La capture de Nicolas Lebel
Whooz : Nicolas Lebel
ON : La capture – Editions du Masque, 2022
La capture de Nicolas Lebel
Chronique de Bruno Delaroque
Après un très réussi « Le Gibier », un livre plein de surprises publié aux Editions du Masque en 2021, voici venir « La Capture » de Nicolas Lebel. A la couverture rouge succède une couverture bleue et un cadre breton pour cette nouvelle aventure : l'île de Morguélen.
Un nom sinistre pour cette île, bout de terre, quintessence même de la Bretagne où le temps change plusieurs fois par jour. Isolée et balayée par les vents, ce lopin de terre, vigie du bout du monde va être un sacré terrain de jeu.
On retrouve Yvonne Chen, l'asiatique Lieutenant de police, au caractère doux comme un cochon et aimable comme une porte de prison. Elle a été accusée à tort du meurtre de son ancien coéquipier Paul Starsky et n'a qu'un seul but, qu'une seule envie ; retrouver ses assassins et se venger de ceux qui ont mis le bazar dans sa vie.
Autant dire que dans ce coin retiré de tout, où il ne se passe jamais rien par définition, parfait repère pour individus en délicatesse, cela risque de changer. La tempête risque de ne pas venir que du large !
Le début est un peu tortueux ; oh je vous rassure, c'est juste le temps pour le lecteur de raccrocher les wagons. La plume de Nicolas Lebel fait mouche et son humour parfois caustique a tôt fait de nous faire sourire.
Avec un « Time code » diminuant à chaque chapitre, on se doute bien qu'il va falloir tenir le rythme et que chaque détail va avoir son importance. L'auteur sait noyer le poisson et détourner l'attention du lecteur, il l'avait fait remarquablement dans « Le Gibier ».
Nicolas Lebel n'en reste pas moins un humaniste et un fin observateur de la société. Il introduit dans son roman le malaise des fonctionnaires de police et le Coronavirus. Piqûre de rappel nécessaire quand on voit que certains ont la mémoire courte ou sélective. Le médecin croque-mort de la fin de journée venant faire peur chaque soir à l'heure du repas en égrenant le nombre de victimes dans une longue litanie n'était hélas pas une fiction. C'est une excellente idée de remettre cela en lumière. On voit bien quand a été écrit ce roman et on ne peut qu'apprécier les remarques de l'auteur.
Une île perdue, une traque, un mystérieux trésor, un prêtre au passé sombre, un biker inquiétant à l'hygiène douteuse, des mecs en infiltrations ; Nicolas Lebel nous concocte une drôle d'histoire avec tout ce qu'il faut pour que ça dégénère. Et effectivement, en avançant dans la lecture de ce dernier opus, le scénario se densifie et prend une tournure entre Indiana Jones et Bond alors que les balles commencent à siffler. Les masques tombent et l'intrigue se corse en Bretagne.
Dans cette ambiance humide, on se trouve embarqué dans des jeux de miroirs et de dupes à multiples niveaux. Entre les vérités d'une histoire européenne récente qui prend d'ailleurs une certaine résonance avec l'actualité du moment, et une fiction parfaitement écrite, Nicolas Lebel a su trouver le bon chemin. C'est drôle et palpitant, d'autant plus que l'ami Lebel est une usine à bons jeux de mots et clins d’œil. « Norek chez La Pléiade » ; je suis mort de rire.
Ce récit très différent des précédents, n'en est pas moins bon pour autant. Il est tout en trompe l’œil et en faux semblants. L'auteur n'est pas le seul à avoir masquer son jeu. On navigue d'un personnage à l'autre, d'une intrigue à l'autre et même si on commence à voir un peu de lumière au bout du tunnel, on se demande si cette fois ci c'est la bonne.
« Les furies et leur danse » sont une sacrée invention. Invitées surprises du Gibier, on est très heureux avec Yvonne Chen de leur courir après.
Vous pensiez lire la suite du Gibier ; et en réalité même si c'est un peu cela ; c'est surtout de l'écran total.....de fumée que vous allez trouver. Pas de l'écran total solaire, hein, on est en Bretagne, il ne faut pas déconner non plus.
Jeux d'ombres et de lumières, magnifiques au demeurant, l'auteur se renouvelle et nous surprend. Cette « Capture » captivante est calibrée pour en faire tourner bourrique plus d'un et ouvre une fin inattendue laissant augurer une suite de la meilleure veine.
Après la couverture rouge et la bleue, peut-être auront nous droit à une blanche pour le troisième opus ? Ah au fait j'espère que vous aimez Johnny autant que le crachin...parce que « Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir »..... !
Ah oui, dernier détail, j'ai adoré ; et pas qu'un peu. Merci à Nicolas Lebel, aux Editions du Masque, et à Lilas Seewald pour cet envoi, c’est une vraie gourmandise !
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