
Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri

Whooz : Andrea Camilleri
ON : Le manège des erreurs – Fleuve Editions, 2020
Le manège des erreurs
d'Andrea Camilleri
Chronique de Bruno Delaroque
Triste je suis au moment de rédiger ma chronique du dernier ouvrage du Maître Italien. Andréa Camilleri s'en est allé en Juillet 2019 et et le papa de Montalbano va nous laisser bien orphelin. Cette aventure du commissaire est donc sa dernière publication en langue française, et pour ma part ils vont me manquer tous les deux.
Suivre les aventures de Salvo Montalbano, c'est embrasser la culture sicilienne dans toute sa splendeur. Charme de cette île méditerranéenne et des ses bourgades pittoresques, gastronomie à base de fruits de mer dont Montalbano est un des meilleurs ambassadeurs, des personnages délicieux à la limite de la caricature et des intrigues bien plus complexes qu'elles n'apparaissent au départ, c'est tout ce qui caractérise l'univers de Camilleri. Un plaidoyer pour la Sicile et son indolence de vie où la mafia des Cuffaro et des Sinagra n'est jamais totalement absente.
Comme d'habitude c'est un feu d'artifice de jeux de mots et de langage codé à la sauce Camilleri. Ce n'est pas de l'italien, c'est du sicilien et c'est ce qui fait que les romans de l'auteur sont remplis de pépites de style. Saluons d'ailleurs le travail remarquable de Serge Quadruppani, le traducteur, qui fait vivre la pensée et la langue du Maitre à chacune de ses traductions.
Catarella et sa comprenette engorgée, Fazio fin et intelligent pour deux, Augello le Don Juan du commissariat et le formidable légiste gourmand et irascible, le docteur Pasquano font partie de cette dernière aventure : »Le Manège des erreurs ».
En 256 pages condensées, l'auteur nous emmène dans un scénario plein de faux semblants, de rumeurs et de trompe l'oeil. Notre commissaire vieillissant, ce que ne manque pas de souligner Camilleri dans son dernier opus n'en est que plus attachant. Il perd même l'appétit par moment, ce dont je ne me souviens pas que ce soit jamais arrivé !
Quand on connaît l'attachement de Montalbano pour les plaisirs de la table, c'est une véritable révolution qui s'opère ici. Peut être une façon de montrer un peu plus l'humanité de notre héros qui finit par être atteint par les horreurs du monde qui ne manquent jamais de parvenir jusqu'à ses yeux ou ses oreilles.
L' intrigue est bien nébuleuse et Montalbano ne résoudra l'affaire qu'à l'extrême fin après avoir fait pas mal d'erreurs, d'où le titre du roman.
Quelques calembredaines bien senties seront nécessaires à notre commissaire pour se sortir de situations délicates. Toute son équipe, la belle Livia et même de façon fort surprenante, la mafia finiront par aider notre Salvo Montalbano.
Cette histoire totalement inventée par l'auteur est très adroite avec ses multiples fausses pistes. Il faut avoir essayé d'écrire un jour pour vraiment se rendre compte qu'Andréa Camilleri à près de 90 ans était toujours un immense écrivain et qu'avec son commissaire fétiche, il laissera à jamais une trace universelle dans l'écriture du Polar.
Cette fois ci, avec des jeunes femmes kidnappées et qui réapparaissent peu de temps après, l'auteur nous replonge rapidement dans son formidable monde qui fait que les Montalbano sont des œuvres uniques et à part. Chapeau Monsieur Camilleri, ça fait déjà plus d'un an que vous êtes parti et c'est maintenant que nous réalisons que vous manquez déjà beaucoup de monde !
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