Le fruit de mes entrailles de Cédric Cham
Whooz : Cédric Cham
ON : Le fruit de mes entrailles – Jigal, 201mmmm
Le fruit de mes entrailles
Cédric Cham
Chronique de Bruno Delaroque
« Noir et Sauvage » indique le bandeau rouge sur la couverture où l'on voit une moto filant à vive allure. Après avoir avalé à tombeau ouvert les 280 pages du « Fruit de mes entrailles » de Cédric Cham, je ne peux qu'abonder dans ce sens, et bien que n'étant pas toujours très fan de ces bandeaux racoleurs souvent surfaits, je dois bien avouer que ces deux mots collent à merveille à ce roman. Bravo à Jigal Polar et à Jimmy Gallier de publier ces pépites concentrées de noir où la vie part en vrille au hasard des rencontres et aléas de la vie.
« Le fruit de mes entrailles » est l'histoire croisée de trois êtres englués dans le tourbillon de la vie : Vrinks, d'abord, fiché au grand banditisme et qui purge dix ans de taule ; Amia, ensuite, jeune femme d'une vingtaine d'année tombée dans les griffes de proxos de la pire espèce, et enfin celle du Capitaine Alice Krieg, flic tenace qui ne vit que par et pour son boulot.
Hasard de la vie et concours de circonstances, ces trois là vont se trouver embarqués dans une folle histoire sans temps mort. Juste le temps peut-être de s'apercevoir en cours de route qu'ils sont tous passés à coté de leur vie, de leur existence et que le temps perdu ne se rattrape jamais.
Alice Krieg voit un événement particulièrement intrusif venir bouleverser le cours d'une vie qu'elle croyait maîtriser de A à Z. Simon Vrincks apprend au parloir de la prison par son ex-femme que le corps de sa fille Manon a été retrouvé mutilée dans les eaux d'un fleuve, il n'a alors plus qu'une seul idée : se tirer et retrouver le ou les salopards qui l'ont tuée. Amia quant à elle trouve la force et le courage de fuir ses bourreaux lorsqu'elle réalise qu'elle est enceinte. Deux indices pour Simon et Amia, deux signes pour deux individus au cœur brut et à l'âme ravagée ; par la douleur et l'envie de se comporter enfin en père pour l'un, par l'envie d'être une mère protectrice pour l'autre ; deux signaux de départ pour une nouvelle vie, une cavale, un désir de rédemption et tant pis pour ce qui se passera. On ne regarde pas dans le rétroviseur et on fonce !
Alice, Simon et Amia, ces êtres brisés ont finalement plus de points en communs qu'il n'y paraît. La vie dans toute sa splendeur et sa misère. Celle qui passe trop vite et dont il ne faut manquer aucun moment de bonheurs. Spleen du flic, du taulard ou de la pute, même combat, imparable. Leurs vies, leurs ennuis ou leurs « tu meurs » est une fuite en avant parsemée de violence et de morts.
Cédric Cham n'a pas son pareil pour mettre en scène des personnages que l'on a peine à juger. Ces derniers sont attachants, vivants, à fleur de peau et l'auteur est bien rentré dans le giron de la maison Jigal que l'on reconnaît à ses thèmes abordés, du noir sans concession, du brutal, du polar sociétal, marque de fabrique de l'institution marseillaise.
Alors « Noir et Sauvage » disait le bandeau de couverture ! Je pourrais ajouter « violent et sanglant », « sombre et bestial », « speed et addictif ». On tourne les pages de ces vies qui défilent dans un rythme fou en même temps que l'on se prend à espérer une vie meilleure pour ces écorchés vifs à deux doigts de sombrer définitivement dans la folie.
J'ai adoré et vite lu cet opus qui n'est pas sans rappeler les bouquins de Job (Jacques Olivier Bosco) avec toujours ce code d'honneur des malfrats et une formidable histoire d'amour souvent impossible.
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