Dernier été sur la côte de Rosalie Lowie

Whooz : Rosalie Lowie
ON : Dernier été sur la côte – Les Nouveaux Auteurs 2, 2022

Dernier été sur la côte de Rosalie Lowie

Chronique de Bruno Delaroque

De l'île de La Réunion avec « L'Aigle noir » de Jacques Saussey (Fleuve noir, 2022) à La Côte d'Opale de Rosalie Lowie avec « Dernier été sur la côte » (Les Nouveaux Auteurs 2, 2022), il n'y a pas qu'un pas et beaucoup de différences à commencer par le climat et la végétation. Il y a pourtant un gros point commun entre ces deux romans, c'est qu'ils sont tous les deux très bons et les lire a été un véritable plaisir.

Une promenade sur la Côte d’Opale, c'est ce que nous propose Rosalie Lowie, originaire de Wimereux, station balnéaire chère à l'une de nos amies, Séverine KD. Elle plante vite le décor avec la beauté sauvage des paysages marins et des dunes côtières de ce secteur du Pas-de-Calais. Pour qui a déjà fréquenté les lieux, on se retrouve en pays de connaissance.

Marcus Kubiak, le flic récurrent de notre romancière (voir « Un si bel endroit pour mourir » 2017) rentre de son footing matinal lorsque son téléphone portable sonne. Au bout du fil, son ami Jonas Becker complètement ahuri et paniqué. Nous sommes début juillet, le 4 exactement, vers 7h du matin.

Une scène de crime plus tard, une femme assassinée et baignant dans son sang, lardée de coups de couteau et Jonas Becker à ses côtés, arme du crime en main, choqué et prostré ; voilà le spectacle que découvre Marcus et Pépé Maclean appelé à la rescousse, un vieux flic à l'ancienne, clopant dur et bouffant tout ce qui passe. Ainsi commence ce « Dernier été sur la côte ».

Triangle amoureux, passés troubles, il y a de quoi pimenter les investigations les plus vastes, Jonas aimant particulièrement la bagatelle, un chaud lapin comme on dit. Un mari, un amant, du fric, d'Avignon à Wimereux, c’est un grand écart et bien des pistes ou des suspects au menu de cet imbroglio sur les rivages du Pas-de-Calais.

Entre atmosphère bourgeoise, presque chabrolienne, des chapitres alternent plusieurs histoires sans que l'on sache comment tout ça va finir par se lier, car on se doute bien que rien n'est laissé au hasard dans ce scénario.

Les hommes de ce récit ont tous des âmes tourmentées, ils sont mystérieux avec leur face cachée ; quant aux femmes elles sont cupides et mystérieuses. Rosalie Lowie explore tous les recoins de la psyché humaine. Ses personnages, elle les travaille, leur donne de l'épaisseur. Tous y passent, Marcus et ses collègues, les suspects, hommes et femmes, maîtresse amant etc....C'est certainement son expérience de DRH qui lui permet cela et le roman n'en n'est que plus réussi. Regrets, noirceur, empathie, sourires, oublis, vieillesse, il y a de quoi broder autour des héros qui traversent l’histoire.

Plusieurs affaires s'étalent dans ce synopsis pas si simple et Marcus et sa précieuse équipe bossent d'arrache-pied, contrairement à Zalesny, le chef tire au flanc attendant sa retraite et préférant les mondanités plutôt que de mettre les mains dans le cambouis.

Dans cette trame, on parle de la vie pas toujours facile, du passé qui remonte, de destins compliqués, d'humanité avec des mains tendus, bref tout n'est jamais noir ou blanc à 100%.

L'enquête piétine, s'englue, et à force de de minuties et d'acharnement, Marcus et son équipe commence à assembler les pièces d'un puzzle de grande taille. Il peut compter aussi sur son amie Zoé Rousseau la douée journaliste pour l'aider.

Des bouts de vie, des traces de malheur, on est presque dans du roman noir, mais c'est surtout un excellent polar. Des flammes de l'enfer jaillira une sombre vérité, résolution d’une investigation où nos héros vont se mettre en danger, révéler leurs failles et leur dévouement

L'air de la côte d'Opale apporte sa touche de fraîcheur revigorante autant qu'un magnifique écrin à ce formidable « Dernier été sur la côte ».

J'ai terminé mes lectures de 2022 avec bonheur. J'ai retrouvé avec grand plaisir Marcus Kubiak (un nom célèbre dans la région lensoise), ce flic apprécié de tous ; et comme le laisse supposer la fin, un troisième volet serait dans les tuyaux....

Merci Rosalie, vous soulignez qu'écrire est difficile, mais dieu que l'aventure est belle, et ce prix « Nordek 2022 » du polar nordiste est amplement mérité !



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