pas loin de la puissance d’un Zola ou d’un Hugo avec ses « Misérables ». Chaque chapitre lève un coin du voile sur l'histoire de Sarah. Telle une brindille balayée par des vents contraires, Sarah est comme un jouet entre les mains du destin et des hommes au sens très large du terme. Heureusement, il y a quand même quelques belles âmes dans ce récit, des gens sur qui s’appuyer, des anges gardiens presque, et les personnages sont pittoresques et pétris de bienveillance.

Dérangeante au plus haut point, cette histoire écrite de mains de maîtres est un grand roman aux relents nauséabonds de charognes putrides que vient édulcorer quelquefois les effluves tourbés de malts comme le Old Pulteney. La vie tente de se frayer un chemin vers l’espoir, une ultime illusion, un dernier souffle, comme une lumière au bout d'un tunnel que l’on n’atteindra jamais. Il y a du R.J Ellory dans ce synopsis, une espèce de force, pas divine du tout, qui pousse chacun de ses protagonistes à une grande fuite en avant.

Diane et Courtney sont deux enquêtrices chevronnées et opiniâtres. Elles remontent le fil du temps et les lieux fréquentés par Sarah, mais ressortir la poussière glissée sous le tapis est de plus en plus dangereux.

Immense roman qui m’a fait traîner dans ma lecture afin de bien en extraire la substantifique moelle, on ne peut nier que les auteurs ont parfaitement réussi leur pari, et bien au-delà...Hé oui, les auteurs, parce qu'ils sont deux sous ce pseudonyme de Page Comann ! Ils donnent à ce récit un ton caustique, grâce à leurs plumes acérées et un sens inné pour choisir les mots à la perfection.

La construction du roman est judicieuse avec les passages alternés entre actions présentes et retours en arrière.

On a pas mal de frissons et les boyaux qui se tordent au fur et à mesure que les chapitres livrent leurs révélations. Vous ne sortirez pas indemnes de cette aventure et vous devriez passer par toutes sortes d'émotions. La conclusion de l'histoire est......et puis non je vous laisse la découvrir. J'y suis allé de ma petite larme, heureux et triste de refermer cette histoire poignante !

Je sais, je radote et je me répète, mais j'ai été touché par cette histoire écrite à quatre mains et je me souviendrais très très longtemps de Sarah ; vous aussi à n'en pas douter. Immense coup de cœur Whoozone pour ce titre.

Merci aux éditions M + et à Nelly Burglin Razik pour leur confiance. Page Comann, c’est-à-dire Messieurs Ian Manook et Gérard Coquet, FELICITATIONS, vous venez peut-être d’écrire le chef d’œuvre de votre vie d’auteurs !


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM


Pour aller plus loin


.

20/07/2022
Retour
Commentaires
Vous devez être connecté pour déposer un commentaire

Derniers Articles

La bande à Picsou par Captain Sparks & Royal Company
Whooz : Captain Sparks & Royal Company ON : La bande à...
Bouteille à la mer de Vilain Coeur
Whooz : Vilain Coeur ON : Bouteille à la mer - AG Group /...
C'est tous les jours de Brune
Whooz : Brune ON : C'est tous les jours (Vendetta...
Voir toute l'actualité des personnalités
publicité

Toutes les images contenues sur ce site sont la propriété de Whoozone. Reproduction Partielle ou Totale est interdite sauf Accord écrit.

Mentions Légales - Politique Vie Privée - Gestion des Cookies

Double-Y