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Le sang de Manchester de Vincent Radureau

Whooz : Vincent Radureau
ON : Le sang de Manchester – Hugo Poche Suspense, 2022

Le sang de Manchester
de Vincent Radureau

Chronique de Bruno Delaroque

Quel plaisir de retrouver Vincent Radureau pour un troisième roman. Après « Le dernier match de River Williams » (Hugo Poche, 2020) et « L'ombre d'un géant » (Hugo Poche, 2021) deux titres absolument passionnant se déroulant dans l'univers de la NBA de basket, changement de cap et de sport cette fois-ci avec une histoire dans le monde du foot.

Manchester United contre Manchester City, rouges contre bleus, nous allons avoir droit à la folie et diverses explications autour du ballon rond.

Le carnaval caribéen dans le quartier de Moss Side, un chantier sur un terrain vague et d'un seul coup la fête vire au drame lorsque l'on découvre au fond d'un trou deux cadavres de jeunes gens adolescents. L'un porte les restes d'un maillot bleu, l'autre ceux d'un maillot rouge. Jusqu'à cette sépulture enfouie la passion est présente.

C'est un cold case à résoudre qui se présente à la police locale et c'est également la première affaire pour la capitaine Molly Doherty flanquée de son nouveau partenaire Fergus Pennycook, le quintal assuré, et grand supporter des Reds.

Le contexte est explosif, une vraie poudrière avec à l'horizon en fin de semaine le derby à Old Trafford devant opposer les deux clubs, et qui verra l'un des deux frères ennemis gagner le titre de champion d'Angleterre. Bref, il y a de quoi tisser une sacrée intrigue dans un monde exalté.

Le tempo va crescendo, la bêtise des supporters dont le QI a la taille d'un petit pois également. Ce roman révèle une ville et une Angleterre fracturée où le Dieu football, ciment de la cohésion sociale, est ici en déliquescence totale et ravive les rancœurs les plus tenaces.

Le sport est un combat où il faut écraser l'autre sur le terrain, et si on ne peut pas le faire sur le rectangle vert, on le fait dans la rue. Il faut faire respecter ses couleurs parce que rien d'autre ne compte et on le fait par tous moyens. Bleus ou rouges, il faut choisir son camp, son équipe, sa star, et il faut triompher.

Ajoutez un journaliste du journal « Le Sun » qui ne connaît pas le mot déontologie et verse de l'huile sur le feu à coup d'articles qui font le buzz, et vous aurez la peinture sociale d'une ville prête à s'enflammer pour un rien. D'ailleurs il ne faudra pas longtemps pour allumer le feu au sens propre comme au sens figuré.

La capitaine Doherty va avoir beaucoup de travail entre attaques personnelles et une enquête qui se dérobe à la vérité.

Sur fond de rivalité entre les deux clubs et les deux peuples de supporters, les investigations progressent lentement. Remonter le fil du passé demande patience, de multiples vérifications, et peut-être même un coup de pouce. Doherty et son équipe ne lâche rien.

Vincent Radureau en profite pour nous glisser quelques explications sur le fonctionnement de la société anglaise et de son histoire. Finalement les pourris sont toujours les mêmes, et l'attrait du fric n'est jamais bien loin.

Bien que se déroulant dans le milieux du foot (sport que je maîtrise depuis plus de 45 ans), et alors que les précédents romans se passaient dans le monde du basket (où je ne connais quasiment rien), je regrette de ne pas avoir retrouvé la magie des deux premiers opus.

Attention, le scénario est bien goupillé et il y a quelques personnages savoureux, mais finalement, il me manque un petit quelque chose.

Vincent Radureau nous offre un roman qui fera le bonheur des amateurs de sport et de polar. Ça se lit facilement et on retrouvera avec plaisir des noms comme Eric Cantona ou Sir Alex Ferguson. Au moins Vincent Radureau sait de quoi il parle et en trois titres, il montre qu'il n'est pas qu'un journaliste sportif chevronné, c’est aussi un bon écrivain.

Vincent Radureau sur WHOOZONE.COM - Chroniques signées Bruno Delaroque

L'ombre d'un géant