
« Another Earth » par Mike Cahill et Brit Marling

Whooz : Mike Cahill et Brit Marling
ON : Avec « Another Earth »
Regard sur une « autre Terre »
Récit de la conférence de presse du film « Another Earth » suite à sa projection au festival de Deauville le 9 septembre 2011. « Another Earth » est un film de Mike Cahill, la conférence comptait sa présence ainsi que celle de Brit Marling, l’actrice principale de son film. Mike Cahill et Brit Marling ont signé ensemble le scénario du film.
New Heaven peut se traduire par « Nouveau Paradis », est-ce cela qui a déterminé le lieu de tournage ?
Mike Cahill : « Choisir New Heaven comme lieu de tournage en raison d’une lecture possible du nom de la ville comme « Nouveau Paradis » ! Cette idée ne m’a même pas effleuré l’esprit ! Maintenant, vous m’avez soufflé l’idée, et que je la trouve belle, je ne manquerai pas de la raconter dans d’autres conférences de presse ! ».
« J’ai choisi New Heaven pour des raisons plus terre à terre. Quand Brit et moi avons commencé à travailler sur le projet on s’est demandé dans quel contexte de production on voulait travailler et on a fait avec les moyens du bord car nous sommes tous les deux jeunes ! New Heaven est une ville que je connais bien, avec des décors gratuits, et également l’aide des copains. Je voulais également rendre compte du paysage que représente cette ville semi-industrielle un peu à l’abandon. C’était important pour moi que l’histoire s’inscrive dans ce paysage-là ».
Message du film
Mike Cahill : « Un film d’espoir ! ».
« Il n’y a pas de message didactiques, je ne veux pas donner de leçons aux spectateurs. Par contre c’est un film porteur d’espoir. En soi la question de la confrontation à soi est une question épineuse car on est amené à se jauger. Pour moi il y a ici espoir que la rencontre de l’autre puisse se faire dans la paix, l’ouverture ».
Collaboration entre Brit Marling et Mike Cahill
Brit Marling : « On s’est bagarré tout le temps ! » (rires) « Non, on a une sensibilité commune et la science-fiction nous a permis d’avoir un rapport sérieux au monde et aux êtres qui nous entourent. Chacun a été le premier spectateur ou lecteur de l’autre. Le but était, dans notre collaboration, de surprendre l’autre. C’était très stimulant et ce fut un grand plaisir que de travailler avec Mike qui est quelqu’un de très ouvert. Si vous lui proposez une mauvaise idée, il vous encourage à continuer à chercher ».
Détails et clins d’œil appartenant à la science-fiction utilisés dans le film
Mike Cahill : « Nous avons utilisé des éléments presque rhétoriques propres à l’univers de la science-fiction dans le film. Quand on travaille avec un petit budget il faut utiliser le petit détail qui renvoie à un univers tout entier. D’où la présence d’un livre d’Asimov dans le décor, ce qui permets d’en savoir plus sur la jeune fille interprétée par Brit, sur son passé, sur son environnement, ce que dans un film Hollywoodien on aurait montré par des détours couteux et expressifs. C’est du à nos coûts de prod, mais c’est également ce qui rends notre travail intéressant ».
Sources d’inspiration artistiques, « Mélancholia » de Lars Von Trier
« Lars est l’un de mes réalisateurs préféré, même si je n’ai pas vu « Mélancholia ». Il y a une résonnance assez juste que d’autres films sortent en même temps sur la même thématique (ainsi que « Tree of Life »). Ce sont des films qui incitent les personnes à regarder vers le haut. Dans cette communauté de regard je vois un contexte pour mon film ».
« Un autre réalisateur que j’affectionne est Kristof Kieslowski, le réalisateur de « La Double vie de Véronique », un film réaliste où il existe une dimension divine, une dimension métaphysique qui est rendu avec beaucoup de grâce. J’ai voulu travailler sur le double avec l’esprit de Kieslowski ».
« Another Earth », un film spirituel sans symbole religieux !
