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Interview de Jean-Claude Dreyfus

Whooz : Jean-Claude Dreyfus
ON : Furet du Nord de Villeneuve d’Ascq

Viens voir le comédien

Cette année le Festival Fant'Ascq 3ème du nom de Villeneuve d’Ascq avait comme parrain le talentueux, le truculent, le généreux Jean-Claude Dreyfus.

A l’occasion de la signature de son ouvrage autobiographie, sa « Ma BioDégradable » (Cherche-Midi), au Furet du Nord de Villeneuve d’Ascq, le comédien nous a accordé le privilège d’une interview. Un moment exquis (vous en doutiez !).

Photos exclusives

Jean Claude Drefus au Furet du Nord de Villeneuve d'Ascq

A la question « Qui êtes-vous, Monsieur Dreyfus ? » (question « traditionnelle » d’entrée en matière de nos interviews), la réponse spontanée de Jean Claude Dreyfus fut « Vous n’allez pas faire comme Dali ? »

L’interview ne pouvait mieux commencer.

JCD : « Qui suis-je ? », « que du vieux, un être rare, dans la foule … je suis une personne assez agréable, parrain du Festival de Magie de Villeneuve d’Ascq car, jeune, j’étais magicien, mais je n’étais pas doué ! Ensuite j’ai bifurqué vers le travestissement, puis le cinéma ».

« Quand on fait de la magie, il faut beaucoup travailler, mais comme il y a des trucs, ça me fait beaucoup moins bander (Monsieur Jean-Claude Dreyfus a tenu à souligner le terme). Au Théâtre j’ai toujours l’illusion de me dire « comment fait-il ? », et je ne sais pas quel est le truc – donc, je continue d’être comédien ».

Pourquoi êtes-vous ici ?
JCD : Parce que j’aie le Nord ! J’ai tourné a Lambersart, je me suis également produit au Sébastopol. Lille est une belle ville, très chaleureuse – et près de Paris.
Tout de suite, je suis dans l’attente de vendre tout ça (l’acteur nous montre son étal de livre). Je suis en attente de voir du monde, d’échanger … je vais passer une à un heure trente …

Parlez-nous de votre livre (justement, l’un des motifs de votre présence, ici)
JCD : Mon livre n’est pas un énorme succès, il n’a pas été vu à la télé ! Mais attention, je suis content de l’avoir écrit – c’est une aventure, l’écriture. Il y aura peut-être un « J’acte 2 ».

Ma vie ne compte pas de scandales ! Mais ce n’est pas grave ! Je ne bois pas … etc … mais qu’est-ce que je mange ! (rire).

Mon livre est une bio … mais « dégradable ». Elle raconte une partie de ma vie, et même ma mort, mais c’est une grande fiction (note, l’un des derniers chapitres du livre est consacré à la mort de l’artiste, en introduction, on y trouve une photo de lui en gisant, l’œuvre d’un de ses amis artiste qui a fait de la mort un motif artistique).

Ce chapitre présente ma mort, mais je vais renaître de mes cendres pour continuer à faire du Théâtre et du Cinéma …

Le dernier chapitre de mon livre est baptisé « dernière minute », avec plein d’éléments qui me sont revenus avant de clore le bouquin … c’est un appel à ce que j’en écrive un second …

Mais vous savez ce livre s’est écoulé à 8 ou 10 000 exemplaires, il n’aura pas de réédition, toujours cette histoire de faire de la télé, pour la promo, ou pour être dans la vie des gens –regardez, je viens de faire une vignette de « Scènes de Ménages », pour M6 (un moment fort agréable avec le couple José/Liliane), je vais donc toucher un certain public …

« Ma BioDégradable », pouvez-vous nous donnez une explication de titre ?
J’écris quelque chose qui ne restera pas ! D’où le terme « biodégradable ». Notez qu’elle est faites sur du papier recyclé et biodégradable.
On est tous plus ou moins biodégradables ! Moi, j’ai deux prothèses de hanches, qui resterons, elles (rires).

