Pentes fatales de Jacques Morize
Whooz : Jacques Morize
ON : Pentes fatales – 2023, Editions AO, André Odenard
Pentes fatales de Jacques Morize
Une enquête du commissaire Séverac
Chronique de Bruno Delaroque
C'est un plaisir de retrouver le commissaire Séverac pour sa dernière enquête lyonnaise. Ce « Pentes fatales » démarre vite avec un incendie semble-t-il d'origine criminelle dans un immeuble et avec également la disparition de la femme d'un notable.
L'investigation est confiée à Séverac et à sa bande de flics qui n'ont pas forcément le physique de l'emploi à vrai dire. Culbuto, Blayeux et Pochet ressemblent plutôt à des clodos avinés à peine propres , ce qui pour faire parler les gens est un atout. Les filles, Gwenaelle, Patricia et Charlotte relèvent le niveau tant au niveau vestimentaire que physique.
Le papa de tous, l'écrivain Jacques Morize s'est visiblement bien amusé en créant cette galerie de personnages hétéroclites et comme dans ses précédents romans (hé oui, il en a une dizaine au compteur), on sent bien que cette équipe arrivera au bout de ces affaires, mais que ce ne sera pas simple.
Ce polar est une ode à la gastronomie lyonnaise et à ses divins breuvages. Bouchons et pots de Saint Joseph ou viognier feront partie du paysage pour le plus grand bonheur de nos trois spécimens masculins, fins enquêteurs aux gosiers pentus en permanence.
« Pentes fatales » est un récit haletant qui met en scène le petit monde des kebabs turques et tout ce que cela comporte. L'agglomération lyonnaise comme bien d'autres en France est envahie par ces « turcs » qui bossent forts, et pas toujours en respectant les lois de la République. Ce dernier opus de l'auteur va nous réserver son lot de surprises et livrer un regard sourcilleux sur les différentes communautés étrangères de la région.
Personnages truculents et enquête compliquée, ce recueil est une perle. On a l'impression de retrouver une bande de potes tout en analysant le tissu de la vie locale, notables et truands entr'autres pour une peinture sociale fort réussie. Vocabulaire riche, clins d'œil et chapitres courts donnent à ce roman un style et une marque de fabrique que je commence à bien connaître. L'auteur ne manque jamais de placer ici ou là quelques bons mots ou références politiques savoureuses à la gloire de nos « politocards ».
Cette histoire est rondement menée et le rythme ne faiblit pas au fil des pages. Les règlements de compte s'enchaînent et les cadavres pleuvent. Flics, légiste et PTS comptent les points en même temps que la pègre locale s'autorégule.
Ce Pentes fatales se dévale tout seul, c'est une vraie réussite où l'auteur a su trouver l'équilibre difficile entre le côté très sérieux de l'enquête et la légèreté de ses bons mots. Comme un Saint Joseph 2020 de chez Christophe Curtat, c'est soyeux, très bon et on a envie d'en reprendre une lichette. Alors Monsieur Jacques Morize , bravo et vivement la prochaine tournée (enquête) de Séverac et de sa bande.
Jacques Morize sur Whoozone.com
Terminus Gerland vu par Bruno Delaroque
Pour aller plus loin
https://www.ao-editions.com/produit/73/9782382000304/pentes-fatales
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