Serge Moati au 11ème Salon du Livre de Loos

Serge Moati au 11ème Salon du Livre de Loos

Whooz : Serge Moati
ON : En 2013 avec « Le Vieil Orphelin », son dernier ouvrage

Serge Moati était l’un des invités du Salon du Livre de Loos en 2013, il fut interrogé par Frédéric Launay, journaliste, lors du forum qui lui fut consacré. Ce fut bien évidemment un grand moment, le conteur sachant captiver son auditoire comme personne.

Henry et Serge

« Le Vieil Orphelin » est un récit à deux voix, celle d’Henry et celle de Serge.

Serge Moati. « J’ai mon âge, et 11 ans, l’âge du deuil de mon père. Serge est le prénom de mon père, moi je m’appelle Henry. Tout se passe au Caire où je perds mes papiers. Je parviens à revenir en France, et les services administratifs redécouvrent que je m’appelle Henry ! « Henry, dit « Serge » » devait comporter mes papiers, et je me suis simplement retrouvé « Henry » ».

« Le Vieil Orphelin » est l’Histoire d’Henry et de Serge qui se retrouvent après tant d’années, et qui se parlent, se disputent … L’un rêvait d’être danseur étoile (Henry), l’autre est journaliste, socialiste et franc-maçon (comme son père – Serge). L’ossature de ce récit/roman est là ».

« L’Opéra a perdu un danseur, la télé a gagné un réalisateur ! ».

« J’étais du casting final des « 400 coups » de François Truffaut, face à Jean-Pierre Leaud. Cela m’a permis d’assister au tournage du film, à 12 ans, sous la bienveillance de Truffaut qui me demandait souvent mon avis (après avoir tout coordonné à sa manière – mais lorsqu’on est jeune !). Truffaut disait alors « Henry est d’accord, moteur » ».

« La suite de ma carrière fut plus difficile, j’étais l’assistant de l’assistant, lui-même assistant de l’assistant ! Le tout sur une production qui tournait, à Pigalle, en caméra cachée. Un jour, mon statut étant flou, j’ai été oublié dans une rue que je devais surveiller, lorsque je revins dans l’équipe, le réalisateur me dit qu’il ne me connaissait pas, et pris congé de moi. Une trentaine d’année plus tard, patron de France 3, je le reçu, il m’expliqua que la jeunesse comptait énormément pour lui … « ce n’est pas le souvenir que je garde de vous », lui dis-je. Il ne se souvenait plus de l’événement auquel je faisais allusion. J’aurai pus prendre ma revanche, j’ai préféré lui dire que cette histoire restait entre nous, et le mettre en relation avec les responsables de la fiction de France 3. Ils ont élaboré leurs projets ensemble … ».

« Prendre sa revanche, a quoi bon ! ».

L’Afrique. Un continent qui a ému et marqué Monsieur Serge Moati, forcement. C’est par l’intermédiaire d’une petite annonce dans France Soir que le jeune Henry Moati, à 17 ans, est devenu réalisateur pour une télé scolaire au Niger, lui qui tourne des films depuis l’âge de 13 ans. Sa rencontre avec l’Afrique noire fut la rencontre avec un peuple, ce qui le transforma en profondeur « un contact avec les Dieux », dira-t-il lors de son interview. « Le Niger est le berceau du Vaudou ».

Administration. « Je ne sais jamais quoi dire comme profession ! Je n’ai pas de carte de presse, je ne suis donc pas journaliste. Il n’existe pas de carte de réalisateur ! Je suis un « président de société », ça fait bien ! » (Serge Moati est le président d’ « Image et Compagnie » NdlR).

(En fait). « J’aime raconter, je fais le même métier avec des images, ou des mots ».

« Je suis un boulimique ».

