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Un-e-secte de Maxime Chattam

Whooz : Maxime Chattam
ON : Un(e)secte - Albin Michel, 2019

Le sacrifice

Un(e)secte de Maxime Chattam

« Cela faisait beaucoup de choses impossibles depuis le début de l'enquête, songea Atticus » (p105)

Chronique de François C

Après « Le Signal», livre hommage à Stephen King, Maxime Chattam revient au Thriller avec « Un(e)secte », opus dont les tueurs sont insoupçonnables. On jugera bien vite que tout cela n'est que de la science-fiction, mais lorsqu'on saura que la DARPA (l'agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense) a reconnu travailler sur des insectes qu'elle contrôlerait à distance, le caractère fantastique du roman de Maxime Chattam deviendra bien vite relatif. « Un(e)secte », Thriller de choc, met en scène les animaux qui constituent les trois quart de tous ce qui vit sur notre planète : Les insectes et leurs associés. La question est de savoir si ces animaux agissent d'une manière autonome où s'ils sont dirigés par la main de l'homme voire par un mouvement sectaire.

« Le métier d'inspecteur : trouver des voies et se confronter à des culs-de-sac, jusqu'à ce qu'enfin l'une d'entre-elle débouche sur la destination, lorsque c'est possible. Une longue errance sur les routes de la vérité, pleine d'étapes, sans garantie d'arrivée ». (p111)

Des enquêteurs. « Un(e)secte » suit les parcours d'Atticus Gore (ce dernier aurait-il un lien de parenté avec Al Gore ?), flic au LAPD et de Kat (Kathleen) Kordell, détective privée, sur des pistes qui les rassembleront selon la logique d'une histoire menée avec savoir-faire par Maxime Chattam, son auteur. Atticus, flic homosexuel aimant le hard-rock, enquêtant initialement sur la mort suspecte d'un certain Oscar Riotta, blogueur intéressé par les révélations fracassantes, Kat Kordell, enquêtant quant à elle sur la disparition d'une certaine Lena. Tous deux seront confrontés à une « vérité effroyable » (dixit la quatrième de couverture) – et quelle vérité. Celle qui révèle que l'apocalypse guette.

Des personnages. D'Atticus et de Kat les quadras et leurs problèmes respectifs liés à leurs âges, de Lena Fowlings la révoltée et de ses relations avec sa mère, de Galvin Hutchinson et de « son aura démoniaque » jusqu'à Edwin Kowalski « fou misanthrope, mégalo et milliardaire » pour reprendre les mots de Maxime Chattam qui peut se voir comme un personnage de fiction composite proche d'un Jeff Bezos, le patron d'Amazon et de ses projets les plus fous, notamment celui de proposer des voyages touristiques dans l'espace - pour ne citer qu'eux. Le panel des personnages développé par Maxime Chattam dans « Un(e)secte » est remarquable. L'écrivain confesse d'ailleurs en fin d'ouvrage qu'il reprendra son personnage d'Atticus dans un prochain opus (puisse-t-il faire de nouveau équipe avec Kat Kordell).

Que vient-on chercher chez Chattam ? Le livre qui vous clouera d'effroi (à tout prix) ? Un livre qui vous expliquera la société ? « Un(e)secte » est une mécanique de précision où Maxime Chattam manipule son lectorat avec une remarquable maîtrise (est-t-il le romancier de tous les possibles ? De ces écrivains qui font mourir l'un de leur principaux personnages au cours de leur roman ?). Ce au service du frisson plus que de l’effroi et avec un émaillage de réflexions pertinentes sur la société. Dans ce contexte le personnage d'Edwin Kowalski (fondateur d'Enek, puissante société de type GAFA, milliardaire et homme de pouvoir, solitaire – personnage proche d’un Jeff Bezos, le fondateur, principal actionnaire et président-directeur général d'Amazon.com), sous couvert de Nietzsche, s’avérera être un personnage effrayant. Bien plus effrayant encore que le dernier des serial-killer cher au Chattam de la première heure.