Sa préface est de Patrice Leconte, c’était important pour vous ?
La préface est de quelqu’un qui me connait bien. Un ami qui m’a (entre autre) mis en scène dans « Ornifle » (1991), un très beau spectacle (note, Patrice Leconte a mis en scène le comédien dans « Tandem » au cinéma ainsi, que dix ans durant, dans la célèbre saga publicitaire où Jean-Claude Dreyfus incarnait « Monsieur Marie »). Patrice Leconte à un humour extraordinaire, je suis heureux qu’il ait écrit la préface de mon livre.

Une petite explication de couverture à présent ! On vous y trouve derrière un masque … Le masque du Diable mais qui peut être également perçu comme celui de la Tragédie/Comédie de la commedia dell’arte!
LA question est de savoir si je mets ce masque, ou si je l’enlève !

Mais après tout, je suis peut-être en train de le remettre !

Une chose est sûre, c’est que c’est un masque de Théâtre.

Justement, passons au Théâtre, maintenant, et plus particulièrement à « Devos-Dreyfus, Hommage sans interdit(s) », votre pièce qui rend hommage à Raymond Devos.
Mon actualité pour cette pièce est que je vais faire une petite tournée dans ces prochaines semaines.
C’est une pièce qui a été créée il y a deux ans. J’y reprends des textes de Raymond Devos, pas forcément les plus connus, certains sont mêmes inédits. Je ne propose pas une imitation de Devos, mais une interprétation.

Les hasards de la vie nous ont fait nous rencontrer chez Harcourt (le studio de photographie) à l’occasion de prises de vues pour un livre qui nous donnait un air de famille. J’ai ensuite repris son sketch « l’artiste » lors de ma nomination aux Molières (pour « Le mardi à Monoprix »), un texte qui parle de subventions, juste devant Frédéric Mitterrand alors Ministre de la Culture (que c’était cocasse !). J’ai obtenu un certain succès avec cette prestation, et c’est ainsi que je me suis plongé dans l’œuvre de Devos.
C’est mon ami Christophe Correia qui m’a mis en scène pour un bel hommage, à la fois drôle et émouvant, sept ans après sa mort. Je n’aurais d’ailleurs pas fait ce spectacle de son vivant.

Je ne sais pas si j’ai du talent, mais en tout cas, cet Hommage ne déçoit pas les gens. J’ai un très bon bouche à oreille, car c’est une interprétation qui rend hommage à l’acteur et à l’homme. Ce qui est un vrai plaisir car j’ai eu du mal à apprendre ces textes, mais j’y suis arrivé. J’arrive à restituer la limpidité de Devos, qui n’est pas évidente.

Jean-Claude Dreyfus, comment faire pour vous détester ? (dans le sens, « JCD, on ne peut pas ne pas vous aimer ! »)
La réponse spontanée et littérale de Monsieur Jean-Claude Dreyfus fut « Vivre avec moi au quotidien ! ».

C’est comme pour tous les artistes, on est souvent déçu quand on les rencontres.

Vous savez ceux qui me déteste ne me parlent pas ! Il n’y a pas de raisons pour que tout le monde m’aime, même les critiques ! (j’ai déjà été attaqué pour mon physique, c’était médiocre !). Je suis un comédien, donc je peux me faire détester. Si les gens ne m’aiment pas, je ne fais rien pour qu’ils me détestent !

Question vaste : pourquoi faites-vous ce métier ?
Je fais ce métier car j’aime les textes, les histoires, le partage avec le public, mes camarades de jeux, qu’ils soient comédiens ou techniciens.

La raison profonde de ma motivation à faire ce métier, c’est raconter des histoires, et donner des émotions aux gens, les faire rire, les faire pleurer, les faire penser, voilà !

Monsieur Dreyfus, nous avons passé un moment extraordinaire, avant de vous remercier pour votre gentillesse, et pour nous avoir accordé de votre temps – dernière question – quels sont vos projets ?
Mes projets, c’est ce sketch de « Scènes de Ménages » que j’ai tourné récemment (je ne connais pas sa date de diffusion !).

J’ai également la sortie prochaine de « Citizen Rose », un film de Jude Bauman avec André Ferréol .

Et au Théâtre, je viens juste de signer, donc je peux en parler, je serai de la distribution de « La Trahison d’Einstein » mise en scène par Steve Suisa au Théâtre Rive Gauche face à Francis Huster. Une pièce d’Eric Emmanuel Schmitt.

Monsieur Dreyfus, Merci.