Le chalet des disparus de Ruth Ware
Whooz : Ruth Ware
ON : Le chalet des disparus – Fleuve Noir, 2023
Le chalet des disparus de Ruth Ware
Chronique de Bruno Delaroque
Un chalet en pleine montagne à 2000 mètres d'altitude, accessible uniquement par un téléphérique protégé par un tunnel, c’est le décor. Danny et Erin, cuisinier et hôtesse d’accueil au service des locataires, c'est ainsi que commence ce roman.
Cette semaine ce sont les associés d'une célèbre application ayant le vent en poupe ; « Pister » qui sont attendus. Les membres arrivent et sont accueillis par Erin. Ils s’installent et prennent possession des lieux. Eva, Topher, Inigo, Tiger, Miranda, Rik, Liz, Carl, Elliot, Ani, le « gang » se retrouve au grand complet dans ce luxueux chalet.
On sent dès le départ qu'avec cet écrin isolé et l’éclectisme de ses hôtes, notre auteure va pouvoir s'en donner à cœur joie. Tout est prêt pour un séjour qui va certainement déraper ; reste à savoir comment ?
D'un amical rassemblement des membres de « Pister » dans une superbe demeure, on passe vite au panier de crabes puissance mille. Les apparences sont trompeuses, les rapports entre tous sont tronqués et l'aventure va être croustillante voire saignante. Ruth Ware nous réserve un show froid et cynique où les ambitions des uns et des autres vont s'avérer redoutables.
Bientôt un premier membre de l'équipe va manquer à l'appel. La montagne, elle, ne va pas tarder à rappeler à ces « touristes » urbains qu'elle est une force puissante qui peut se déchaîner. Comme le dit Hamon dans « Jurassic Park » (film de Steven Spielberg de 1993) ; « la nature trouve toujours son chemin ». Et ici la nature, c'est la montagne belle et paisible, majestueuse, figée comme une carte postale qui peut devenir dangereuse, mortelle et punitive en une fraction de seconde.
Alors exit le confort de la vie moderne, les liaisons téléphoniques, l'électricité et le reste. On est seul et cet écrin de quiétude et de paix devient un lieu où les ennuis s'accumulent.
L'impression d'insécurité progresse au fur et à mesure que l'on tourne les pages et que la couche de neige épaissit. On est dans une version alpine et modernisée des Dix petits nègres d’Agatha Christie. Les personnages sont assez caricaturaux mais ils ont tous des choses à cacher et notre romancière est assez futée pour mener en bateau son lecteur, j'en reste persuadé à mi lecture.
Danny et Erin se retrouvent comme des lapins pris dans les phares d'une voiture sur une route en pleine nuit. Ils sont confrontés à des inconnus qu'ils ne connaissent que depuis trois jours et se posent toutes sortes de questions. Qui sont-ils réellement ?
Dans ce récit glaçant au sens propre comme au figuré, le temps ne se définit plus de la même façon. Les heures comptent doublent ou triples allongées qu'elles sont par les conditions météorologiques extrêmes.
Entre thriller et huis-clos psychologique, Ruth Ware mène joliment son histoire et nous fait passer un excellent moment. Je ne suis pas sûr de vouloir partir demain pour une location enneigée nichée au creux de la montagne. L'objectif est atteint avec ce « Chalet des disparus » où la tension monte crescendo et ne faiblit pas tout au long des 432 pages du roman. Bravo !
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