Engagement. « J’ai tenté d’entrer à la SFIO, après 68, alors que c’était l’endroit où il ne fallait pas aller. Lorsque j’ai sonné à la porte de la SFIO on m’a répondu : « on n’a pas de jeunes ici, tu es surement un provocateur, salut ! ». Tous mes copains étaient marxistes, trotskistes … Moi, je n’étais pas contre la société de consommation, je voulais adhérer à la SFIO. Mon père lui-même était à la SFIO … A force de persévérance, et grâce à Jean-Pierre Chevènement (jeune à l’époque !), je suis rentré à la SFIO, avant le congrès d’Epinay, j’étais jeune et écervelé ! ».

Mitterrand. « En 1981 il semble trop vieux pour briguer le poste de Président de la République ! Rocard est choisi face à lui ». Mitterrand détestait la télé, après Epinay, Moati lui apportera son expérience.

Lors de leur première rencontre Mitterrand lui dira : « Je connaissais le cinéaste Serge Moati, je ne connaissais pas le camarade Moati ». « Après de tels propos, je ne peux que rester fidèle à cet Homme (sachant bien entendu qu’il ne me connaissait pas en tant que cinéaste, évidemment !) ».

Mitterrand était dans une « citadelle hostile » à la télévision, Serge Moati l’aidera à passer à l’écran, lui rendant la télé « aimable ». Mitterrand deviendra par la suite un « as de la télévision ».

Le fameux débat d'entre-deux-tours de 81. Serge Moati reviendra sur les répétitions de celui-ci avec Laurent Fabius en sparing partner de François Mitterrand. Monsieur Fabius « interprétant » le rôle de Valery Giscard d’Estaing.

Pour que le débat n’ait pas lieu, Serge Moati érigera des règles techniques « digne de la Corée du Nord », ce qui n’éloignera pas Monsieur Giscard d’Estaing et son équipe de conseillers. Ces règles ont d’ailleurs encore court actuellement pour régir les débats télévisés. Serge Moati abattit alors sa dernière carte : qu’il n’y ai pas de journalistes de l’ORTF ! Ce qui fut accepté. François Mitterrand ne pouvait alors plus qu’assister à ce débat. Les répétitions eurent lieues un dimanche avec Laurent Fabius, une caméra bricolée et Serge Moati.

Les répétitions énervèrent le futur Président de la République, lorsque Laurent Fabius parlera d’économie, François Mitterrand lui répondra : « écoutez Fabius, vous vous prenez pour Giscard ». Et enchainera sur la calvitie commune entre Laurent Fabius et Valery Giscard d’Estain, avant d’envoyer un « qu’en dite vous Serge Fellini ! » vindicatif au jeune Serge Moati avant de partir en claquant la porte. Ce qui provoqua les rires de Laurent Fabius et de Serge Moati, sous l’incompréhension de François Mitterrand revenu dans la pièce.

« En 81 il n’y avait pas de conseillers de communication, nous « bricolions » ».

« Mitterrand était un artiste de la politique, du temps du verbe ». Serge Moati se souvient des meetings 81/88 et de l’émotion qui surgissait du « cœur de Mitterrand ». « J’ai travaillé avec Mitterrand sur l’émotion ».

Le dernier mot. Henry aura le dernier mot du forum consacré à Serge Moati, ainsi que dans « Le Vieil Orphelin ».

« Serge ne parlera pas en dernier, j’ai mis du temps à essayer de vivre. Henry doit parler en dernier car c’est Henry que vous avez devant vous ! ».

Henry Moati. « J’ai été heureux d’être à Loos aujourd’hui, un endroit chaleureux dont l’accueil m’a ému » seront les derniers mots d’Henry aujourd’hui.

Whooz : Serge Moati

ON : En 2013 avec « Le Vieil Orphelin », son dernier ouvrage

 

Serge Moati était l’un des invités du Salon du Livre de Loos en 2013, il fut interrogé par Frédéric Launay, journaliste, lors du forum qui lui fut consacré. Ce fut bien évidemment un grand moment, le conteur sachant captiver son auditoire comme personne.

