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David Coulon et Gilles Caillot chez Humeurs Noires

Whooz : Olivier Vanderbecq, Gilles Caillot et David Coulon
ON : Humeurs Noires, Lille

Borderline

« Il est 20h10, nous avons une heure vingt max d’entretien » telles seront les premières paroles professées par Olivier Vanderbecq en ouverture du troisième rendez-vous fixé par « Humeurs Noires », la nouvelle librairie lilloise – son antre. Le maitre des lieux n’a jamais caché son côté « Monk » (voir notre « interview-découverte »), général de l’armée romaine et métronome dans d’autres vies, c’est « à la baguette » (et toujours avec passion) que l’auteur mena les débats, la rencontre croisée entre Gilles Caillot et David Coulon deux auteurs ayant abordés des sujets « Borderline » dont la pédophilie. Olivier Vanderbecq a choisi d’axer sa rencontre sur les deux derniers livres de David Coulon : « Derniers feux sur l’aurore » (Asgard, 2013) et « Le village des ténèbres » (Editions « Les nouveaux auteurs », 2015 - Lauréat du Prix du polar VSD 2015) ainsi que sur « L’apparence de la chair » (Editions du Toucan, 2012) et « La couleur des âmes mortes » (Edition du Caïman, 2015), tous deux écrits par Gilles Caillot.

Présentation des forces en présence

Gilles Caillot

Gilles Caillot : Gilles Caillot, c’est mon vrai nom, et non un pseudo ! Ce qu’on aurait pu penser : Caillot égale « sang », pseudo idéal pour un auteur de polar ! Avec un nom pareil j’étais destiné à écrire du polar ! Ma vie perso est compliquée j’ai six enfants, et je suis directeur de projets informatiques à Lyon. J’écris d’une manière « punchy et visuelle ». J’écris des romans noirs, dans le vrai, sans avoir de temps – je suis toujours en train de courir.

David Coulon

David Coulon : « Oh putain ! » (une interjection qui vient du cœur !). Qu’est que je peux dire pour me présenter ! (« qu‘est-ce que tu veux que je te dise ? » (Textuellement à la question d’Olivier Vanderbecq : « pourriez-vous, David Coulon, vous présenter en quelques mots ? »)). Dans la vie je suis « Psycho » (et pas « Psycho–tique ») et metteur en scène de Théâtre. Je vis en Normandie. Je suis bien évidemment fier aujourd’hui de faire partie de l’aventure d’Humeurs Noires, cette nouvelle librairie lilloise, une grande aventure. (Gilles Caillot avait également souligné sa fierté de faire partie de cette aventure menée par Olivier Vanderbecq).

Place aux livres

L’écriture visuelle

Gilles Caillot s’est décrit comme un écrivain à l’écriture visuelle dans sa présentation. Un point commun qu’il semble partager avec David Coulon.

David Coulon : J’écris d’une manière rapide à la limite du scénario et du synopsis. Je viens du Théâtre, lieu où l’écriture qui se doit d’être rythmée pour être intéressante. Mes récits sont déstructurés comme peuvent être l’esprit des personnages dont je raconte la vie. « Le village des ténèbres » est un « survival » un peu un hommage aux « Damnés » de John Carpenter ou aux « Disparus », la série TV, ou encore « Eden Lake », un film qui présente des « enfants rois ». « Le village des ténèbres » est un film d’horreurs, écrit.

« Il reste 1h08 » - David Coulon, qui se prête au jeu du décompte du timing séré !

Considérations autour du « Thriller »

Gilles Caillot : Pour moi le Thriller c’est le rythme, l’intrigue. Il faut qu’il y ait du suspens, tout le temps. Il faut que le lecteur soit en apnée par rapport à ce qui va se passer. « L’apparence de la chair » est un thriller policier, « La couleur des âmes mortes » est un drame social avec une fin de Thriller. Le « Roman Noir » est un roman d’ambiance, un « Thriller » peut être policier, ou horrifique.

David Coulon : Je n’ai pas de définition du « Thriller » ! J’ai du mal à définir des frontières entre « Roman Noir » et « Thriller ». J’aime David Pierce, il écrit du roman « Noir/Social/Thriller » dans l’Angleterre de Tatcher. Son genre est inclassable, il est « polymorphe ». Après c’est les éditeurs qui classent en catégories, ainsi que les lecteurs mais pour finir, c’est l’auteur qui compte !

