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Ma vie avec Liberace - Un film de Steven Soderbergh

Whooz : Ma vie avec Liberace*, un film de Steven Soderbergh
ON : Au cinéma le 18 septembre 2013

Paradis et enfer au pays du kitsch

La vie avec Liberace (« Behind the Candelabra ») est tiré du livre « Behind the Candelabra - My Life with Liberace » de Scott Thorson et Alex Thorleifson, deux témoins privilégiés de la vie du célèbre pianiste de Las Vegas (Scott Thorson étant à l’écran interprété par Matt Damon).

Ce film est annoncé comme étant le dernier film de Steven Soderbergh qui souhaite faire une pause dans sa carrière.

Photos d'exploitation du film

Liberace était un pianiste virtuose, un artiste qui affectionnait la démesure et cultivait les excès sur scène comme dans sa vie privée. « Ma vie avec Liberace » raconte 5 ans (de 1977 à 1983) de sa vie avec le jeune Scott Thorson. Une relation idyllique qui se dégrada au fil du temps avant de se terminer par un procès.

Performances. Ce film est entièrement tenu par les performances de Michael Douglas et de Matt Damon qui rendent parfaitement la subtilité des émotions de leurs personnages respectifs (le rôle-titre pour Douglas, celui de Scott Thorson pour Damon). Michael Douglas évolue physiquement au cours du film (au grès du temps et de la chirurgie plastique) transforme sa voix pour la rendre plus aigüe (découvrez impérativement ce film en VOSTFR !), Matt Damon, lui, évolue physiquement, n’hésitant pas à s’enlaidir.

Car l’un des secrets de Liberace fut de vivre dans l’image, ainsi que (psychologie de comptoir), d’être à la recherche de son double, d’un autre « lui ». Le spectateur à une longueur d’avance sur le personnage de Scott quant à cette recherche, ayant vu le prétendant que Scott remplace dans la vie du virtuose. Liberace évolue dans un monde d’apparence où la chirurgie esthétique est un simple outil naturel, un monde de faux-semblant où son identité homosexuelle doit être niée, et ne sera jamais dévoilée … Scott ébloui par le pianiste verra ainsi sa vie prisonnière de la vie de la vedette de Las Vegas (sin city - la ville des péchés !) et choisira, par amour, de lui ressembler physiquement, au grès d’opérations chirurgicales, et de prises de drogues diverses.

Mais attention, Liberace n’était pas une personne cynique, il était en contact (c’est lui qui a « inventé » le regard caméra) avec son public, à la fois généreux, sincère, positif, « lui-même », sur scène comme dans sa vie privée, seule sa vie publique était couverte de faux-semblants. Liberace, comme tout le monde, était également une personne avec ses failles. Ce que restitue avec nuances la mise en scène de Steven Soderbergh à la fois factuelle, clinique, mais avec ses touches de lyrisme. Le spectateur n’oubliera pas la dernière entrevue de Scott et de son compagnon, ni l’hommage qu’il lui rend par la pensée lors de son enterrement.

Casting. Le film de Steven Soderbergh brille par ses personnages principaux, ainsi que par ses personnages secondaires. Debbie Reynolds (« chantons sous la pluie ») interprète le rôle de la mère de Liberace. Rob Lowe (méconnaissable et irrésistible) interprète celui du chirurgien esthétique, Dan Aykroyd (ex-Blues Brothers) est le manager témoin des fastes de son protégé.

Prix d’interprétation. Michael Douglas aurait pu remporter celui de Cannes ! Il ne pourra remporter l’Oscar 2013, « Behind the Candelabra » n’étant qu’un téléfilm aux USA (produit par HBO). Dommage !

In fine. C’est à une critique de l’Amérique que nous convie Steven Soderbergh, la traduction littérale de « Behind the Candelabra », le titre original n’étant autre que « derrière le chandelier », l’instrument que Liberace posait sur son piano lors de ses récitals. « Behind », « derrière », Soderbergh nous montre l’envers du décor d’une certaine société américaine. Celle des années 50/80 ?

* Ce film a été projeté en avant-première au Festival de cinéma américain de Deauville 2013 dans le cadre de l’hommage que le Festival a rendu à Michael Douglas et à Steven Soderbergh.