 

Henry et Serge

 

Pho

 

« Le Vieil Orphelin » est un récit à deux voix, celle d’Henry et celle de Serge.

 

Serge Moati. « J’ai mon âge, et 11 ans, l’âge du deuil de mon père. Serge est le prénom de mon père, moi je m’appelle Henry. Tout se passe au Caire où je perds mes papiers. Je parviens à revenir en France, et les services administratifs redécouvrent que je m’appelle Henry ! « Henry, dit « Serge » » devait comporter mes papiers, et je me suis simplement retrouvé « Henry » ».

 

« Le Vieil Orphelin » est l’Histoire d’Henry et de Serge qui se retrouvent après tant d’années, et qui se parlent, se disputent … L’un rêvait d’être danseur étoile (Henry), l’autre est journaliste, socialiste et franc-maçon (comme son père – Serge). L’ossature de ce récit/roman est là ».

 

« L’Opéra a perdu un danseur, la télé a gagné un réalisateur ! ».

 

« J’étais du casting final des « 400 coups » de François Truffaut, face à Jean-Pierre Leaud. Cela m’a permis d’assister au tournage du film, à 12 ans, sous la bienveillance de Truffaut qui me demandait souvent mon avis (après avoir tout coordonné à sa manière – mais lorsqu’on est jeune !). Truffaut disait alors « Henry est d’accord, moteur » ».

 

« La suite de ma carrière fut plus difficile, j’étais l’assistant de l’assistant, lui-même assistant de l’assistant ! Le tout sur une production qui tournait, à Pigalle, en caméra cachée. Un jour, mon statut étant flou, j’ai été oublié dans une rue que je devais surveiller, lorsque je revins dans l’équipe, le réalisateur me dit qu’il ne me connaissait pas, et pris congé de moi. Une trentaine d’année plus tard, patron de France 3, je le reçu, il m’expliqua que la jeunesse comptait énormément pour lui … « ce n’est pas le souvenir que je garde de vous », lui dis-je. Il ne se souvenait plus de l’événement auquel je faisais allusion. J’aurai pus prendre ma revanche, j’ai préféré lui dire que cette histoire restait entre nous, et le mettre en relation avec les responsables de la fiction de France 3. Ils ont élaboré leurs projets ensemble … ».

 

« Prendre sa revanche, a quoi bon ! ».

 

L’Afrique. Un continent qui a ému et marqué Monsieur Serge Moati, forcement. C’est par l’intermédiaire d’une petite annonce dans France Soir que le jeune Henry Moati, à 17 ans, est devenu réalisateur pour une télé scolaire au Niger, lui qui tourne des films depuis l’âge de 13 ans. Sa rencontre avec l’Afrique noire fut la rencontre avec un peuple, ce qui le transforma en profondeur « un contact avec les Dieux », dira-t-il lors de son interview. « Le Niger est le berceau du Vaudou ».

 

Administration. « Je ne sais jamais quoi dire comme profession ! Je n’ai pas de carte de presse, je ne suis donc pas journaliste. Il n’existe pas de carte de réalisateur ! Je suis un « président de société », ça fait bien ! » (Serge Moati est le président d’ « Image et Compagnie » NdlR).

 

(En fait). « J’aime raconter, je fais le même métier avec des images, ou des mots ».

 

« Je suis un boulimique ».

 

Engagement. « J’ai tenté d’entrer à la SFIO, après 68, alors que c’était l’endroit où il ne fallait pas aller. Lorsque j’ai sonné à la porte de la SFIO on m’a répondu : « on n’a pas de jeunes ici, tu es surement un provocateur, salut ! ». Tous mes copains étaient marxistes, trotskistes … Moi, je n’étais pas contre la société de consommation, je voulais adhérer à la SFIO. Mon père lui-même était à la SFIO … A force de persévérance, et grâce à Jean-Pierre Chevènement (jeune à l’époque !), je suis rentré à la SFIO, avant le congrès d’Epinay, j’étais jeune et écervelé ! ».

