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Mauvais Daron de Philippe Hauret

Whooz : Philippe Hauret
ON : Mauvais Daron – Jigal Polar, 2022

Mauvais Daron de Philippe Hauret

Chronique de Bruno Delaroque

Dès le premier chapitre, on retrouve le style de Philippe Hauret, car oui cet écrivain à force de travail et de plusieurs publications a trouvé sa voie après un beau cheminement. « Mauvais Daron », c’est du roman noir bien ciselé, teinté d'humour où la vie des petites gens et des notables est scrutée à la loupe.

On fait d'abord la connaissance de Daniel et René, deux retraités sympathiques, en réalité une version « Pieds Nickelés » de papys cambrioleurs. Un résumé de vies d'illusions et en quelques mots un regard juste sur ce qui n'est pas tout à fait ce qu'on nous avait promis. Un peu comme si à un moment donné, on avait raté un épisode !

Puis c'est au tour de Leni et Eusèbe d'entrer en scène. Ces deux-là, loin d'être accrocs au boulot, embrouilles et coups fourrés, sont deux jeunes un peu paumés et fainéants. Ce n’est pas Daniel, celui que l’on appelle le Daron qui va les aider à les remettre dans le droit chemin.

On a affaire à des héros broyés par le travail, enfin quand ils en ont un ; une existence peu reluisante dictée par le « bosse et tais-toi ». Sombre début pour ce Mauvais Daron où il subsiste peu d'espoir d'amélioration.

Condensé du monde actuel avec les riches et les nantis, les pauvres et leurs galères, les petits voyous sont pétris d'humanité alors que les pires sont les friqués et ceux qui ont le pouvoir. Le fossé se creuse sans arrêt entre les deux catégories avec une opposition de ces deux classes qui se côtoient et s'affrontent. Je me suis dit que cette phrase « Il faut de tout pour faire un monde » n'a jamais si bien résonné.

Juge, avocat, ou petite frappe, la frontière n'est pas très épaisse et la porosité entre ces différentes personnes ou intervenants est finalement très succincte. C'est un peu comme ces hommes politiques qui s'affrontent à couteaux tirés sur les plateaux télés ou les ondes radios et qui sortent bras dessus dessous après l'émission en allant dîner ensemble.

Le fric et le paraître comme motivation, le statut social comme miroir aux alouettes ; alors on écrabouille et on détruit des vies, on ne cherche pas à évaluer, et on n'a pas la moindre idée de ce que peut représenter le mot compréhension.

Sous la plume de Philippe Hauret, on est d'abord emmené dans cette histoire avant d'être absorbé par ce côté touchant et humain qu'il sait distiller dans ces romans. Philippe Hauret est un auteur incontournable du noir. Ses personnages sont vivants et attachants même s'il n'oublie jamais de les malmener.

Nostalgique du temps qui passe et du « c'était mieux avant », l'auteur ne manque jamais de nous livrer une remarquable analyse sociétale et on ne peut qu'approuver cette pertinence de tous les instants. Ce livre se lit facilement et n'est pas une simple fiction. Il est le reflet de notre époque, des occasions manquées, des mauvais chemins pris, et des difficultés que tout le monde rencontre. « Les sans dents », les riches, tous ont leurs problèmes mais ils sont différents ; bref tous sont sous pression et pour finir personne n'est heureux.

La conclusion de ce titre est assez agitée avec les différents protagonistes, mais comment pouvait-il en être autrement ? Il n'en demeure pas moins que ce Mauvais Daron est formidable avec au bout du tunnel une petite lumière qui s’appelle rédemption et vie meilleure. Bravo Philippe Hauret, c'est un indiscutable coup de cœur pour Whoozone.

Quant à Jimmy Gallier, dieu que tu as eu le nez creux de publier pour la première fois cet inconnu de Philippe Hauret avec « Je vis je meurs ». Que de chemin parcouru en 6 titres toujours disponibles chez Jigal.

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