Le seul coupable de Jacques Saussey

Whooz : Jacques Saussey
ON : Le seul coupable – Fleuve Noir, 2024

Le seul coupable de Jacques Saussey

Chronique de Bruno Delaroque

Le dernier Jacques Saussey est arrivé et on retrouve Paul Kessler, cet écorché de la vie dont on a fait la connaissance dans « L'aigle Noir » (Fleuve Éditions, 2022).

Il semblerait que l'ami Jacques ait décidé d'écrire une nouvelle série ! Disons qu'à partir de deux opus, on peut légitimement se poser la question, non ?

On dirait bien que la scoumoune continue pour Paul. Depuis le bar de Gaëtan où il prend son jus de tomate habituel, un épais panache de fumée apparaît près de sa maison. En très peu de temps, souvenirs et lieu de vie familial partent en volutes noires, carbonisés par la puissance de l'incendie. A ce stade-là du roman, on ne sait pas ce que l'auteur va nous réserver et on est triste pour un Paul Kessler frappé une fois de plus par le malheur !

Cet incendie qui s'avère être criminel va obliger Paul à replonger dans son passé d'ancien flic. Chapitres courts, rebondissements, Jacques Saussey attrape son lecteur et ne le lâche plus. Addictif !

Avec beaucoup d'humanité et de sensibilité, le romancier nous emmène sur les chemins d'une vérité biaisée. On tourne les pages et au fur et à mesure, de nouveaux faits apparaissent, des certitudes se brisent et on ressent un plaisir jubilatoire à l'idée de ce qui pourrait se passer. On ne sait rien encore, mais on sait que ce titre va nous tenir en haleine.

Depuis qu'il est arrivé chez Fleuve, je trouve que le style et l'écriture de Jacques Saussey ont prodigieusement évolués. C'est fluide et ça se lit tout seul. Je lui trouve de plus en plus de points communs avec celui qu'on appelle « le Boss », Franck Thilliez himself.

Je vous assure qu'à la moitié du scénario, même si on en sait un peu plus, on ne sait pas grand-chose. Jacques Saussey déroule son intrigue, pose des questions et nous entraîne vers une issue bien floue. Paul Kessler retrouve ses réflexes d'ancien flic et n'a qu'un seul objectif, celui de faire éclater la vérité, qu'il pensait avoir établie à l'époque.

Analyses de personnalités et traits de caractère pas forcément étudiés au départ, la boue et les travers de certains commencent à remonter à la surface. Mais est-ce que cela n'est pas un leurre de plus ? Avec plusieurs intrigues qui se croisent, les investigations sont compliquées et trouver le fil sur lequel il faut tirer pour avancer est très aléatoire. Jacques Saussey est doué pour enfumer le lecteur qui tente d'apercevoir entre les lignes un semblant de piste. Nos enquêteurs sont hélas dans la même configuration.

Il faut attendre pratiquement la dernière page pour que l'on sache. Ce seul coupable est vraiment une réussite, un imbroglio composé par Jacques Saussey avec ses fausses pistes, ses twists, ses personnages attachants et un rythme qui ne faiblit aucunement tout au long de ce scénario.

« Le seul coupable » est un grand cru, dont le héros Kessler porte le nom d'un grand cru alsacien. Il fallait que je mentionne ce détail qui ne peut échapper au caviste que je suis.

Franchement ce « Seul coupable » est une de mes meilleures lectures de cette année. BRAVO

C'est un coup de cœur pour le Whoozone.com !


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