Elena Piacentini et Anouk Langaney rencontre croisée

Elena Piacentini et Anouk Langaney rencontre croisée

Whooz : Elena Piacentini, Anouk Langaney et Olivier Vanderbecq
ON : Humeurs Noires

Deux Corses, une Lille !

Elena Piacentini et Anouk Langaney chez Le Corbac

L’une est née en Corse et habite à Lille (Elena Piacentini), l’autre est une Corse de cœur (Anouk Langaney), toutes deux étaient les invités d’Olivier Vanderbecq, le libraire passionné et fondateur d’Humeurs Noires, la nouvelle enseigne lilloise.

Une rencontre autour de « Carrières noires » (Au-delà du raisonnable, 2012 – Pocket, 2016) et du « Cimetière des chimères » (Au-delà du raisonnable, 2013 – Prix Calibre 47, Prix Soleil Noir) d’Elena Piacentini et de « Même pas morte ! » (Albiana, 2013) et de « Cannibal Tour » (Albiana, 2014) d’Anouk Langaney


Présentations protocolaires

Elena Piacentini

Je m’appelle Elena « Piachentini » si l’on prononce mon nom à la manière Corse, « Piacentini » si on le prononce autrement. J’ai grandie en Corse, dans un petit village du Sud-Est. J’ai passé ma scolarité à l’école de mon village avant de la quitter pour le Bac. J’ai passé 2 ans à Nice et 3 ans à Rouen. Je suis arrivé à Lille après un passage par Paris. J’habite Lille depuis une quinzaine d’années.

Je suis éditée depuis 2008. Mes premiers romans sont sortis chez « Ravet-Anceau » dans la Collection « Polars en Nord » que j’ai quittée avec le départ de Gilles Guillon, créateur de la collection. Je suis alors allée chez Véronique Ducrocq éditrice d’ « Au-delà du raisonnable » qui a une ligne éditrice « au-delà des genres ». Cette dernière privilégie la rencontre avec le texte. « Aux vents mauvais » mon quatrième roman chez « Au-delà du raisonnable » est à paraître. Mon actu c’est l’écriture de « Meurtre à Bastia », un scénar pour la collection de téléfilms du service public sur les « Meurtres en Régions ».

J’écris par passion.

Anouk Langaney

J’écris également par passion. Je suis venue vivre en Corse, je ne sais pas si je repartirai un jour ! J’ai écrit mon premier livre lors de mon premier congé maternité, et mon second lors de mon second congé. Je ne sais pas comment faire pour écrire lorsqu’on travaille ! Mon projet est de sortir un livre l’année prochaine.

Je suis bien évidement heureuse d’être ici, à Lille. Le binôme que nous formons avec Elena Piacentini est une évidence.
 


Le jeu des points communs

La notion de pouvoir, et la question de l’identité Corse.

L’identité Corse

Anouk Langaney : Dans quelle mesure l’endroit où l’on vit nous définit-il ? C’est la question que nous nous posons Elena et moi. Elena est Corse, moi je ne le suis pas. La Corse fait partie de moi. Dans mes livres je prends du recul par rapport à la question du lieu et de l’identité. Comment la Terre et les racines me définissent-elles ?

Elena Piacentini : Dans quelle mesure l’endroit dans lequel je vis me façonne-t-il ?

Anouk Langaney : L’inspiration de « Cannibal Tour » m’est venue en Guyane avec une histoire qui tourne autour du bagne.

Un autre point commun entre Elena et moi, c’est notre rapport à la mémoire.

Elena Piacnetini : Je suis venue en France d’une île – une île, ce n’est pas rien ! J’ai passé mon Bac en France, puis ma prépa. Avec la Corse j’avais une plateforme de replis mais je ne pouvais l’utiliser.

L’identité est l’inverse de l’enfermement.

Anouk Langaney : J’ai grandi à Paris, venant de Bretagne. Arrivée en Corse mon identité ne tenait plus. Je n’étais pas de Bretagne ! Je n’ai jamais pensée ne pas être acceptée. Pour me qualifier j’ai construit un personnage qui est l’amorce d’un contact. Je me présente en disant : « La grand-mère de mon fils est de tel coin », ce qui me situe. Il peut ainsi s’établir un contact avec mon interlocuteur.

« Cannibal Tour » n’est pas un roman sur la Corse, c’est un roman sur la France. Mon livre ne se situe pas dans un endroit antillais précis, mais il se passe sur une île, tout comme en Corse. Sur une île avec un peuple, une religion et des noms imprononçables. Je ne les ai pas retenus moi-même !

