Bleu de Koz
Whooz : Koz
ON : Bleu – Fleuve Noir, 2023
Bleu de Koz
Chronique de Bruno Delaroque
« BLEU » où quand l'eau devient votre pire ennemi peut- on lire sur la couverture. Ce titre passé inaperçu pour moi à la rentrée littéraire de septembre 2022, noyé (sans mauvais jeu de mot)dans la masse de toutes les sorties mérite-t-il notre attention ? Le pitch est intéressant mais il faut bien reconnaître qu’à peine sorti du Covid, on a peut-être envie de plus de légèreté, non ? Alors ce bouquin est-il une énième plaidoirie écologique ou une mise en garde profonde de notre monde malade ? Qu'a donc voulu montrer Koz, cet auteur qui cultive le mystère autour de lui ?
Station météo de Saint Nazaire en Loire Atlantique, deux hommes surveillent les dépressions à venir. Prévoir et moduler la puissance des perturbations est leur boulot. Une menace à une semaine, et c'est quelques coups de fil à passer pour avertir et mettre en branle toute une chaîne de commandement. Sept jours plus tard, le monstre est là, la nature et les éléments se déchaînent, chronique d'une catastrophe pas annoncée et pas appréciée à sa juste valeur.
La tension monte en même temps que les eaux du fleuve. Il semble que tout se succède trop vite, trop mal. La Loire dès Saint Nazaire devient incontrôlable et jette une pagaille inextricable. On se dit que l'histoire est assez classique, déjà vue, mais c'est sans compter sur ce que l'auteur nous a concocté. On est juste au début d'un indescriptible chaos car des hommes dans l'ombre travaillent à on ne sait quoi de terrible et de mortel. Mais chut…vous le découvrirez-vous même.
On est proche dans l'esprit d'un « Black-out » de Marc Elsberg sorti en 2012 où le monde sombre dans le chaos à partir de coupures de courant. Ici c'est limité au bassin de la Loire mais je trouve que ce roman de Koz est bien construit. Les personnages ne sont pas creux, principalement Hugo Kezer et Anne Gilardini, enceinte jusqu'au yeux. Ce scénario de crue est cru et inquiétant, crédible, et de fil en aiguille c'est une course contre la montre qui se joue.
Il y a quelque chose qui cloche en pays nantais et ce n'est pas que la montée des eaux du siècle. L'auteur en profite pour expliquer le fonctionnement des cellules de crises et des responsables en poste, il pointe également le danger que peuvent constituer certains recrutements au cœur d'officines sensibles.
C'est une bonne mise en lumière, un avertissement de ce qui peut nous menacer dans ce que nous utilisons tous les jours: l'eau ! Geste dérisoire et ordinaire que de tourner un robinet pour prélever un peu d'eau. Mais est-ce que cette eau est sûre, comment elle est contrôlée et comment parvient-elle jusqu'à nous ? Autant de questions qui ne resteront pas sans réponse grâce à l’opiniâtreté de quelques hommes et femmes, défiant les éléments et l'autorité des chefs qui cherchent toujours à ouvrir le parapluie pour se couvrir.
J'ai trouvé « Bleu » haletant avec un rythme qui ne s’essouffle pas et des actions qui malmènent nos héros. Koz pose également des signaux destinés à nous faire réfléchir à travers cette fiction qui pourrait finalement n'en être pas une. Comment lirez-vous ce titre et comment vous le comprendrez ? Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'une fois embarqué dans la lecture, vous aurez du mal à lâcher votre livre. C'est ce qui m'est arrivé et c'est plutôt un bon signe, non ?
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