Gilles Caillot : « Policier » ou « Thriller », les genres sont clairement identifiés. Il existe une sorte de guerre entre « Policier » et « Thriller » - le « Thriller » se vend plus facilement. Je préfère le rythme dans un bouquin.

La « Pédophilie »

Gilles Caillot : La base de « La couleur des âmes mortes » est la pédophilie mais mon livre est un drame social, un thriller psychologique qui creuse l’âme humaine pour traduire l’émotion.

David Coulon : Le sujet de « Derniers feux sur l’aurore » est la maltraitance. Avec « Derniers feux sur l’aurore » j’ai écrit un bouquin sur l’impuissance de l’Homme (« Homme » étant à prendre dans tous les sens du terme). Mon flic est impuissant car l ne peut rien faire …

Aller au bout de l’âme humaine

Gilles Caillot : J’écris d’une manière visuelle, j’ai des flashs ! Je suis maitre de ma caméra. Dans « La couleur des âmes mortes » je fixe mes plans sur la mère et sur le pédophile. La mère traduit la douleur des parents face à la pédophilie et je me pose la question sur le regard que le pédophile peut avoir sur lui-même.

David Coulon : La genèse de l’Histoire ! Est-ce dur d’écrire sur la pédophilie ? Ce n’est pas plus difficile que d’écrire sur un autre sujet ! Dans « Le village » j’étais dans la création d’une surprise pure, ici, avec « Derniers feux sur l’aurore » il y a un passage dans le texte qui est issu de mon vécu de Psy. Avec mon impuissance. Mon personnage de flic travaille à la brigade des mineurs, il est impuissant face aux événements, je voulais savoir quand il allait péter un boulon. Quand on est dans la fiction on est « no limites », tous découle de la logique.

Gilles Caillot : Mon bouquin est viscéral, avec ce que je ressens. Avec une vengeance, mais rattrapée par une femme. C’est la nature humaine. Mes quatre premiers livres étaient des « Thrillers bourrins », après « L’apparence de la Chair », en 2012, je suis passé au drame psychologique.

David Coulon : Dans l’écriture de « Derniers feux sur l’aurore » j’ai voulu travailler le moment du basculement. La vengeance est le réflexe de mon personnage mais ce qui m’intéresse c’est l’avant et l’après du passage à l’acte.

Il reste 40 minutes de rencontre (note personnelle)

Mettre les mains dans les boyaux !

Gilles Caillot : Nous avons eu du mal à être édité. Les éditeurs cherchent le « grand public ». Mes quatre premiers livres n’étaient pas « grands publics ».

David Coulon : Nous ne sommes pas « Gores » ! Nous sommes peut-être « violents » car nous ne cachons pas la violence. Nous nous sommes emparés d’un sujet pour en faire quelque chose.

Gilles Caillot : La pédophilie n’est pas au cœur de mon sujet dans « La couleur des âmes mortes ».

David Coulon : « Derniers feux sur l’aurore » n’est pas non plus un bouquin sur la pédophilie, mais sur ce qui y mène. La situation exigeait que je décrive sa violence.

Gilles Caillot : Nous sommes des « Jusqu’au boutistes ». J’ai besoin, j’ai envie d’écrire, de traduire la violence de l’être humain.

Le quart d'heure du public

Il reste 21 minutes (toujours une note personnelle), Olivier Vanderbecq livre en pâture ses deux auteurs au public ! Gilles Caillot parlera alors de ses projets.

Gilles Caillot : J’ai des projets de Cinéma. Mon neuvième bouquin aura quant à lui Lyon pour cadre, et sera un ouvrage qui suivra deux ou trois histoires en parallèle avec une histoire de croquemitaine basée sur un fait réel américain ayant existé. Un croquemitaine pédophile, nécrophage et cannibale. Mon roman suivra également l’histoire d’une fille traumatisée dans son enfance avec des parents tués devant elle et une séquestration dans une cave …

David Coulon a divers projets d’écriture en tête. Ses pistes sont encore trop floues pour qu’il en parle en public. L’auteur du « Village des ténèbres » l’affirme, son prochain sujet sera détonnant. Nous le croyons volontiers.