L’Aigle Noir de Jacques Saussey

L’Aigle Noir de Jacques Saussey

Whooz : Jacques Saussey
ON : L’Aigle Noir – Fleuve Noir, 2022

L’Aigle Noir
de Jacques Saussey


Chronique de Bruno Delaroque

Passion, noirceur, chaleur, Vaudou, déluge, incantations, boue, silence, résiliation, abnégation, malédiction, sorcellerie, manipulation, horreur, secrets, détresse ; voilà un résumé non exhaustif de ce que vous trouverez dans « L’Aigle Noir », un roman qui sent beaucoup le souffre et un peu la vanille.

Après deux ans d’absence, quel plaisir de retrouver Jacques Saussey avec son « L'Aigle Noir ». Chez « Fleuve », son nouvel éditeur, on sait qu'il va être en bonne compagnie avec le Boss Franck Thilliez et quelques autres...

Jacques nous avait laissé avec un thriller froid et glaçant (« Cinq doigts sous la neige », 2020), il réalise cette fois un grand écart avec la chaleur tropicale de La Réunion.

Toulon pour débuter, puis onze heures d'avion plus tard, La Réunion, il ne lui faut pas longtemps pour nous intriguer et poser les bases d’une histoire qui va nous tenir en haleine.

Un accident d'hélicoptère dans lequel meurt le fils Bourdonnais ; et Kessler est recruté et envoyé sur place par Bourdonnais Père qui ne croit pas à cette thèse. Paul Kessler est un ex-flic de la crime lyonnaise, son nom résonne comme un grand cru alsacien, mais c’est surtout un fin limier pugnace et doté d’un bon sens hors du commun.

Personnage sombre et mystérieux, on en apprendra un peu plus sur lui au fur et à mesure. Il ne va pas lui falloir longtemps pour lever quelques lièvres.

Ce début de roman est un modèle du genre. A peine l'histoire se dévoile que l'envie de connaître la suite devient irrésistible.

C'est un dépaysement total avec cette arrivée à La Réunion écrasée par un soleil brûlant et une humidité omniprésente. Paul Kessler prend « la température » des lieux après ce long voyage et emménage dans la sublime propriété isolée des Bourdonnais.

Très vite cette île qui fait rêver les touristes va se révéler sous un jour sombre, inconnu du grand public et bien loin du paradis supposé. Vanille et rhum ne sont que les parties publicitaires apparentes de cette île ; la réalité est toute autre !

Jacques Saussey craque le vernis et nous livre une version oppressante de La réunion ; celle où les requins les plus dangereux ne sont pas forcément ceux qui nagent dans les eaux cristallines protégées par les récifs de coraux.

Chapitres très courts pour donner le tempo, rebondissements fréquents, nombreux personnages et plume vivante, on ne peut que saluer la maîtrise de Jacques Saussey pour son entrée au Fleuve. Il régale avec ce titre de plus de 500 pages et je comprends qu’en dix ans, ma fidélité envers cet auteur depuis « Colère noire » (2013) soit restée intacte et justifiée. C'est très bon !

On ne tourne pas autour du pot quand il s'agit de poser des mots sur des maux et on retrouve un thème très cher à Jacques Saussey. Je ne vous dirais rien, à vous de le découvrir, mais certaines scènes sont difficiles et on sent bien que cela révolte l'écrivain.

Kessler comprend assez vite que sur cette île aux trafics multiples, il est difficile de recouper les informations. Tout le monde ment, la peur est partout présente, les prédateurs nombreux et sous une façade lisse, on peut rencontrer bien des ordures.

Abominations sous le soleil, c'est une image sale, très sale des Dom que nous livre l'auteur. La misère sociale permet à une certaine criminalité de prospérer. Guadeloupe, Réunion, même combat comme dans « La Blanche Caraïbe » de Maurice Attia (2017) ; les routes de la came sont bien balisées et Le Piton de la Fournaise rythme l'économie locale de l’archipel au gré de ses humeurs.

Constat d'une société rongée par le mal que l'on a laissé pourrir dans son jus ; les routes côtières verdoyantes sont comme autant de vaisseaux par lesquels se diffusent le poison, le volcan faisant office de cœur.

L'auteur n'invente rien dans son roman ; il raconte une réalité trop souvent masquée par l'ardeur du soleil et les paysages de cartes postales. Ne dit-on pas que « la misère est plus belle au soleil » !

C'est une superbe réussite pour ses premiers pas au Fleuve et c'est un coup de cœur pour Whoozone Bravo Mr Jacques SAUSSEY et merci aux éditions FLEUVE et à Estelle pour leur fidélité.


Jacques Saussey sur WHOOZONE.COM

Rencontre avec Jacques Saussey autour de Ne prononcez jamais leurs noms (2017)

Rencontre croisée avec Jacques Saussey et Amélie Antoine (2017)

Enfermé-e (2018) - Chronique de Bruno Delaroque

Du poison dans la tête (2019) - Chronique de Bruno Delaroque

Cinq doigts sous la neige (2020) - Chronique de Bruno Delaroque

L’Aigle Noir (2022) - Chronique de Bruno Delaroque

 


Pour aller plus loin


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27/10/2022
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