« Il y a des thèmes qui sont portés par le film au-delà de sa dimension métaphysique ou spirituelle. Il y a les thèmes qui sont ceux du pardon ou de la rédemption. Ces thèmes circulent dans toutes les religions mais elles ont finalement des causes humaines. Ce sont des choses que l’on porte en soi, quel que soit notre religion. C’est en fait le propre de l’humanité, c’est en soi qu’il y a une dimension métaphysique qui m’intéresse, « Another Earth » n’est pas un film « New Age » dans le sens péjoratif du terme, mais (peut-être) « New Age » dans le sens où il y a un regard porté de l’humanité, sur l’humanité, et donc cette idée de duplication nous donne l’opportunité de prendre du recul pour nous examiner, notamment dans nos comportements. Est-ce que nous nous jugeons digne de notre condition, ou pas ? »
« Mon prochain film portera sur la réincarnation, on en est finalement pas si loin ».
Influences
« Le processus d’écriture et de création est un processus qu’on ne maitrise pas, il correspond à une dimension intellectuelle et même mathématique. Ici on est de l’ordre de l’inconscient qui nous échappe. On est là avec ses désirs et ses pulsions et on produit quelque chose. Je ne peux donc dire qu’elles sont les multiples influences qui m’ont nourris, il n’existe pas qu’une seule trame ».
Regard sur le ciné indé US
« Ce n’est pas un hasard si nous étions à Sundance cette année car la vocation de ce Festival international, c’est de découvrir des jeunes cinéastes Américains. Et ça a été le cas cette année. Le Festival est à la rencontre de nouvelles histoires, de nouvelles approches. Je fais partie de ce courant-là, le cinéma indépendant US n’est pas mort ! Nous avons bénéficié d’une aide financière d’une association à but non lucratif de New York ».
« Des nouveau outils ont rendus le cinéma beaucoup plus démocratique, il y a plus de films qu’avant, avec également des perles rares. Les auteurs sont également soutenus ».
Qui êtes-vous ?
Mike Cahill : « Another Earth » est mon premier film. J’ai fait des études d’économie, tout comme Brit, j’ai deux ou trois ans de plus qu’elle, donc j’étais avant elle ! Je ne dirais pas que c’est la voie royale pour faire du cinéma mais finalement ça l’a été car il fallait faire ce que nous avions envie de faire. Ensuite j’ai fait des docs, notamment pour le National Geographic, ce qui m’a fait voyager. Avec Brit nous avons travaillé sur un doc sur Cuba. Je pense que la meilleure école pour travailler un jour sur un film de fiction, c’est le documentaire car vous comprenez que les émotions humaines authentiques ne sont pas clichées et qu’on ne peut les décrire à la légère. C’est riche de cette expérience là que nous nous sommes attelé à la fiction, Brit et moi, en essayant d’avoir quelque chose de très contenu, de très contrôlé pour aller au plus juste vers les émotions qu’on voulait décrire ».
Brit Marlin décrira, elle, sa sortie de tournage où elle côtoya Laetitia Casta, il y a un mois de cela. « Pour connaitre un acteur il faut le voir quand la caméra n’est pas sur lui, et là, Laetitia Casta (ainsi que Susanne Sarandon) ont été merveilleuses, faisant preuve d’une générosité, d’une grandeur d’âme incroyable.
Le fondement de métier d’acteur est de se glisser dans une seconde peau et de donner une vérité à un personnage qui n’est pas soi – que ce soit dans un film avec beaucoup de moyens, ou pas. Il faut créer des instants de vérité, et c’est pour ç a que je continue ce métier.
Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM
Sur "Another Earth"
Retour sur le premier film de fiction de Mike Cahill
Regard de Mike Cahill et de Brit Marling
Sur "I Origins"
"I Origins" vu par son équipe
https://www.whoozone.com/actualites/article-2613-201410032613-i-origins-un-film-de-mike-cahill.html
Ce que nous pensons du film
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