Les humeurs noires de Marie Vindy et de Colin Niel

Les humeurs noires de Marie Vindy et de Colin Niel

Whooz : Olivier Vanderbecq, Marie Vindy et Colin Niel
ON : « Chiennes » (La Manufacture de Livres, 2015) et « Obia » (Le Rouergue, 2015)

Rendez-vous en terres inconnues

Regard croisé entre « Obia » de Colin Niel et « Chiennes » de Marie Vindy

Les rencontres se suivent et se ressemblent dans leurs qualités chez « Humeurs Noires » de Lille, la nouvelle librairie consacrée aux littératures noires sous toutes leurs formes. Au programme du jour*, la rencontre croisée de deux auteurs aux univers singuliers : Marie Vindy (« Chiennes » (La Manufacture de Livres, 2015)) et Colin Niel (« Obia » (Le Rouergue, 2015)) autour de leurs livres respectifs. Une rencontre encore une fois orchestrée avec passion par Olivier Vanderbecq, maitre des lieux et auteur lui-même. Le fil rouge ! Et s’il s’agissait d’un certain portrait de la jeunesse ? La rencontre entre Colin Niel et Marie Verdy, un rendez-vous en terrains connus pas si connus que ça. Récit. 


Les forces en présence

Marie Vindy est chroniqueuse judiciaire, « Chiennes » est son septième ouvrage. Son auteure le décrit comme : « Un livre « nécessaire ». Un livre qui parle de la ruralité, un milieu rarement exploité dans le monde du polar. Une micro société où l’on retrouve tous les thèmes du polar, mais en petit ! ».

Colin Niel est ingénieur en environnement, et a travaillé en Guyane pendant 6 ans : « Ce qui m’a intéressé en Guyane c’est l’interaction entre Nature et Culture. « Obia », mon troisième livre, se déroule au bout du monde et mêle croyances et problématiques sociales inhérentes à la Guyane, ce département français ».


Mettre face à face « Obia » et « Chiennes »

« Obia » et « Chiennes » sont deux ouvrages abordant les problématiques de la jeunesse, deux livres qui posent également un regard pertinent sur l’état de la France. La drogue est le quotidien de la jeunesse décrite par Colin Niel, la prostitution celle décrite par Marie Vindy.

Marie Vindy : J’ai placé mon action dans une cité Dijonnaise qui me permet de parler des femmes, des filles et des sœurs … (des structures familiales) face, par exemple, au machisme des cités. Ce qui me vient de beaucoup d’audiences que je fréquente. Celles où on y parle de problématiques de mœurs, mais pas de « tournantes » (les chroniqueurs judiciaires ne pouvant pas les suivre). Il me tenait à cœur de parler des prostituées qui sont des victimes sociétales. L’un de mes personnages va en Suisse se prostituer, son fric passe ensuite en fringues et en futilités. Avec ce personnage je montre la porosité entre les trafiquants et la prostitution. « Plus les chiens te déchirent » devait être le titre de mon livre, « Chiennes » montre la capacité que le monde extérieur a à nous empêcher d’avancer dans la direction que l’on veut.

Colin Niel : Je ne suis pas tellement éloigné de Marie, « Obia » est un livre centré sur la question de la jeunesse dans une ville en explosion démographique. Mon action est basée également dans une cité, la « Cité Carton », avec une jeunesse qui n’a pas de travail et où ce qui rapporte est illégal. Le trafic de la cocaïne est ici sans la logique des gros bonnets de la drogue, avec « Obia » je traite des « mules », une aubaine pour les trafiquants de drogue qui exploitent des jeunes sans papiers et sans casiers. Un trafic banal pour eux et cautionné par les parents ! Sur « Obia » je me suis particulièrement centré sur les mules masculines (le phénomène touche également des femmes enceintes !).


Petits trafics et conséquences

Colin Niel : Ce qui m’intéresse dans « Obia » et dans le trafic de cocaïne, c’est de voir que le tabou a complètement explosé. La cocaïne est une drogue qui n’est pas consommée en Guyane, la cocaïne est un problème de blanc ! La Guyane est concernée par l’herbe ou le crack ! La peur de se faire prendre existe, mais les cas de réussite sont plus nombreux et posséder le beau scooter fait rêver le mâle de 19/20 ans ! (Le tuning également). Le héros de mon livre a 25 ans et il a appelé sa fille « Jay Z » !

Marie Vindy : Mes personnages arrivent à économiser, mais peu. Ils auront une ou deux « BM » ou un petit pavillon à Marrakech ! Tout au plus. Ils ne sont pas très malins, leurs trafics sont loin de la French Connection !


La notion de frontière

Marie Vindy : La frontière Suisse se traverse facilement grâce aux directives européennes. « Chiennes » présente une mineure allant se prostituer en Suisse, c’est le seul truc qui coince. Cette mineure a pris la carte d’identité de sa sœur. Après deux ou trois ans d’activités elle sera ruinée physiquement et gynécologiquemant.

Colin Niel : La notion de frontière est différente en Guyane. Le territoire Maroni est un territoire à part entière. En Guyane on passe d’un territoire à l’autre en permanence. Le trafic de cocaïne entre Surinam et Guyane n’est qu’un flux permanent avec une frontière difficile à contrôler.


Les codes bafoués – Ceux de la moralité, ceux de la famille

Marie Vindy : Les milieux que je décris n’ont pas de codes moraux ! La morale a été déplacée sur autre chose. La morale est pervertie. La prostituée existe, mais la tradition la chasse de sa famille.

Colin Niel : L’ « Obia » est un élément de la culture et des croyances chez les Bushinengés. C’est une croyance quasi religieuse qui bannie la drogue, c’est aussi et notamment un rituel magique pour s’en protéger. Les mules pratiquent l’obia avant leurs voyages afin de se protéger des douaniers et de la police.


La violence – Crue chez Marie Vindy, visuelle (romancée) chez Colin Niel

Colin Niel : La Guyane est un territoire violent. « Obia » parle du trafic de cocaïne et également des conséquences de la guerre civile du Surinam.

Marie Vindy : La violence de « Chiennes » est plutôt verbale. Pour « Chiennes » j’ai eu accès à des retranscriptions d’écoutes, des écoutes téléphoniques, des écoutes de parloir, ou des écoutes de voiture. Les conversations et les mots employés y sont violents. C’est par ces discutions que l’on a accès à l’autre corps, celui des policiers.


La gendarmerie

Les enquêtes de « Chiennes » et d’ « Obia » se déroulent au sein de la section de recherches de la gendarmerie nationale, celle de Dijon pour « Chiennes », celle de Guyane pour « Obia ». 

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Un mot de conclusion :

« L’horreur au quotidien est l’horreur la plus absolue car elle est banalisée ». Marie Vindy.

 

* Le 18 décembre 2015


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM

Humeurs-noires-acte-1-olivier-norek-et-nicolas-lebel.html


Pour aller plus loin

http://www.marievindy.com/

https://www.facebook.com/marie.vindy

https://www.facebook.com/ColinNielAuteur

http://www.humeurs-noires.org/sous-les-pav-s-la-page-.html

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05/01/2016
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