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L’Evangile de la colère de Ghislain Gilberti

Whooz : Ghislain Gilberti
ON : L’Evangile de la colère - Hugo Thriller, 2022

L’Evangile de la colère
de Ghislain Gilberti

Chronique de Bruno Delaroque

Le dernier Gilberti vient de sortir chez Hugo Thriller. Un nouvel éditeur pour Ghislain qui rejoint ainsi une maison sérieuse au catalogue fourni, regorgeant de découvertes et d'auteurs confirmés. C'est une collaboration parfaite pour les deux parties.

Ghislain Gilberti est l’un des auteurs les plus doués de cette jeune génération. Je le suis depuis ses débuts et « L'Evangile de la colère » est déjà son neuvième bouquin.

Ce titre démarre fort comme sait le faire l'auteur avec une scène d'ouverture se déroulant à Aulnay-sous-Bois. Ça canarde sec, les balles sifflent, mais avec précision.

Nouvelle histoire, nouveaux personnages, allez c'est parti !

Deux chapitres plus tard et ayant fait connaissance avec « Le Zombie », on devine assez vite que ce roman va sentir la poudre (au sens propre et figuré) et qu'il va devenir très addictif. Ghislain Gilberti est de retour et ça va faire mal.

Gabin Schwartz, six ans, disparaît. On le retrouve mort peu de temps après, abandonné en forêt à Ozoir-la-Ferrière. Du pain sur la planche pour la capitaine Céline Fauvel seconde du groupe Paul Baptista qui vient d'être nommé à la tête de la brigade criminelle. Pour les habitués des romans de l'écrivain, ces deux noms vont leur rappeler quelques souvenirs. Un nouveau chef de groupe est nommé pour remplacer Paul Baptista ; Seth Kohl, alias « Zombie » qui traîne avec lui passé sombre, mystères et secrets.

Et puis, vous sentez cette odeur de charognes ? Non, car vous n'avez pas encore le livre en main, mais le doux parfum des flics corrompus jusqu'à l'os est bien présent. Vous savez ceux qui se comportent comme des prédateurs parce qu'ils sont « La Loi » et comptent bien en profiter. Ghislain Gilberti nous en livre encore cette fois-ci une belle représentation ; du ripoux gourmand et prêt à tout, des individus aussi dangereux que les pires malfrats. Sacré piment à venir pour un récit que l’on devine à plusieurs niveaux.

Avec une précision d'horloger suisse, Ghislain Gilberti nous emmène dans une poursuite folle. Personne n'est dupe chez les policiers, ils traquent bien un cinglé hors norme qui a toujours une longueur d'avance. Les événements s’enchaînent et les aiguilles du temps tournent vite. Investi d'une mission divine, notre psychopathe guidé par une foi inébranlable est comme un personnage de la série « Les rivières pourpres ». Il est convaincu et méthodique, cinglé et méticuleux, futé et rigoureux.

Bien malins les policiers à ses trousses pour l'approcher, le profiler et le coincer ; Seth et son équipe n'ont qu'à bien se tenir !

Articulé en plusieurs parties bien marquées (Au Nom du Père, Du Fils, Et du Saint-Esprit etc…), Ghislain Gilberti nous surprend une fois de plus avec un twist qui nous promet encore de belles surprises, alors que l'on croyait que tout était terminé. C’est bien l’auteur qui mène « la Danse » et imprime le rythme.

Avec le romancier, le chemin n'est jamais tout tracé et la route toute droite. Il aime promener son lecteur pour mieux le saisir ensuite. Ses personnages sont toujours puissants et au fur et à mesure du scénario, il développe leur psychologie, leur vie, tisse des liens forts. Cela donne de « gros » romans où l'humain est au premier plan, même dans ce qu'il a de plus abject. Il n'oublie pas non plus d'aller rechercher quelques héros issus d'autres aventures.

Pour avoir côtoyé au cours de sa vie l’enfer, le noir absolu de l'existence et le no limite, Ghislain sait placer le curseur de ses récits. C’est un fabuleux cocktail entre scénario, action, personnages attachants et code d'honneur au sein d'une société en grand déséquilibre.

L'évangile de la colère fait la part belle aux forces de police ; à ces enquêteurs pointus, ceux qui détricotent la pensée des pires criminels. Leurs doutes, leurs blessures et leurs affres ; l'altruisme et leur fragilité suinte de toutes les pages de ce bouquin. Leur quête de la vérité est sans faille, l'abnégation chevillée au corps et à l'institution ; c'est un hommage à ces serviteurs de l'état qu'il faut percevoir en filigrane.

C'est aussi un récit qui montre que personne n'est à l'abri, et qu'un jour ou l'autre, tout un chacun peut prendre une balle ou franchir la ligne jaune, même si c'est pour se prémunir, se protéger. L'auteur ouvre ici un débat fort intéressant, et je crois que chacun aura une réponse différente selon son vécu.

Seth Kohl est bien un sacré interlocuteur, tout comme Paul Baptista, Céline Fauvel, Cécile Sanchez ou Faust. Les héros des romans de Gilberti ont tous un sacré charisme doublé d'une carte de visite impressionnante. C'est bien le résultat d'un énorme travail de fond et du talent !

La fin clôt parfaitement le scénario et laisse entrevoir une suite que l'on attend avec impatience. J'ai adoré tout simplement et j'ai bien eu du mal à lâcher ma lecture une fois atteinte la vitesse de croisière. Bravo Ghislain et encore merci à la team Hugo pour cet envoi. Je suis très heureux de vous voir accueillir ce très talentueux écrivain. On est entre gens bien et ça compte beaucoup.

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