Elena Piacentini : On se positionne dans une société par son réseau relationnel, la voiture que l’on conduit … L’être humain est social, il se construit par rapport aux autres. Mes personnages sont confrontés à des choix. Mes personnages sont construit par rapport à des relations parentales … avec des croyances, vraies, et d’autres erronées (« On se construit seul dans la vie », par exemple). Avec des notions de famille, de solidarité familiale et d’honneur.

Anouk Langaney : On ne choisit pas sa famille ! Il y a des familles que l’on se crée. Il faut également faire attention à la notion d’ « honneur » et son sens dévoyé. « Honneur » est à comprendre dans le sens de la parole donnée. L’honneur n’est pas un orgueil de façade, mais quelque chose de supérieur à mon intérêt et à mes valeurs personnelles.

Elena Piacentini : Leone part du principe que l’on peut faire des choses bien. Les victimes sont celles qui commettent les crimes. Il existe une question de choix. La liberté, c’est la liberté de choix. La pyramide de Masselot est importante. Le besoin primaire, c’est de bouffer. Celui « au-dessus » doit se mettre à la place de celui « au-dessous ».

Anouk Langaney : Les personnages d’Elena sont énergiques, volontaires. Mes personnages sont des ramassis de paumés. Elena a des cibles, les labos pharmaceutiques, par exemple. Mes personnages ont de la volonté, mais le monde s’effondre face à eux. Je retrouve mon système de valeurs dans les livres d’Elena.


Sur la langue Corse

Anouk Langaney : La langue concerne l’affectif.

Elena Piacentini : La langue Corse m’a été transmise d’une manière orale. Ma langue natale fut une langue orale à la base. Ma grand-mère parlait le Corse, mes parents Français, et Corse.

Anouk Langaney : Quand on travaille sur la parole, on travaille une matière brute, avec un argot …

Elena Piacentini : Chaque personnage parle comme il doit parler. On devrait également parler de « pensées intérieures », mais celles-ci sont illisibles, les idées se bousculent dans une tête !

Anouk Langaney : Le polar est dans le narratif, il veut le rester. Je joue avec les limites de la perception des choses dans « même pas mort ! ». Mon personnage a des raisons d’être parano et est atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce qui est « horrible », mais « drôle » également. J’ai grandie avec San Antonio et Audiard.


Le pouvoir et la politique

Anouk Langaney : Comment peux-ton parle de polar sans parler de fric ? On est capable de tout pour aboutir à un rêve.

Elena Piacentini : Le polar parle de ceux qui ont le pouvoir, et ceux qui n’en ont pas ! On parle de réalités dans lesquelles on peut se retrouver.

Anouk Langaney : J’ai un engagement « vicieux », Elena a un engagement « tranché ». Un engagement prononcé.

Elena Piacentini : Je me radicalise de plus en plus. Je m’en rends compte. Plus j’avance en âge, moins je crois en la démocratie. La mondialisation, pour moi, est un « coron géant ». Nous vivons dans un « coron géant ». Mais nous ne le savons pas. Et nous faisons en sorte qu’on ne le voit pas. Je travaille dans le conseil en ressources humaines et je vois que ce secteur se durcis. Je vois que le monde se durcis. Il y a ceux qui survivent, et ceux qui veulent avoir.

Anouk Langaney : Jusqu’où les actes peuvent-ils être acceptables ? Jusqu’où les gens peuvent-ils aller « trop loin » ? « Cannibal Tour » pose la question du pouvoir. « Cannibal Tour » présente une société qui fait du marketing avec le passé cannibale d’une île. Je pose la question des valeurs, sans être, dans mon livre, capable d’y répondre.

Elena Piacentini : « Un processus de changement » qualifie un licenciement. On change les mots pour qu’ils n’existent plus.

J’aime, dans mes livres, se faire rencontrer des gens qui ne se seraient jamais rencontré. A un moment donné « un truc » dérape, des gens vont se rencontrer. Ceux du « dessous » rencontreront ceux du « dessus ».


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM

Rencontre avec Elena Piacentini

Elena Piacentini et Anouk Langaney rencontre croisée

Aux vents mauvais (vu par Bruno D)

Vaste comme la nuit (vu par Bruno D)

Pour aller plus loin

 

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08/06/2016
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