 

Mitterrand. « En 1981 il semble trop vieux pour briguer le poste de Président de la République ! Rocard est choisi face à lui ». Mitterrand détestait la télé, après Epinay, Moati lui apportera son expérience.

 

Lors de leur première rencontre Mitterrand lui dira : « Je connaissais le cinéaste Serge Moati, je ne connaissais pas le camarade Moati ». « Après de tels propos, je ne peux que rester fidèle à cet Homme (sachant bien entendu qu’il ne me connaissait pas en tant que cinéaste, évidemment !) ».

 

Mitterrand était dans une « citadelle hostile » à la télévision, Serge Moati l’aidera à passer à l’écran, lui rendant la télé « aimable ». Mitterrand deviendra par la suite un « as de la télévision ».

 

Le fameux débat d'entre-deux-tours de 81. Serge Moati reviendra sur les répétitions de celui-ci avec Laurent Fabius en sparing partner de François Mitterrand. Monsieur Fabius « interprétant » le rôle de Valery Giscard d’Estaing.

 

Pour que le débat n’ait pas lieu, Serge Moati érigera des règles techniques « digne de la Corée du Nord », ce qui n’éloignera pas Monsieur Giscard d’Estaing et son équipe de conseillers. Ces règles ont d’ailleurs encore court actuellement pour régir les débats télévisés. Serge Moati abattit alors sa dernière carte : qu’il n’y ai pas de journalistes de l’ORTF ! Ce qui fut accepté. François Mitterrand ne pouvait alors plus qu’assister à ce débat. Les répétitions eurent lieues un dimanche avec Laurent Fabius, une caméra bricolée et Serge Moati.

 

Les répétitions énervèrent le futur Président de la République, lorsque Laurent Fabius parlera d’économie, François Mitterrand lui répondra : « écoutez Fabius, vous vous prenez pour Giscard ». Et enchainera sur la calvitie commune entre Laurent Fabius et Valery Giscard d’Estain, avant d’envoyer un « qu’en dite vous Serge Fellini ! » vindicatif au jeune Serge Moati avant de partir en claquant la porte. Ce qui provoqua les rires de Laurent Fabius et de Serge Moati, sous l’incompréhension de François Mitterrand revenu dans la pièce.

 

« En 81 il n’y avait pas de conseillers de communication, nous « bricolions » ».

 

« Mitterrand était un artiste de la politique, du temps du verbe ». Serge Moati se souvient des meetings 81/88 et de l’émotion qui surgissait du « cœur de Mitterrand ». « J’ai travaillé avec Mitterrand sur l’émotion ».

 

Le dernier mot. Henry aura le dernier mot du forum consacré à Serge Moati, ainsi que dans « Le Vieil Orphelin ».

 

« Serge ne parlera pas en dernier, j’ai mis du temps à essayer de vivre. Henry doit parler en dernier car c’est Henry que vous avez devant vous ! ».

 

Henry Moati. « J’ai été heureux d’être à Loos aujourd’hui, un endroit chaleureux dont l’accueil m’a ému » seront les derniers mots d’Henry aujourd’hui.


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM

Revivez la 11ème édition du Salon du Livre de Loos :

https://www.whoozone.com/actualites/article-1664-201312031664-quelques-rencontres-au-11eme-salon-du-livre-de-loos.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1693-201312111693-philippe-candeloro-a-loos.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1694-201312121694-hommage-a-laurent-fignon.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1698-201312161698-joop-zoetemelk-et-henri-duez-a-loos.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1699-201312171699-jean-pierre-papin-au-11eme-salon-de-loos.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1697-201312141697-franck-thilliez-au-11eme-salon-de-loos.html

https://www.whoozone.com/actualites/article-1700-201312181700-serge-moati-au-11eme-salon-du-livre-de-loos.html

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18/12/2013
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