La disparition de Stéphanie Mailer de Joël Dicker

Whooz : Joël Dicker
ON : La disparition de Stéphanie Mailer – De Fallois éditions

La disparition de Stéphanie Mailer
de Joël Dicker

Chronique de Bruno Delaroque

Deuxième contact pour moi avec Joël Dicker et son œuvre. J'avais commencé par son « gros » petit dernier « L’énigme de la chambre 622 », lu et chroniqué pour whoozone.com en Aout 2020. Aux dire de beaucoup, pas son meilleur, je l’avais trouvé pourtant formidable et je m’étais promis de lire les autres.

Cette semaine, j’ai donc attaqué « La disparition de Stéphanie Mailer », un autre gros pavé ayant contribué au succès de cet écrivain.

Vite et fort avec un quadruple assassinat commence ce livre. Nous sommes en juillet 1994 à Orphéa, une petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’état de New-York.

Vingt ans plus tard, Stéphanie Mailer, journaliste aborde Jesse Rosenberg qui a 45 ans quitte la police. C’est lui qui a résolu l’affaire il y a vingt ans ; son surnom : Monsieur 100% ! Stéphanie lui indique, sûre d’elle, qu’il s’est planté sur ce quadruple meurtre dans les grandes largeurs.

En deux chapitres, le lecteur est ferré, d’autant plus que Stéphanie Mailer disparaît ……..

« Et ça continue encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord » comme dirait Francis Cabrel. Il se passe beaucoup de choses en 75 pages, début d’enquête, rebondissements, Jesse Rosenberg assailli de doutes se remet en mode fouineur aidé par Anna Kanner, une vraie flic, pugnace et intelligente.

Mais quels sont les secrets qui se cachent à Orphéa où tous se connaissent, ses notables, ses habitants lambdas ? Que ce soit en 1994 ou en 2014, il y a des zones d’ombres partout. Entre la disparition subite du chef de la police, Kirk Harvey, désavoué par ses hommes, et une mystérieuse phrase « La Nuit noire » qui commence à se retrouver partout, le mystère s’épaissit.

Par le biais de chapitres qui leur sont consacrés à tour de rôle, la psychologie et la vie des différents protagonistes est tour à tour sondée. Qui sont-ils, pourquoi ils en sont là ? Des dangers de Facebook à l’addiction du théâtre, on découvre peu à peu les personnages et ils prennent de l’épaisseur.

Tout commence à Orphéa en 1994 et l’auteur avec une espèce de mécanique de précision ramène tout le monde à Orphéa vingt ans après. C’est un condensé de gens qui mentent, qui agissent dans l’urgence pour ne pas perdre la face. Chacun a ses raisons qu’il estime légitime pour jouer une partition qui n’est pas écrite à l’avance. Amours cachés et contrariés, puissance et gloire, vanité et orgueil, la vérité sera bien difficile à débusquer pour nos enquêteurs Jesse, Derek et Anna, plus de vingt ans après ! Stéphanie Mailer, la disparue, a mis un beau coup de pied dans la fourmilière, a réveillé certaines consciences ; mais à quel prix !

A la moitié du roman, on a l’impression de lire une œuvre d’une folle complexité, ambitieuse et très addictive, impossible à lâcher ! Histoire à plusieurs tempos et aux ramifications multiples, Joël Dicker n’a pas son pareil pour emmener son lecteur dans les vicissitudes d’une ville de province où théoriquement rien ne se passe. Et pourtant, de façon toute chabrolienne, lorsque la fine couche de vernis se craque, les masques commencent à tomber et c’est en quelque sorte « open bar ».

Tout tourne autour du festival de théâtre de la ville d’Orphéa en 1994 et 2014. Meurtres en 1994, et disparition de Stéphanie en 2014 et surtout, surtout…d’une pièce de théâtre inédite et mystérieuse qui doit être jouée. Ses acteurs sont recrutés sur place par un casting où chacun se met à rêver. Univers aimanté des feux de la rampe et de la gloire à venir, l’auteur nous livre un numéro étonnant. Les éléments commencent à prendre forme, à s’imbriquer, mais avec Joël Dicker les vérités sont souvent trompeuses et on se dit que l’on n’est pas au bout de nos surprises.

« La disparition de Stéphanie Mailer » est un roman « Petit Pouce ». Je m’explique : l’auteur glisse ici et là tout au long de son incroyable scénario des petits cailloux qui passent inaperçus au moment où il les glisse. Et plus tard, bien plus tard, on comprend leur importance lorsqu’on les retrouve enfin à la bonne place, au bon moment pour éclaircir le récit. C’est une marque de fabrique chez Joël Dicker et c’est remarquable.

Le rideau finira par tomber après de multiples rebondissements lors d’une fin haletante au possible, mais à vrai dire on n’a pas réellement le temps de respirer dans cette « Disparition de Stéphanie Mailer ». Je comprends de plus en plus la côte d’amour de cet auteur au sein d’un public très large et j’y adhère totalement. Je vais scruter avec impatience le prochain titre de Joël Dicker annoncé pour mars 2022. Ce sera sa première publication depuis qu’il a quitté les éditions De Fallois qui l’avait révélé au grand public.

C’est un énorme coup de cœur whoozonien évidemment !


Joël Dicker sur WHOOZONE.COM

L’énigme de la chambre 622 vu par Bruno Delaroque

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